Gonet: l'actualité des marchés au 16 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,12%, S&P 500 -0,50%, Nasdaq -1,23%, Russell -0,84%, SOX -2,7%, Eurostoxx -1,48%, SMI -0,72%.

La menace d'un conflit plus large au Moyen-Orient pousse les investisseurs vers des valeurs refuges comme les bons du Trésor américain, l'or et les actions des services publics vendredi, tandis que la hausse des prix du pétrole fait grimper les actions du secteur de l'énergie. Les valeurs technologiques et les actions des entreprises qui dépendent des dépenses discrétionnaires, y compris les casinos, les croisières et les applications de rencontres, se replient. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, rend 1,2%, tandis que l’indice S&P500 (SPX) limite la casse. Le vénérable Dow Jones, soutenu par les gains de UnitedHealth, Chevron et JPMorgan Chase, se paie le luxe de grappiller quelques points à la cloche. Le SPX et le Dow progressent sur la semaine, tandis que le Nasdaq, se replie légèrement. L'invasion terrestre israélienne prévue à Gaza, visant à renverser le Hamas, alimente l'inquiétude des investisseurs qui craignent que la guerre ne s'aggrave et n'attire l'Iran, allié du Hamas, ce qui pourrait conduire à des sanctions plus strictes sur les exportations de pétrole iranien et pousser les prix de l'énergie à la hausse. Le baril de WTI Light Crude ne se fait pas prier et remonte à 87,36 dollars ce matin, l’or fait de même, l’once repasse au-dessus des 1900 dollars, cours actuel 1909 dollars avec un top en séance à 1926 dollars. Tiens donc, qui voilà à 1929 dollars? La moyenne mobile à  200 jours, nul besoin d’avoir fait Bac+ 20 pour comprendre que le nouveau money time de la relique barbare se situe à ce niveau. Sur le front obligataire, les rendements US se stabilisent, ils reculent même quelque peu malgré la hausse provoquée jeudi par l’indice américain des prix à la consommation. Le 10 ans revient à 4,68% après être remonté à 4,72% jeudi, ce repli est dû à un retour des investisseurs dans cette valeur dite refuge, mais aussi à la conviction toujours bien présente dans les salles de marchés que la Fed ne relèvera plus ses taux et commencera à les baisser dès l’automne 2024.

Rappelons ici que la semaine passée la Fed a notablement infléchi son discours, passant de faucon assumé à colombe en herbe. Le bal des discours continue cette semaine avec notamment quelques faucons, que l’on écoutera attentivement, avec en point d’orgue Jerome Powell jeudi. Toujours dans le registre de la rhétorique de la Fed, vendredi Patrick Harker, boss de la Réserve Fédérale de Philadelphie, indique que la désinflation est en cours, que l’activité économique résiste bien et que le marché du travail est équilibré. Monsieur Harker ajoute penser que la Fed est arrivée à un point où elle peut maintenir les taux en l’état. Super! Oui sauf que le boss de la Fed de Philadelphie est une colombe notoire, on accorde donc une attention polie à ses propos. En parallèle, la publication vendredi après-midi de l’indice de l’université du Michigan sur le sentiment des consommateurs ressort nettement en-dessous des estimations, ce qui pèse directement sur le sentiment de marché en cette fin de semaine.

Le SPX a récemment buté sur sa moyenne mobile à 100 jours (4402 pts), il la regarde désormais comme sa principale résistance tandis que la 200 jours joue le rôle de support, elle évolue actuellement à 4221 pts, clôture vendredi à 4327 pts. De son côté le NDX casse sa 100 jours en clôture, il termine sa semaine à 14995 points contre la 100 dma à 15035, à suivre. La volatilité rebondit significativement, le VIX gagne 15,8% à 19,32, c’est notable pour une seule séance. Tentative de cassure du niveau de 20 vendredi, sans succès, on suivra ce dossier de près cette semaine, au-delà de 25 cela deviendra plutôt intéressant, on n’y est pas encore, de loin pas. Côté monnaies, le dollar stabilise sa course après son fort rebond de jeudi (post CPI). La paire EUR/USD traite ce matin à 1,0526.

Résumons la situation: tout semblait sous contrôle ou presque jusqu’à jeudi passé. les banquiers centraux commençaient à laisser entendre que la baisse récente des obligations d’Etat était l’équivalent d’une hausse de taux, laissant peu de place au doute quant à la posture de la Fed lors de son prochain comité de politique monétaire, prévu début novembre. Mais ça, c’était avant la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui pousse les rendements obligataires à la hausse tout comme le dollar tandis que les bourses accusent le coup. Le scénario du «higher for longer» (des taux élevés longtemps) reprend du poil de la bête. Et puis il n’y pas que l’inflation américaine qui se fasse remarquer en cette fin de semaine, les statistiques chinoises publiées vendredi matin montrent que les chiffres du commerce sont restés faibles en septembre, tandis que l'inflation est désormais tombée à zéro sur un an, signe que la seconde économie mondiale n'est pas fringante.

On fait un petit détour par l’Europe, où la semaine écoulée voit l’Eurostoxx50 rendre 0,2%, le SMI grappiller 0,58% (merci Roche) et le CAC40 porter fièrement le bonnet d’âne de la cote, la faute au secteur du luxe, qui pâtit des résultats de LVMH. Les performances trimestrielles du géant français du secteur déçoivent: le chiffre d'affaires manque le consensus, plombé par le repli de la demande en Chine et un recul sur le segment spiritueux. Il entraîne dans sa chute l'italien Moncler et le groupe Christian Dior, qui signe pourtant des ventes en croissance de 14% sur les 9 premiers mois de 2023, mais qui est aussi pénalisé par la division spiritueux. LVMH clôture à 660 euros vendredi, sa volatilité implicite remonte, les amateurs de produits structurés sont à l’affut, les chartistes regardent 600 euros comme principal support, le titre n’est pas encore entré en territoire survendu, patience, le moment opportun se présentera bientôt, ce d’autant plus que le titre a déjà corrigé trois séances durant, or une action a souvent besoin de trois jours en moyenne pour digérer une mauvaise nouvelle, la poussière retombe doucement sur ce dossier, restons aux aguets mais ne nous précipitons pas non plus.

Joe Biden envisage de se rendre en Israël dans les prochains jours, après avoir été invité par Benjamin Netanyahu, selon l’agence Bloomberg. Antony Blinken retourne en Israël aujourd'hui après une série de discussions dans la région, alors que les attaques croissantes du Hezbollah, soutenu par l'Iran, menacent d'ouvrir un second front à la frontière nord. Les États-Unis annoncent qu'ils ont organisé des discussions en coulisse pour mettre en garde l'Iran contre une escalade du conflit.

Les États-Unis vont renforcer les restrictions imposées à la Chine en matière d'accès aux semi-conducteurs avancés et aux équipements de fabrication de puces, en comblant les lacunes des mesures prises l'année dernière, selon l’agence Bloomberg. L'administration Biden ajoutera les entreprises chinoises de conception de puces à une liste de restrictions commerciales et imposera des vérifications supplémentaires aux entreprises qui tentent d'échapper aux contrôles à l'exportation en acheminant les cargaisons via d'autres pays.

L'opposition polonaise est en passe de remporter une majorité parlementaire, selon un sondage de sortie des urnes, refusant aux nationalistes au pouvoir un troisième mandat. La Plateforme civique de Donald Tusk a remporté 32% des voix, selon Ipsos, tandis que l'alliance Troisième voie a obtenu 13% et le parti de gauche 8,6%, ce qui donne aux trois groupes 248 des 460 sièges de la chambre basse.

L'Italie dévoile aujourd'hui un budget qui devrait inclure des cadeaux aux électeurs ainsi que des plans sur la manière dont Rome entend lever des fonds par la vente de participations dans des entreprises telles que Monte Paschi et Ferrovie. Le gouvernement indique qu'il prévoit de lever 20 milliards d'euros par le biais de privatisations au cours des trois prochaines années.

Au menu macro-économique du jour, l’indice d’activité Empire Manufacturing (Etat de New York) sera publié à 14h30.

Pfizer sabre sévèrement dans ses objectifs 2023. Microsoft finalise le rachat d'Activision Blizzard. Albemarle renonce à acheter Liontown. Lululemon Athletica rejoint le S&P500 à la place d'Activision Blizzard. Rite Aid se place sous le régime des faillites aux Etats-Unis (Chapter 11), mais obtient un important soutien financier. Ferrari accepte les crypto-monnaies pour le paiement de ses voitures aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge. Tokyo recule de 2,03% à la cloche, Hong Kong perd 0,9%, Shanghai abandonne 0,49% et Séoul perd 0,81%. Le future SPX rebondit de 14 points et l’Europe ouvre en rebond de 0,4%. Les choses sérieuses commencent sur le front des publications de résultats d'entreprises du troisième trimestre, avec une cinquantaine de sociétés du «club de plus de 50 milliards de dollars de capitalisation». Parmi elles, Rio Tinto, Johnson & Johnson, Bank of America, Lockheed Martin et Tesla aux Etats-Unis et Rio Tinto, ASML, Nestlé, L'Oréal et Roche en Europe. Il y aura aussi de nombreuses données macroéconomiques aux Etats-Unis et en Chine, ainsi qu'une sortie assez attendue, celle du patron de la Fed, qui doit prononcer un discours jeudi.

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