Gonet: l'actualité des marchés au 25 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,08%, S&P 500 -1,35%, Nasdaq -1,87%, Russell 2000 -1,27%, SOX -3,35%, Eurostoxx -0,81%, SMI +0,03%.

Le marché se concentre un peu trop sur Nvidia hier, dont le titre décolle dans un premier temps, pour terminer sa séance en très légère hausse. On assiste à des prises de profits dans le secteur technologique, particulièrement dans les semi-conducteurs, les investisseurs tentent de passer à autre chose, c’est le fameux «sell on good news» qui se produit à nouveau, je me demande combien de temps le plus grand nombre mettra à craquer pour revenir dans le titre de l’année…

Au-delà de Nvidia, les statistiques macro-économiques continuent de tomber, hier c’est le tour des demandes hebdomadaires d’allocations chômage qui sortent légèrement moins nombreuses que prévu, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour le marché obligataire ça veut dire beaucoup et les rendements de repartir à la hausse et les actions de bouder encore un peu plus. En effet, le cocktail «sell on good news + macro plus solide que prévu» est à fortement déconseiller à tout taureaux qui se respecte, surtout si ce dernier a dignement fêté les résultats de qui vous savez la veille. Le 2 ans US revient l’air de rien à 5,02%, son récent top a été atteint en séance du 6 juillet à 5,11%. Le 10 ans évolue ce matin à 4,25%, on se souvient qu’il a tenté de casser les 4,35% il y a quelques jours, le cas échéant sa prochaine résistance se situe à 4,50%. Nous y voilà, le véritable arbitre des indices boursiers n’est pas Nvidia, pas à moyen/long terme en tous les cas ce sont bien les taux obligataires qui montrent la voie aux actions. Retour donc sur terre et place ce jour à Christine Lagarde et Jerome Powell qui s’exprimeront sur leurs politiques monétaires respectives dans le cadre du symposium de Jackson Hole.

Mais que vont-ils donc nous dire? Tentative de décryptage. Les derniers PMIs sont clairement faibles en zone Euro, surtout sur la partie manufacturière. Les services passent en zone de contraction en août. Aux Etats-Unis ce n’est guère plus encourageant, la partie manufacturière ralentit fortement et les services s’approchent dangereusement de la zone de contraction. Ceci dit, le reste de la macro, surtout aux Etats-Unis, infirme la théorie d’une récession. On a toutefois vu des ventes au détail et des résultats de détaillants inquiétants ces derniers jours. Le patron de la Fed doit clarifier sa politique monétaire, de nombreux économistes pensent qu’il maintiendra une posture plutôt ferme, pourquoi lâcher prise maintenant alors que l’inflation n’est pas encore à son objectif de 2% et que les indices d’actions se portent à merveille? En revanche il ne peut ignorer la macro, il pourrait donc bien gagner du temps et laisser entendre que les taux resteront élevés pendant un bon moment. Madame Lagarde est en retard dans son combat contre l’inflation, elle pourrait rester restrictive. Exercice délicat pour elle, les résultats trimestriels de sociétés ne sont pas aussi bons en Europe et la macro reste fragile. Le marché des Fed Funds ne prévoit plus de hausse de taux, aux Etats-Unis ou en Europe, il s’attend ce matin à une première baisse de 25 points de base en septembre 2024 aux US et en juillet 2024 en Europe. Les récentes statistiques macro-économiques pourraient inciter les deux principaux banquiers centraux de la planète à adopter un ton un peu moins agressif, l’avenir nous le dira…

On revient à Wall Street avec des indices qui terminent leur séance quasiment au plus bas du jour, le S&P500 (SPX) repasse en-dessous des 4'400 points à la cloche, la moyenne mobile à 50 jours attendra. Au chapitre des secteurs, le podium des perdants se compose de la tech, des services de communication et de la consommation discrétionnaire. Aucun des 11 secteurs du  SPX ne parvient à terminer sa journée dans le vert, c’est un peu morne plaine hier Downtown Manhattan. Les mastodontes de la tech pèsent sur la cote, déprimés par le dégonflement de Nvidia en journée. Les rendements obligataires font le reste et le dollar enfonce le clou, qui s’apprécie notamment contre euro, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0785. La volatilité sort de sa léthargie, le VIX rebondit de 7,6% à 17,20, pas de quoi exciter un ours ceci dit. Du côté de la volatilité obligataire, c’est le calme plat avec l’indice MOVE qui reste inchangé. L’or résiste à la hausse du billet vert, l’once traite ce matin à 1913 dollars, tandis que le baril de WTI Light Crude se maintient légèrement en-dessous de 80 dollars.

Jackson Hole a débuté hier: Joachim Nagel, de la BCE, n'est pas convaincu que l'inflation est suffisamment maîtrisée pour justifier un arrêt des hausses de taux d'intérêt. Toute décision dépendra des données supplémentaires dans les semaines à venir, déclare-t-il, son collègue Boris Vujcic, membre du Conseil des gouverneurs, se faisant l'écho de son sentiment. Tous les regards seront tournés vers le discours principal de Jerome Powell plus tard dans la journée pour obtenir des indices sur les perspectives de la politique monétaire de la Fed.

Donald Trump est incarcéré 20 minutes dans une prison d'Atlanta sur des accusations d'État selon lesquelles il aurait conspiré pour renverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020 en Géorgie. L'ancien président et 18 co-conspirateurs présumés reçoivent l'ordre de s’y rendre, sous peine d'être arrêtés. C'est la première fois que Trump se fait photographier en mode «mug shot», la photo n’est pas mal du tout, il la poste lui-même sur X, marquant son premier retour sur la plateforme de médias sociaux depuis janvier 2021. L’ancien président des Etats-Unis est libéré contre une caution de 200'000 dollars.

Goldman Sachs revoit à la baisse ses objectifs pour l'indice MSCI Asia Pacific ex Japan, avertissant que les tensions sur le marché immobilier chinois allaient se propager. La banque New Yorkaise revoit par ailleurs à la baisse ses prévisions de croissance régionale. Morgan Stanley réduit ses prévisions pour la Chine et les actions de Hong Kong pour la deuxième fois en trois mois, après avoir réduit les perspectives de PIB du pays.

Au menu macro-économique du jour, l'indice Ifo du moral des affaires en Allemagne (10h00) et l'indice de confiance de l'Université du Michigan aux Etats-Unis (16h00) accompagneront les commentaires de Jerome Powell et de Christine Lagarde.  

Intuit perd 2% hors séance après ses résultats. Meituan souffre après un avertissement sur ses perspectives. The Gap améliore sa marge brute au deuxième trimestre. Amazon serait en pourparlers avec Walt Disney pour un partenariat avec ESPN, selon The Information. Walmart, Hugo Boss et Diesel soupçonnés de recours au travail forcé des Ouïghours. T-Mobile US va supprimer 5000 emplois. Threads, le concurrent de X par Meta Platforms, lance sa version Web. Sandoz (Novartis) obtient le feu vert de la FDA pour un biosimilaire du médicament Tysabri contre la sclérose en plaques.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 2,05% à la cloche, Hong Kong perd 1,04%, Shanghai rend 0,7% et Séoul se replie de 0,73%. L’annonce que Pékin assouplit les règles d’achat de logements dans le cadre d’une nouvelle initiative visant à stimuler l’économie semble laisser les intervenants de marbre. Le future SPX rend 5 points, l’ombre de Jerome plane sur les parquets de trading, l’Europe ouvre en recul de 0,3%.

Le journal Le Temps utilise une jolie formule en parlant des «fiançailles les plus longues de l’histoire» qui prennent fin hier, le mariage entre Rolex et Bucherer est annoncé, les deux firmes flirtaient depuis 1924. Bucherer exploite plus de 100 magasins de montres de luxe dans le monde entier. Le détaillant en horlogerie fonctionnera de manière indépendante, tout en conservant son nom de marque. Un accord qui permettra à la plus grande marque horlogère suisse d'être présente pour la première fois dans les ventes aux consommateurs.

 

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