Gonet: l'actualité des marchés au 20 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,75%, S&P 500 -0,85%, Nasdaq -0,96%, Russell -1,51%, SOX -1,34%, Eurostoxx -0,38%, SMI -2,13%.

Le joyeux royaume des actions semble une fois de plus corrélé à l’arrivée de l’automne. Depuis quelques jours, le sentiment se détériore quelque peu dans les salles de trading, la faute à un cocktail plutôt amer composé de montée de tensions au Moyen-Orient, d’un tsunami de résultats de sociétés à digérer et d’un discours donné hier soir par Jerome Powell.

Sur le front des résultats trimestriels, les publications d’hier ne contribuent pas à remonter le moral des intervenants. L’Oréal déçoit, Hewlett Packard Enterprise fait de même, tout comme Nestlé, Tesla, Renault et Nokia. Si l’on prend du recul, cette saison 3 débute dans son ensemble relativement bien, il est donc trop tôt pour tirer des conclusions à son sujet. Le conflit entre Israël et le Hamas préoccupe les marchés, ils ne savent trop qu’en conclure mais on sent bien que la nervosité est supérieure aux occurrences précédentes. Voyez le franc suisse, vers lequel tout un chacun se tourne dès que la planète ne tourne plus vraiment rond. Ce matin la paire EUR/CHF traite à 0,9443, les cambistes regardent 0,9410, le bas en séance du 26 septembre 2022, niveau à ne pas casser car ensuite on entre en terra incognita ou presque, la dernière fois que la paire s’est aventurée à ce niveau d’abysses, c’était le 15 janvier 2015. Dois-je vous rappeler ce qui s’est produit ce jour-ci? Le franc s’était alors très brièvement renforcé à 0,8517, à l’ouverture il cotait 1,2009. Pour l’anecdote, si un de vos amis vous dit qu’il avait acheté de l’euro à 0,85 ce jour-ci, c’est un mensonge, c’est allé trop vite, impossible d’en toucher dans le creux.

Concentrons-nous maintenant sur le discours d’hier soir du patron de la Fed, qui parle à l’heure de l’apéro européen. Le premier banquier du monde affirme que «les tensions géopolitiques sont très élevées et posent des risques importants… Le FOMC procède avec prudence compte tenu des risques et des hausses effectuées jusqu'à présent». Ça le marché le prend bien. Oncle Jay poursuit en indiquant que «des preuves supplémentaires de la solidité de l'économie peuvent justifier une hausse de taux… Il y a des signes que la politique monétaire n'est pas trop stricte pour l'instant». Un ange passe… les taureaux se tendent quelque peu. Jerome Powell continue et déclare que «la Fed doit laisser jouer la hausse des rendements, la surveiller… A la marge, la hausse des rendements pourrait signifier qu'il est moins nécessaire d'augmenter les taux d'intérêt». Au tour des ours de froncer les sourcils. Enfin, le boss de la Réserve Fédérale Américaine conclut que «des signes d'une croissance durablement supérieure à la tendance ou montrant que les tensions sur le marché du travail ne s'atténuent plus pourraient mettre en péril de nouveaux progrès en matière d'inflation et justifier un nouveau resserrement de la politique monétaire». Bigre! Se disent les taureaux, c’est pas encore gagné. Que peut-on en conclure? Probablement que la Fed ne va rien faire en novembre et qu’elle refuse encore et toujours de rendre les armes quant au cycle de hausses de taux bref, Jerome Powell ne s’interdit rien mais ne va probablement plus monter les taux, à moins que la macro ne s’emballe à nouveau.

Le marché des actions, on le sait, est un enfant pourri gâté, il va probablement mettre du temps à intégrer l’idée que le boss de la Fed est aux manettes et fait plutôt bien son travail. Dans l’intervalle, petit marché n’a pas eu son susucre hier soir et boude, il envoie le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 4,9920% à 18h33, soit juste après que Powell ait parlé, puis se calme, le 10 ans évolue ce matin à 4,93%. Ce niveau est élevé et le risque de cassure des 5% réel et à suivre de près. À Wall Street, la séance est houleuse, les indices clôturent proches de leur plus bas du jour, dans des volumes d’échanges en légère hausse, la volatilité progresse de 11,3%, le VIX clôture à 21,40, il n’indique pas de stress particulièrement élevé dans les chaumières financières, il faudrait qu’il atteigne 30 pour cela. Le MOVE (le grand frère obligataire du VIX) gagne 4%, il clôture à 134, un niveau historiquement élevé qui signale un marché obligataire nerveux. Et pendant ce temps-là, le spread 2 / 10 ans US recule à -19 points de base, intéressant. Le breadth du marché est déplorable (4,5 – 0,7 négatif sur le SPX), seul le secteur des services de communication parvient à garder la tête hors de l’eau à la cloche.

Si l’on prend du recul, les performances annuelles des principaux indices restent excellentes. Techniquement, le S&P500 (SPX) regarde sa moyenne mobile à 200 jours comme principal support (la 200 dma à 4231 points contre 4278 pts à la cloche). Pas de souci particulier à se faire tant que le SPX se maintient au-dessus, rappelez-vous combien elle été importante ces deux dernières années. Si elle est cassée en revanche, il faudra revoir ce postulat. Le NDX pour sa part voit sa 200 jours à 13825 points, il clôture hier à 14'783 pts et regarde sa résistance à 15'000 pts, puis 15'041 pts (50 dma) et 15'080 pts (100 dma). Le Russell2000 (RTY) est extrêmement intéressant d’un point de vue technique, il se pose à 1702 points en clôture soit deux petits points au-dessus de son support horizontal majeur, money time sur cette partie donc. Même constat ou presque sur le Stoxx Europe 600, le CAC40 n’est pas loin de son support de 6800 points, le hic étant qu’aucun de ces indices n’est suffisamment survendu, patience donc, sachant que le ratio put/call est actuellement nettement en faveur des puts (bien) et que l’intérêt short sur le NDX est particulièrement élevé (bien aussi). Mes indicateurs internes de marché indiquent un faible risque pour les actions à court terme.

Les actions du secteur de la santé font particulièrement grise mine ces jours, Roche n’y est pas étrangère, qui exclut toute croissance cette année, l’indice SMI passe du coup en territoire négatif depuis le premier janvier (-2,62%), aussi pénalisé par Nestlé, dont l’action maigrit à vue d’œil ces jours, effrayée par le GLP-1. Le SMI est devenu très intéressant d’un point de vue technique, il teste en ce moment son support de 10'395 points, niveau actuel 10'370 pts. De plus l’indice est désormais survendu.

Joe Biden lance un appel direct aux Américains pour qu'ils soutiennent le financement des efforts de guerre d'Israël et de l'Ukraine, avertissant que le Hamas et la Russie constituent des menaces parallèles pour la démocratie américaine. Les États-Unis constatent une intensification des attaques de drones en Irak et en Syrie, tandis qu'un destroyer américain en mer Rouge intercepte des missiles de croisière et des drones tirés en direction d'Israël par les rebelles houthis au Yémen. Moody's place Israël sous surveillance négative à partir de perspectives stables. Morgan Stanley s'attend à ce qu'Israël maintienne ses taux la semaine prochaine et reporte la prévision d'une baisse à janvier.

En Chine, la PBOC injecte dans le système bancaire la plus grande quantité de liquidités à court terme jamais enregistrée par le biais de contrats de prise en pension, ce qui permet de maintenir les coûts de financement à un niveau bas pour soutenir l'économie. Les prêteurs maintiennent par ailleurs le taux préférentiel des prêts à un et cinq ans à 3,45% et 4,2% respectivement.

Au menu macro-économique du jour, l'indice des prix à la production allemands et les ventes de détail britanniques viennent clôturer la semaine.

Hewlett Packard Enterprise perd 4% hors séance après avoir communiqué des prévisions réduites. Intuitive Surgical chute de 8% après un avertissement. Philip Morris relève ses prévisions de résultats annuels après un troisième trimestre mitigé. Sika enregistre une baisse de ses résultats sur neuf mois. L'acquisition de VMware par Broadcom pour 69 milliards de dollars voit son approbation retardée par la Chine. Pfizer obtient l'approbation de l'UE pour l'acquisition de Seagen. Eli Lilly poursuit les pharmacies en ligne pour interdire les importations américaines de faux Mounjaro. UBS prévoit une nouvelle vague de suppressions d'emplois au Credit Suisse en novembre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices font grise mine. Tokyo abandonne 0,54% à la cloche, Hong Kong perd 0,92%, Shanghai rend 0,74% et Séoul recule de 1,69%. Le future SPX abandonne 18 points et l’Europe ouvre en baisse de 1,2%. Le dollar est étrangement faible, la paire EUR/USD remonte à 1,0572, l’or profite de la situatin géopolitique actuelle et remonte à 1979$ par once, tout comme le pétrole qui repasse au-dessus de 90$ le baril de WTI Light Crude.

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