15 mai 2026
Cette date est mise en évidence sur l’agenda de qui vous savez, qui n’en peut plus d’attendre car c’est ce jour que Jerome Powell terminera son mandat de président de la Réserve Fédérale des Etats-Unis. Donald Trump est en croisade contre le boss de la Fed. Non content de le détester cordialement, il lui reproche de ne pas baisser ses taux, d’être un perdant et de mettre en danger l’économie des Etats-Unis. Une façon fort grossière de tenter de faire endosser à la Fed la responsabilité du chaos économique qui s’annonce chaque jour un peu plus clairement. Tout un chacun le sait, ce chaos est dû aux tarifs du président américain lui-même mais aussi à l’écran d’incertitudes qu’il s’emploie méticuleusement à dresser devant des investisseurs de plus en plus échaudés à l’idée de s’exposer à ce partenaire économique de moins en moins fiable. Les questions relatives à la domination de longue date des Etats-Unis sur la sécurité mondiale et les cadres commerciaux commencent à avoir un impact sur la confiance générale, le marché semble prêt à accepter que le président américain conduise sa guerre commerciale tant que les intérêts des Etats-Unis eux-mêmes ne sont pas mis en danger.
Or, la vendetta orchestrée contre Jerome Powell est la goutte d’eau qui fait à nouveau déborder le vase de la patience des investisseurs. Cette situation peut dégénérer rapidement, Jerome Powell est le garant de la stabilité monétaire du pays, il doit faire avec un contexte ardu fait de retour de la hausse du niveau général des prix mais aussi de probable ralentissement économique à terme. Les attaques répétées de Donald Trump à son encontre déstabilisent les intervenants, c’est dans ce contexte que le marché envoie de nouveaux signaux d’alarme et tente de siffler à nouveau la fin de la récré hier, on vend massivement le dollar en ce lundi de Pâques, les bons du Trésor américain sont délaissés et l’aversion au risque augmente encore sur les parquets de trading, l’or atteint ce matin le niveau improbable de 3500 dollars l’once, pour revenir ensuite à 3471 dollars.
A Wall Street on fait grise mine. L’indice S&P500 (SPX) réalise sa troisième baisse en quatre séances, le Nasdaq100 (NDX) en est à quatre à la suite, tous les secteurs du SPX reculent, les mastodontes de la tech souffrent, particulièrement Nvidia et Tesla (qui publie ses trimestriels ce soir après la clôture). Le breadth est déplorable, ils sont rares les titres qui terminent en hausse hier, on ne sait trop où se cacher. Les volumes d’échanges sont faibles, ils excluent de ce fait l’idée d’une capitulation.
La volatilité décolle, le VIX gagne 14% à 33.82, son alter ego obligataire le MOVE grimpe pour sa part de 12% à 128.56, la nervosité est générale dans les salles de marchés. Le rendement du 10 ans US remonte à 4.41%, il traite pile sur sa moyenne mobile à 100 jours. Prochain niveau 4.50%, puis 4.59%. Sur la partie technique, le SPX a eu droit à sa death cross le 15 avril, une seconde est potentiellement en vue, cette fois-ci avec la 100 jours, la tendance haussière de l’indice entamée en octobre est cassée, celle de mars 2020 reste intacte mais tout cela semble bien fragile.
Le dollar est à genoux. Il traite ce matin à 1.1501 contre l’euro, la tendance baissière de la monnaie unique européenne entamée en 2008 est désormais clairement du passé, prochain niveau à suivre 1.1622 (76.4% de retracement Fibonnacci de la baisse de 1.2266 à 0.9536). Notons aussi que la paire eur/usd teste actuellement un niveau important, le top du 10 février (à 1.1495). Du côté du Dollar/Yen ce n’est guère mieux, la paire est de retour ce matin à 140.27, les chartistes sont aux aguets, le niveau de 139.58 doit tenir, sous peine de plongeon fort probable en direction de 130. Et que dire du Dollar/Suisse qui traite ce matin à 0.8101 ? Plus grand-chose ne semble supporter le billet vert face à un franc suisse une fois encore solide comme le roc.
Ce matin l’Europe est de retour aux affaires, elle était fermée depuis jeudi soir et cela se passe plutôt pas trop mal pour l’Eurostoxx, qui n’abandonne « que » 0.7%. Au-delà de la grande entreprise de démolition orchestrée par le grand blond, cette semaine nous suivrons attentivement l’évolution des relations sino-américaines, les indicateurs des directeurs d’achats (PMIs, mercredi), des indicateurs avancés qui devraient nous donner une meilleure idée de l’impact de la guerre commerciale sur les sociétés. Et surtout, cette semaine nous aurons droit aux résultats trimestriels d’une cinquantaine de firmes et pas des moindres (notamment Air Liquide, Amazon, Alphabet, Tesla, SAP, Nestlé ou encore Pepsi).
Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, indique que les anticipations d’inflation à court terme augmentent, mais que celles à long terme ne montent pas. Il prévoit toujours une baisse des taux d’intérêt d’ici 12 à 18 mois. Ce week-end, Goolsbee met en garde contre toute tentative de limiter l’indépendance de la banque centrale, estimant que cela nuirait à sa crédibilité.
Du côté de Washington, quelques remous autour du secrétaire à la Défense Hegseth. La Maison-Blanche le défend face à de nouvelles accusations concernant des informations sensibles, mais selon NPR, l’administration pourrait se préparer à le remplacer.
De nombreuses prises de parole sont attendues du côté de la Fed : Jefferson, Harker, Kashkari, Barkin et Kugler s’expriment aujourd’hui, Kugler, Goolsbee, Musalem et Waller demain, Kashkari jeudi.
Narendra Modi et JD Vance ont eu des entretiens commerciaux en Inde. La Maison Blanche salue des «progrès significatifs» et déclare que les deux parties disposent d'une feuille de route pour un éventuel accord.
L'Oréal bat les attentes au premier trimestre, entraînant une progression du titre coté aux Etats-Unis (la société avait publié jeudi soir après la clôture du marché). Roche va investir 50 milliards de dollars aux Etats-Unis au cours des cinq prochaines années. Helvetia et Baloise fusionnent pour former le deuxième groupe d'assurance de Suisse. Donald Trump a rencontré des représentants de Walmart, Home Depot, Lowe's et Target qui cherchent des parades aux droits de douane. Nvidia perd 4.51% après l'annonce par Huawei d'une puce d'IA chinoise. Netflix augmente ses prix en France, l'offre de base avec publicité passe de 5,99 à 7,99 EUR. Nintendo tente un pari risqué en lançant la Switch 2 en pleine guerre commerciale. Aramco et BYD signent une alliance dans le véhicule électrique. LG Electronics et Samsung Electronics poursuivent le gouvernement indien pour sa politique de tarification des déchets électroniques. Toyota envisage de produire le prochain RAV4 aux USA face aux droits de douane, a appris Reuters.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo perd 0.17% à la cloche, Hong Kong gagne 0.4%, Shanghai grappille 0.25%, Séoul égare 0.07% et le Nifty50 monte de 0.22%. Le future SPX récupère 0.9% et l’Europe est en repli de 0.7%.