Gonet: l'actualité des marchés au 6 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,03%, S&P 500 -0,13% Nasdaq -0,12% Russell 2000 +0,14%, SOX -0,52%, Eurostoxx inchangé, SMI +0,25%.

Le marché des actions me fait de plus en plus penser à un avion en phase d’approche, sauf que la tour de contrôle ne lui facilite pas vraiment les choses. Au micro dans la tour, Jerome Powell, qui rechigne depuis longtemps à accorder au pauvre aéroplane son autorisation d’atterrissage. Sauf que là ça urge, la panne de kérosène menace et la récente forte baisse des obligations gouvernementales américaines pourrait bien être la goutte d’eau qui force la Fed à annoncer la fin prochaine de la hausse de taux d’intérêts. Les plaques tectoniques ont commencé à bouger cette semaine, le secteur des utilities s’est offert un flash krash lundi et les rendements obligataires ont décollé comme des fusées mercredi, pour se calmer quelque peu en cette fin de semaine mais la Réserve Fédérale, toute drapée de sa toge de garante de la stabilité des prix, ne peut décemment plus ignorer que le marché est peut-être en train de perdre pied à cause de ces taux si élevés et, surtout, de l’absence de visibilité volontairement entretenue par elle-même quant à la durée de ce contexte ô combien restrictif. Ce matin on apprend que les taux hypothécaires à 30 ans évoluent désormais à 7,49% aux Etats-Unis. Il s’agit tout simplement d’une asphyxie en direct de l’emprunteur lambda américain, qui ne peut définitivement pas supporter une telle charge à terme, ce d’autant plus que les spécialistes évoquent déjà le niveau de 8%.

Cet après-midi sera publié le très important rapport américain sur l’emploi au mois de septembre. Le consensus des économistes compilé par l’agence Bloomberg s’attend à 170'000 créations de postes, contre 187'000 le mois précédent. Le taux de chômage est estimé à 3,7%, un tick plus bas qu’en août, on observera aussi les salaires horaires et le taux de participation qui nous dira peut-être si de plus en plus d’Américains doivent reprendre le chemin du travail, leur épargne accumulée durant le covid s’étant évaporée. Quoi qu’il en soit, vous connaissez le mode d’emploi, le marché des actions, dans un élan d’empathie qu’on lui reconnait tout autour du globe, souhaite voir un rapport le plus mauvais possible pour l’économie, afin que la Fed puisse enfin craquer et annoncer que les shoots de liquidités vont pouvoir reprendre et que Jordan Belfort est le nouveau chairman de la Réserve Fédérale. Plus sérieusement, le chiffre de 14h30 et celui de jeudi prochain 12 octobre (CPI, les prix à la consommation), vont sans conteste influencer la politique monétaire de la Fed. Mais je ne peux m’empêcher de penser que la déroute obligataire de cette semaine a résonné comme une alarme et pas des moindres aux oreilles de Jerome Powell et ses collègues. C’est peut-être un hasard mais hier la patronne de la Fed de San Francisco Mary Daly affirme que le FOMC peut s'abstenir d'augmenter les taux plus encore si le marché de l'emploi et l'inflation continuent à ralentir. «Le maintien des taux est une action politique active», déclare-t-elle, ajoutant que le récent resserrement du marché obligataire équivaut à environ une augmentation des taux.

C’est sans grande surprise que les lignes ne bougent guère à Wall Street hier, dans l’attente de la statistique de ce jour. Les rendements obligataires se stabilisent (le 2 ans US à 5,03%, le 10 ans à 4,73%, la courbe 2 / 10 ans à -30 points de base), les actions font de même avec des clôtures en très léger retrait. L’indice S&P500 (SPX) regarde toujours sa moyenne mobile à 200 jours comme son principal support (la 200 dma à 4205 points contre 4258 pts à la cloche). Les produits de base, les produits chimiques, le cuivre et l'aluminium, le papier et l'emballage, les rails, les grands magasins, les automobiles, les jouets, les semi-conducteurs figurent parmi les mauvais élèves du jour. Les grandes entreprises technologiques sont plutôt neutres. Les compagnies aériennes, les banques régionales, les assureurs, la pharmacie, la biotechnologie, le matériel technologique, les mineurs de métaux précieux surperforment.

Le breadth est négatif à raison de 3 contre 2 sur le SPX, les volumes se replient à nouveau, le VIX et le MOVE font la sieste, tout comme l’or qui évolue à 1820 dollars l’once. Notons au passage que l’once est fortement survendue (bien) mais qu’une death cross s’est produite le 27 septembre (pas bien). Quid d’un dead cat bounce suivi d’un redémarrage vers le sud? Les prochains supports se situent à 1800 dollars, 1787 dollars et 1722 dollars. Le dollar rend un peu de terrain à l’euro, la paire évolue ce matin à 1,0537, on constate que le niveau de 1,0500 constitue un enjeu technique de plus en plus disputé. Je note que le sentiment des petits porteurs (dumb money) vient d’entrer en territoire extrêmement pessimiste, un point en faveur des taureaux, tandis que celui des institutionnels (smart money) est de plus en plus confiant mais pas encore dans les extrêmes.

Le pétrole est KO debout. En six petites séances, le baril de WTI Light Crude chute de 13,4%. Le baril n’a pas été fichu de confirmer la tentative de cassure de la résistance de 93,40 dollars, le marché le punit sévèrement, cours actuel 82,51 dollars, le prochain support se situe à 77,56 dollars, c’est là que se situe actuellement la moyenne mobile à 200 jours.

Donald Trump a révélé des secrets sur les sous-marins nucléaires au milliardaire australien Anthony Pratt à Mar-a-Lago peu après avoir quitté ses fonctions, rapporte le New York Times. Pratt, connu pour soutenir les deux côtés de la politique en Australie et aux États-Unis, aurait ensuite partagé les détails sensibles avec plusieurs personnes, mettant potentiellement en danger la flotte nucléaire américaine.

Au menu macro-économique du jour, le taux de chômage en Suisse (2%, inchangé et conforme aux attentes) et les commandes d'usines en Allemagne (nettement plus fortes que prévu) ont lancé la matinée. L'après-midi sera consacrée à l'Amérique du Nord avec le taux horaire des employés permanents au Canada (14:30) et donc surtout la variation de l'emploi non agricole et le taux de chômage de septembre aux Etats-Unis (14:30).

Exxon Mobil serait proche d'un rachat de Pioneer Natural Resources pour quelque 60 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. General Motors fait une contre-offre à l'UAW dans le cadre des négociations sur la grève. Par ailleurs, au moins 20 millions de véhicules construits par General Motors sont équipés d'airbags considérés comme potentiellement dangereux par les autorités américaines, selon des sources de presse. Tesla réduit les prix de la Model 3 et de la Model Y aux Etats-Unis après la baisse de ses ventes trimestrielles. Les ports de recharge pour véhicules électriques de Tesla seront adoptés par Hyundai Motor et Kia. La SEC demande une ordonnance du tribunal pour faire témoigner Elon Musk dans une enquête sur ses achats d'actions Twitter. Un mot sur Alstom, qui s’effondre de 38% hier, le management revoit ses projections de génération de liquidités à la baisse. Le marché punit ce qu'il perçoit comme un manque d'anticipation de l'exécutif de la société et comme une validation de craintes qui étaient jusqu'ici un peu diffuses. De son côté, Puma chute de plus de 10% hier, au début on ne saisit pas pourquoi, puis on comprend que la firme a communiqué en conférence téléphonique avec quelques analystes et revu ses perspectives de progression des ventes organiques légèrement à la baisse. Puma confirme ses prévisions annuelle mais le marché préfère vendre, peut-être aussi échaudé par la communication sélective de la firme.

On retourne brièvement aux Etats-Unis avec un secteur de la consommation qui souffre hier après que Walmart (WMT -1.18%) parle de recul de la consommation, lié à l’utilisation croissante de médicaments visant à réduire l’appétit du type Ozempic ou Wegovy. Et des valeurs comme PepsiCo de se prendre les pieds dans le tapis (PEP -5,22%) ou encore Coca-Cola qui perd 4,83%. Ces médicaments «coupe-faim» sont apparemment aussi efficaces pour réduire l’envie de boire de l’alcool et fumer. Ce matin Nestlé perd 2,5%, Danone abandonne 1,4% tandis que Pernod Ricard recule de 0,5%. Au-delà de l’aspect plutôt cocasse de cette situation, il faut garder en tête que l’on ne parle pas forcément ici d’un impact majeur sur les ventes de ces géants de l’agro-alimentaire. Au fait, Nestlé traite pile à 100 francs. C’est un phénomène presque comparable à la comète de Halley, plutôt rare dirons-nous. Et si cela vous intéresse, les leaders dans le domaine des médicaments coupe-faim sont Novo Nordisk et Eli Lilly. Tiens, les deux valeurs sont en hausse…

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, à l’exception de Tokyo qui abandonne 0,26% à la cloche. Hong Kong gagne 1,35%, Shanghai est fermée et Séoul grappille 0,21%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en progression de 0,5%.

Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le rapport sur l’emploi américain!

A lire aussi...