Gonet: l'actualité des marchés au 24 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Dow +1,07%, S&P 500 +1,67%, Nasdaq +2,50%, Russell +1,53%, SOX +3,96%, Eurostoxx +2,77%, SMI +1,39%.

Au-delà de cette impression gênante que la Maison-Blanche s’amuse avec le marché en disant tout et son contraire à tour de bras, la baisse de volume récente des vociférations de Donald Trump à l’encontre de la Chine et de Jerome Powell a permis un début de retour au calme. Son modérateur en chef Scott Bessent occupe l’espace médiatique hier, le marché l’aime bien lui, il vient du sérail et parle la langue, on est entre nous, pas comme avec ces apprentis narrateurs du bureau ovale. Il était grand temps que cela se calme, le deuxième coup de semonce envoyé par le marché obligataire au locataire de la Maison-Blanche en moins d’un mois semble avoir porté ses fruits, pour combien de temps nous verrons bien, le président américain veut réaliser le MAGA, pour le moment il a provoqué un parfait MVGA (Make Volatility Great Again), pas sûr que ses électeurs goûtent le phénomène.

À première vue, la séance de trading d’hier est superbe, dans les faits on peut presque la qualifier de décevante. Prenez un indice au hasard, le Nasdaq100 (NDX), qui gagne plus de 4% à un moment de la séance tout en parvenant à se hisser au-dessus du niveau de 19'000, pour finalement conserver un gain de 2.28% à la cloche et repasser nettement en-dessous des 19K pts. Fin de séance quasiment au plus bas, qui illustre deux choses : le manque crasse de jambes de ce marché, il suffit de regarder la configuration technique des indices d’un peu plus près pour réaliser qu’ils semblent bien mal en point. La faiblesse en fin de séance d’hier s’explique aussi par l’absence d’annonces concrètes, les rumeurs et autres déclarations d’intention doivent désormais être traduites en actes, le marché est échaudé et bien plus impatient que d’habitude, MVGA oblige. D’ailleurs la hausse des actions hier ne peut masquer le comportement nettement plus sceptique des obligations, qui demandent à voir et maintiennent le rendement du 10 ans US à 4.36%, les craintes inflationnistes sont loin d’être balayées, là encore il faudra plus que des mots de la part de qui vous savez.

On retiendra tout de même de la séance d’hier que c’est la deuxième hausse de suite pour les principaux indices de Wall Street, que les 7 magnifiques sont recherchés à nouveau, même Tesla (TSLA +5.39%) malgré l’annonce qu’en mars 2025, les ventes de la firme ont chuté de 28,2% en Europe, tombant à 2% de part de marché. Cette baisse s'explique par la concurrence accrue, une gamme vieillissante, des problèmes d'infrastructure et l'image ternie d’Elon Musk. Le marché achète tout de même le titre car Elon Musk va se pencher au chevet de son bébé à nouveau, délaissant progressivement Washington DC, cela indique combien ce titre est porté par l’émotion au détriment du rationnel. On remarque aussi hier que les intervenants recherchent des titres exposés au tarifs et fortement shortés. En Europe la séance d’hier est notamment marquée par les excellents résultats de SAP, l’éditeur allemand de logiciels décolle de plus de 10% sur la séance. La volatilité des actions rend 7% hier, le VIX termine à 28.45. Très léger recul en revanche du MOVE, qui perd 1.4% à 116.60, ce marché-là ne baisse pas sa garde. Même constat sur le dollar, qui traite ce matin à 1.1375 contre euro, c’est-à-dire toujours dans les cordes. Rappelons au passage que la configuration technique de cette paire est favorable à la monnaie unique européenne. 

Petit clin d’œil au passage aux personnes qui abhorrent tout ce qui a trait au capitalisme. Le Wall Street Journal publie un article ce matin qui fait le point sur les trois premiers mois de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’article explique que le président a trouvé son adversaire le plus redoutable  et il s’agit du marché boursier. Depuis son retour à Washington il y a trois mois, Trump a renversé des agences fédérales, consolidé le pouvoir exécutif, défié les alliances mondiales et redéfini les relations économiques américaines dans le monde entier. Ses actions ont suscité des protestations, des recours judiciaires, une baisse dans les sondages et une opposition politique. Et pourtant, jusqu’à présent, la seule force qui l’a systématiquement amené à reculer, c’est Wall Street. Face à des turbulences boursières, Trump a plusieurs fois assoupli sa position sur les tarifs douaniers, notamment en suspendant pendant 90 jours certains droits de douane nouvellement imposés. Il a également modéré son ton envers la Chine après avoir fortement augmenté les tarifs sur les importations chinoises. La pression des marchés et des chefs d’entreprises inquiets des conséquences de ses politiques commerciales semble être la seule à réellement influer sur ses décisions. Malgré cela, Trump affirme que ces revirements font partie d’un plan stratégique à long terme pour obtenir de meilleurs accords commerciaux. Mais ses propres conseillers l’ont averti que s’il persistait, cela provoquerait davantage de chaos sur les marchés. Trump suit de près l’évolution des marchés, qu’il considère comme un baromètre de la santé économique et de l’opinion publique. Cependant, il y a une tension entre son désir de voir les marchés prospérer et sa volonté de rapatrier la production aux États-Unis via des mesures protectionnistes, souvent mal perçues par les investisseurs. Depuis le début de son second mandat, le S&P 500 a chuté d’environ 10 %, une performance historiquement faible. Pourtant, Trump continue de vanter ses réussites boursières passées, affirmant que le marché a connu sous lui la plus forte hausse de l’histoire américaine, bien que les chiffres montrent des gains plus importants sous Obama (source : WSJ).

Au chapitre de la macro, aux Etats-Unis, l’indice PMI composite flash d’avril ressort un peu plus faible que prévu. Le secteur manufacturier dépasse les attentes, tandis que les services sont en retrait. Le rapport signale que les anticipations économiques à un an restent proches de leurs niveaux les plus bas depuis la pandémie. Les ventes de logements neufs en mars atteignent un rythme annualisé de 724’000 unités, bien au-dessus du consensus (~685’000) et du chiffre du mois précédent (676’000). Le Beige Book de la Réserve fédérale indique que l’activité évolue peu depuis le dernier rapport, mais que l’incertitude liée à la politique commerciale reste omniprésente. L’emploi reste stable ou augmente légèrement, tandis que les hausses de prix sont qualifiées de modestes à modérées.

Donald Trump déclare qu’un nouveau taux de droits de douane pour la Chine pourrait être annoncé d’ici deux à trois semaines, en ajoutant que le calendrier précis dépend de Pékin. Parallèlement, le Japon prévoit de tenir son deuxième cycle de négociations commerciales le 1er mai, rapporte NHK. Trump réfute un article du Financial Times affirmant qu’il envisage d’abaisser les droits de douane sur les pièces automobiles. Ken Griffin affirme que la guerre commerciale fait dérailler les projets d’investissement des entreprises américaines pour les quatre prochaines années. Dans d’autres déclarations depuis le Bureau ovale, Trump indique qu’il pourrait appeler Jerome Powell (on se réjouit). Le président ajoute également qu’un taux d’imposition plus élevé pour les millionnaires pourrait les pousser à quitter les États-Unis.

Concernant l’Ukraine, le président accentue la pression sur Volodymyr Zelensky afin qu’il accepte un accord de paix que les critiques craignent favorable à Moscou. « Je pense que nous avons un accord avec la Russie », déclare Trump. Marco Rubio affirme sur X qu’un article de Politico selon lequel la Maison-Blanche débattrait d’une levée des sanctions sur les actifs énergétiques russes est faux.

Christine Lagarde déclare lors d’un événement du Washington Post que les droits de douane pourraient être désinflationnistes pour l’Europe. Madis Muller affirme que la BCE pourrait devoir baisser les taux pour stimuler l’économie — Klaas Knot n’est pas d’accord.

Pékin s’apprête à lever les sanctions imposées à des parlementaires européens il y a quatre ans, rapporte le Financial Times. Cela pourrait aider à relancer un accord d’investissement historique en négociation depuis longtemps.

Au menu macro-économique de ce jeudi, les immatriculations de nouvelles voitures dans l'UE27 et l'indice Ifo allemand du climat des affaires. Aux Etats-Unis, l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago, les commandes de biens durables, les nouvelles demandes d'allocations chômage, ainsi que les ventes de logements existants sont en vue.

Sanofi dépasse les estimations au premier trimestre grâce à Dupixent et à ses nouveaux traitements. EssilorLuxottica confirme ses perspectives malgré les droits de douane américains (le titre a perdu 1,3% hier dans les échanges après bourse aux Etats-Unis après les chiffres). Kering annonce des ventes en baisse de 14% au 1er trimestre, Gucci à la peine. BNP Paribas confirme ses prévisions au terme d'un trimestre record pour sa banque d'investissement. Air Liquide confirme ses prévisions annuelles à l'issue du premier trimestre. STMicroelectronics publie un chiffre d’affaires de 2,52 milliards de dollars au premier trimestre 2025, en baisse de 27,5%. Thales affiche de solides revenus au 1er trimestre mais les commandes dans la défense reculent. Nestlé dépasse les estimations de ventes organiques pour le premier trimestre. Roche annonce une hausse de 7% de son chiffre d'affaires au premier trimestre et confirme ses prévisions. Adidas dépasse les attentes au premier trimestre. Nokia maintient ses prévisions pour 2025, mais estime que le haut de fourchette sera plus difficile à atteindre. Galderma publie des revenus en hausse de 8,3% à taux de change constant au premier trimestre, à 1,13 milliard de dollars. Kuehne Und Nagel enregistre un bénéfice de 303 millions au premier trimestre. SGS voit ses revenus progresser au premier trimestre. Nestlé, JDE Peet's, Starbucks, McDonald's et Illy assignées aux Etats-Unis par l'ONG Coffee Watch qui les accusent de profiter du travail forcé au Brésil. Les ventes à l'étranger de Toyota ont atteint un niveau record en mars, grâce aux Américains qui se sont précipités avant l'entrée en vigueur des droits de douane. TSMC présente une nouvelle technologie permettant d'assembler des puces plus grandes et plus rapides. SK Hynix enregistre un premier trimestre exceptionnel et prévoit un impact limité des droits de douane sur les puces IA.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo monte de 0.49% à la cloche, Hong Kong rend 1%, Shanghai traite à l’équilibre, Séoul égare 0.13% et le Nifty50 baisse de 0.24%. Le future SPX perd 20 points et l’Europe ouvre en recul de 0.4%. L’or traite ce matin à 3327 dollars par once. Le VIX repart légèrement à la hausse. 

A lire aussi...