Depuis que le marché a envoyé le petit Donald au coin pour la seconde fois en moins d’un mois, ce dernier semble avoir retenu la leçon, jusqu’à la prochaine fois. Exit la répudiation publique programmée de Jerome Powell, aux orties le ton belliqueux à l’encontre de Pékin, depuis lundi on se croirait presque dans un conte de fées, sauf que la Chine semble ne pas réagir aux mots doux de qui vous savez, mais ça c’est une autre histoire, ce qui compte avant tout pour le marché c’est le sentiment et ce dernier est en train de retrouver des couleurs, chaque jour un peu plus cette semaine, pour les faits et la réalité on verra plus tard.
La Maison-Blanche était au bord du précipice (crise de liquidités en vue sur les marchés et électorat mécontent, les élections de mi-mandat se tiennent en novembre 2026, c’est-à-dire demain). Le précipice s’éloigne, on se met à espérer dans les salles de marchés que les négociations commerciales tous azimuts vont aboutir à quelque chose d’acceptable pour le plus grand nombre, la Fed elle-même se joint à l’effort, deux de ses membres laissent penser hier qu’une baisse de taux en juin n’est pas forcément exclue, au niveau macro-économique ce n’est pas Broadway mais ce n’est pas Mordor non plus et les résultats trimestriels de sociétés déçoivent globalement en bien. C’est dans ce contexte que la volatilité recule depuis mardi matin, le VIX perd encore 7% hier, il clôture à 26.47 et a abandonné 26% depuis son top de lundi.
Ça, c’était pour le sentiment.
Dans les faits c’est un bazar pas possible que le grand blond aux idées noires a mis un peu partout autour du globe. Il parle beaucoup d’accords commerciaux en bonne voie avec de nombreux pays, Sœur Anne vient de le confirmer, rien en vue en l’état. Il dit parler avec Pékin, qui prétend le contraire. Du côté de la Réserve Fédérale, si l’on se tient aux propos de son patron, elle ne promet rien et reste droite dans ses bottes, en l’état pas de baisses de taux à l’horizon. Côté macro cela reste fragile et ce qui manque à de nombreuses firmes se nomme visibilité, Wall Street déteste l’idée. Le VIX a certes baissé mais il reste en altitude, alors que les rendements des bons du Trésor américain sont aussi encore et toujours élevés, qui nous signalent que le marché obligataire a toujours un sourcil relevé, il n’est pas dupe et n’hésitera pas une seconde à renvoyer l’apprenti président dans les cordes une troisième fois en cas de besoin. Côté monnaies, le dollar retrouve de timides couleurs certes, mais 1.1347 contre l’euro signifie que la tendance désormais haussière de la monnaie unique européenne est solidement en place.
On l’aura compris, ce qui a permis le rebond de Wall Street cette semaine se résume en un mot : espoir. Il serait de bon ton que les actes suivent et plutôt fissa, la patience n’est pas un trait de caractère caractéristique du marché.
Quoi qu’il en soit les mouvements de marché sont bel et bien là. Les principaux indices d’actions US terminent leur séance de jeudi quasiment au plus haut du jour, la tech montre le chemin, surtout les semi-conducteurs, on couvre les shorts dans des volumes d’échanges toujours anémiques, le plus grand nombre ne participe manifestement pas à cette hausse. Côté breadth c’est une belle journée pour les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) avec un 4 – 1 positif. Le podium du jour du SPX se compose de la tech, des services de communication et de la consommation discrétionnaire. Notons que le SOX (semi-conducteurs) a récupéré 24% depuis son bas du 7 avril (le jour de la libération…), il traite ceci dit toujours 25% plus bas que son top de janvier, c’est dire combien il était survendu et cela explique aussi en partie le rebond de cette semaine. Microchip bondit de +12,4%, On Semi de +9,1%, NXP de +7%, ARM de +6,5%, Broadcom de +6,3%, Micron de +6,2%. D’un point de vue technique, le SPX a un gap à combler à 5571 points contre une clôture hier soir à 5484 pts. Notons au passage qu’il sort de son territoire de correction hier soir. Le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4.31%, pile sur sa moyenne mobile à 50 jours, s’il la traverse à la baisse ensuite il regardera sa 200 jours qui évolue actuellement à 4.22%.
Petite fausse note après la clôture hier, Intel qui gagnait 4,4% à 22H chute de 6% vers 22H10 après avoir publié des résultats du 'premier trimestre' en deçà des attentes. Ceci dit le marché ne cille quasiment pas, il préfère se concentrer sur les résultats d’Alphabet qui annonce de fort beaux revenus publicitaires (66,9 milliards de dollars contre 66,6 estimés) pour un chiffre d'affaire de 90,23 milliards de dollars contre 89,12 attendus)... mais c'est le bénéfice par action qui euphorise les analystes à 2,81$ contre 2,01$ estimé... soit 40% de mieux. GOOG gagne 4.6% dans les échanges après bourse.
Au chapitre de la macro, les commandes de biens durables de mars enregistrent une hausse de 9,2 % sur un mois, bien au-dessus des attentes, mais cette progression provient presque entièrement du secteur des transports. Les commandes de biens d’équipement hors défense et aviation, considérées comme un indicateur de l’investissement des entreprises, n’augmentent que de 0,1 %, en dessous du consensus de 0,2 %. Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage s’établissent à 222 000, légèrement au-dessus des 220 000 attendues, tandis que les demandes continues ressortent à 1,841 million, mieux que les 1,856 million anticipés. Les ventes de logements existants en mars atteignent un rythme annualisé ajusté des variations saisonnières (SAAR) de 4,02 millions, en dessous du consensus de 4,12 millions et du chiffre du mois précédent (4,26 millions). Côté Réserve fédérale, la journée reste calme : le gouverneur Waller indique que les effets des hausses de tarifs douaniers pourraient ne pas apparaître dans les données avant juillet, et ajoute que cela pourrait entraîner une baisse des créations d’emplois. Hammack (Fed de Cleveland) estime que la barre est très haute pour que la Fed intervienne sur le fonctionnement des marchés. Il déclare également à CNBC que la Fed peut rester patiente, mais pourrait agir dès juin si les données deviennent suffisamment claires.
La Chine pourrait suspendre ses droits de douane de 125% sur certaines importations américaines, selon l’agence Bloomberg, alors que les coûts économiques de la guerre commerciale pèsent lourdement sur certaines industries. Les équipements médicaux et l'éthane figurent parmi les marchandises susceptibles de bénéficier d'exemptions. Donald Trump fait part de sa confiance dans un accord avec la Norvège. Scott Bessent se montre optimiste quant aux négociations avec la Corée du Sud.
Klaas Knot, de la BCE, déclare à CNBC qu'il est « bien trop tôt » pour prendre position sur une éventuelle décision en juin. Andrew Bailey indique que les craintes concernant le déclin du dollar sont exagérées. Le chef de la PBOC réaffirme que la politique monétaire chinoise restera modérément souple.
Au menu macro-économique de ce vendredi, la confiance des affaires en France, les ventes de détail au Royaume-Uni et le sentiment de l'Université du Michigan aux Etats-Unis.
Saint-Gobain confirme son objectif de marge 2025. Eiffage retenu pour construire deux centrales solaires en Andalousie. Holcim dépasse les prévisions pour le premier trimestre avant la scission d'Amrize. Apple vise à s'approvisionner en Inde pour tous ses iPhone vendus aux Etats-Unis, dans le cadre d'une stratégie visant à se détourner de la Chine, révèle le FT. Le CEO d'Intel a indiqué avoir rencontré le patron de TSMC pour discuter d'une collaboration. Baidu lance un nouveau modèle d'IA dans un contexte de concurrence croissante.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo gagne 1.9% à la cloche, Hong Kong progresse de 0.68%, Shanghai égare 0.04%, Séoul monte de 0.95% et le Nifty50 recule de 1.5%. Le future SPX monte de 30 points et l’Europe ouvre en progression de 0.6%. L’or fait l’objet de désengagements, l’once revient à 3302 dollars, le pétrole rebondit à 63.11$ le baril de WTI Light Crude.
C’est aujourd’hui que la période de black-out des rachats d’actions propres par les entreprises se termine, ça ne peut pas faire de mal aux taureaux.
Retour de l’actualité des marchés vendredi 2 mai.