Gonet: l'actualité des marchés au 28 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,73%, S&P 500 +0,67%, Nasdaq +0,94%, Russell 2000 +0,40%, SOX +0,41%, Eurostoxx +0,10%, SMI -0,18%.

Jerome Powell réussit son coup à merveille vendredi et justifie son surnom de «boucle d’or». A l’issue de son discours, le marché n’est guère plus avancé, même si l’on peut dire que le côté faucon reste bien présent, ce qui provoque une première réaction vendeuse, suivie d’une reprise de contrôle progressive par les taureaux. En résumé, le patron de la Fed reste tiède, ni trop chaud ni trop froid. Il maintient l’objectif d’inflation de la Fed à 2%, qu’atteindre cet objectif prendra certainement du temps, que la Fed reste attentive aux statistiques macro-économiques et va prudemment décider au fil du temps s’il faut maintenir les taux en l’état ou les relever encore plus. Ces remarques ne sont pas nouvelles, remarquons au passage que Jerome Powell ne mentionne pas l’éventualité d’une baisse de taux. Les actions s’en accommodent et les acheteurs refont surface, pour emmener les indices quasiment au plus haut du jour à la cloche. Les volumes d’échanges sont faiblards mais l’histoire ne retient que les mouvements, les 11 secteurs du S&P500 (SPX) terminent dans le vert vendredi, portés par la consommation discrétionnaire, l’énergie et les industrielles. Les mastodontes de la tech font leur part et soutiennent la cote. La volatilité recule significativement, le VIX perd 8,7% à 15,68, tout cela est fort bas…

Le patron de la Fed fait exactement ce qu’il souhaite, ça marche avec les actions et aussi avec les obligations. Pas de conviction quant aux prochaines étapes, la Fed se donne de la marge de manœuvre, le bras de fer entre faucons et colombes peut donc se poursuivre, les statistiques macro-économiques joueront le rôle d’arbitre. Dans ce contexte, les rendements obligataires se retrouvent ce matin quasiment à leur niveau d’avant le discours. Le 2 ans US évolue à 5,07%, le 10 ans à 4,22%. Les Fed Funds n’ont pas changé de fusil d’épaule non plus, ils ne prévoient plus de hausse de taux et anticipent la première baisse pour la réunion de septembre 2024.

Exercice réussi avec brio pour le boss de la Réserve fédérale donc, qui ne brûle aucune cartouche sans secouer les marchés.

De son côté, la patronne de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde s’exprime également et indique que le marché du travail rencontre de profonds changements, que la transition énergétique crée de nouveaux besoins en matière d’investissements et que l’accentuation des divisions géopolitiques entraînera un protectionnisme et des contraintes au niveau de la chaîne d’approvisionnement. «Le nouvel environnement ouvre la voie à des chocs de prix relatifs plus importants qu’avant la pandémie», dit Christine Lagarde. «On ne sait pas encore si ces différents changements seront permanents. Mais il est déjà évident que, dans de nombreux cas, leurs effets ont été plus persistants que ce que nous avions initialement prévu.» Des besoins d’investissement plus importants et de plus grandes contraintes en matière d’approvisionnement sont susceptibles d’entraîner des pressions plus fortes sur les prix et tous les secteurs ne seront pas en mesure de les absorber, prévient la présidente de la BCE. Le fait que les travailleurs jouissent désormais d’un plus grand pouvoir de négociation en raison de la tension rencontrée sur le marché de l’emploi et que les entreprises ajustent plus rapidement leurs prix constitue une complication supplémentaire, qui vient s’ajouter aux pressions sur les prix. Bien que ces changements puissent n’être que temporaires, les banques centrales doivent envisager la possibilité que certains d’entre eux s’inscrivent dans la durée, ajoute-t-elle. «Nous devrons être extrêmement attentifs à ce qu’une plus grande volatilité de la valeur d’échange ne se répercute pas sur l’inflation à moyen terme par le biais de hausses de salaires décidées pour ‘suivre’ les prix», ajoute-t-elle. «Cela pourrait rendre l’inflation plus persistante si les hausses de salaires sont ensuite intégrées dans les prix fixés par les entreprises, donnant lieu à ce que j’ai appelé l’inflation ‘du tac au tac’», conclut la patronne de la BCE.

Côté monnaies, le dollar se renforce très légèrement, notamment contre euro, la paire eur/usd évolue ce matin à 1,0818. L’or se maintient au-dessus de 1'900 dollars par once et le pétrole se bat contre le niveau de 80 dollars le baril de WTI Light Crude.

Sur la partie de l’analyse technique, le SPX reste dans sa tendance haussière à court terme mais attention au «bull trap». Le niveau de 4302 points est à ne pas casser, il s’agit de 38,2% de retracement Fibonnacci de la hausse de mars à juillet. Le momentum (MACD) est en train de ralentir vers le bas, si 4302 casse, ensuite on regardera la zone 4195 / 4142 pts, sachant que la moyenne mobile à 200 jours du SPX passe pile à 4145 pts. Clôture vendredi soir à 4405 pts. En Europe, l’Eurostoxx50 ne doit pas casser le niveau de 4212 / 4198 points, sous peine de confirmer un top important. Niveau actuel 4275 pts.

En Chine on continue de saupoudrer l’économie et la bourse de mesurettes. Le ministère chinois des finances réduit la taxe prélevée sur les échanges boursiers (droit de timbre). Elle passe ainsi de 0,1% à 0,05% de la transaction. Ce mouvement est le premier depuis 2008, lorsque la Chine avait ramené le droit de timbre de 0,3% à 0,1%. L’objectif est de redynamiser un marché boursier affaibli par les piètres performances économiques du pays. En parallèle, la CSRC prévoit d’être plus stricte sur les introductions en bourse et sur le refinancement des sociétés qui accumulent les pertes, dans l’espoir de renforcer la confiance des investisseurs dans le marché. En parallèle le secteur immobilier chinois continue son chemin de croix: China Evergrande, dont la cotation reprend ce matin après une phase de suspension, chute de 87%.

Gina Raimondo se trouve en Chine pour tenter de développer les relations commerciales, même si les relations avec le gouvernement restent précaires. La première visite d’un chef du commerce américain en sept ans pourrait être la plus importante jamais effectuée par un fonctionnaire de l’administration Biden, car ses compétences en matière de contrôle des transferts de technologie et de promotion du commerce la placent au centre de certaines des questions économiques bilatérales les plus sensibles.

Au menu macro-économique du jour, la masse monétaire M3 de la zone euro (10h00).

UBS Group envisage la première émission d’obligations AT1 après la reprise du Credit Suisse. 3M Company trouve un terrain d’entente avec les autorités américaines dans l’affaire des bouchons d’oreille de l’armée, pour 5,5 milliards de dollars, un montant colossal mais inférieur aux craintes de certains analystes. Boeing reprend ses livraisons de 737 Max en Chine. Le fonds Veritas aurait des visées sur BlackBerry, selon l’agence Bloomberg. Sandoz (Novartis) boucle l’acquisition des droits de marque d’un agent antifongique d’Astellas. L’usine de Catalent dans l’Indiana va produire le Wegovy, le médicament amaigrissant de Novo Nordisk. BTIG Londres pense que la baisse récente du titre Easyjet le rend vulnérable à un rachat.  

Dix-neuf séances se sont écoulées en août sans que le SPX n’ait enregistré une seule hausse consécutive. Si cela continue, ce sera le premier mois sans deux jours consécutifs de hausse depuis avril 2002, ce qui illustre le manque de conviction des investisseurs après la forte hausse alimentée par les percées de l’intelligence artificielle, les bénéfices meilleurs que prévu et les spéculations sur la baisse des taux de la Fed.

A noter que le marché britannique sera fermé ce lundi.

 

L’actualité des marchés revient ce mercredi.

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