Gonet: l'actualité des marchés au 11 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,40%, S&P 500 +0,52%, Nasdaq +0,58%, Russell +1,14%, SOX +1,29%, Eurostoxx +2,25%, SMI +1,66%.

Si j’étais un tantinet flemmard, je pourrais me contenter aujourd’hui (comme bien souvent d’ailleurs) de vous écrire que tous les chemins mènent à la Fed, puis vous souhaiter un merveilleux mercredi 11 octobre estival.

Qu’on le veuille ou non, le marché fonctionne toujours de la même façon, dès que la Fed montre le bout de son nez il oublie tout le reste et se met au garde à vous, avide d’en savoir plus quant à la direction future des taux d’intérêts. Depuis le début de cette semaine, cela sent le plan de communication à plein nez de la part de Jerome Powell et ses collègues. Une escadrille de colombes survole les places financières, qui n’en demandaient pas tant, surtout après le weekend passé. Hier Raphaël Bostic nous dit que la Fed n’a pas besoin de relever ses taux plus encore et que la récession n’est qu’une vue d’esprits chagrins. Bon, précisons ici que Bostic est une colombe comme on en fait rarement, 1 partout la balle au centre donc. En revanche, lorsque Mary Daly, Lorie Logan, Christopher Waller et Neel Kahskari se mettent au diapason de Raphaël Bostic, cela interpelle, un tel revirement de la part de ces faucons avérés marque les esprits et impacte directement le marché. La Fed entreprend de nous faire comprendre que la récente hausse des taux longs américains constitue de facto une sorte de hausse des taux de la Réserve Fédérale, on commence à se dire dans les chaumières financières que la fin du cycle haussier est peut-être bel et bien là, c’est fondamental pour la suite et à suivre de très près.

Mais pourquoi donc un tel revirement, après des semaines et des semaines de discours fermes et restrictifs? Jerome Powell & Friends considèrent peut-être que l’inflation est sur une pente auto-glissante, ou alors que certains indicateurs macro sont alarmants, qui sait. Le réchauffement brutal du conflit entre Israël et le Hamas semble trop récent pour avoir influencé la Réserve Fédérale. Quoi qu’il en soit, la seule idée d’une réouverture potentielle du tant fantasmé robinet de liquidités fait ronronner les intervenants d’aise, et Wall Street de se laisser aller à un retour d’optimisme depuis trois séances.

Une bonne nouvelle arrive rarement seule on le sait. Hier la rumeur d’un plan de soutien de Pékin à son économie refait surface (probablement pour la 54e fois cette année…). L’agence Bloomberg révèle que le politburo Chinois envisage d’augmenter son déficit budgétaire 2023 afin de déployer une série de mesures pour doper son économie. C’est parfaitement vague et intangible mais le marché prend et envoie les valeurs minières et du luxe européennes vers le nord, ce qui explique en partie la très bonne tenue de l’indice Eurostoxx 50 mais aussi celle du CAC40 (+2,01%). On apprécie aussi les résultats trimestriels de PepsiCo dans les salles de marché, la firme concurrente de Coca-Cola bat les attentes au troisième trimestre et relève ses perspectives de bénéfices pour l’année. Pepsi a relevé ses prix une nouvelle fois, le consommateur reste présent, c’est assez surréaliste mais que voulez-vous… au final le titre progresse de 1,88% sur la séance et rassure bon nombre d’investisseurs au sujet du consommateur américain.

Les rendements obligataires prennent la route du sud, le 10 ans US traitait à 4,88% vendredi après la publication du rapport américain sur l’emploi, il évolue ce matin à 4,62%. Le 2 ans se bat avec le niveau de 5. Cette détente plus que bienvenue permet aux indices d’actions de reprendre les choses en mains, l’indice S&P500 (SPX) clôture à 4358 points, il est tenu en respect par sa moyenne mobile à 100 jours qui évolue actuellement à 4397 points, mais sa configuration technique s’améliore. Le Nasdaq100 (NDX) casse sa 50 jours après avoir franchi sa 100 jours la veille. Le NDX récupère au passage le niveau de 15'000 points, la 50 dma devient de facto un support, à 15083 points contre 15131 points à la cloche. L’indice Russell2000 (RTY) surperforme ses grand-frères, il réintègre son canal légèrement haussier et regarde désormais sa 200 jours à 1842 points, clôture à 1775 points. Notez qu’une death cross devrait se produire sur l’indice demain ou vendredi. La volatilité recule de 3,3%, le VIX se pose à 17,03 et casse sa propre 200 jours, objectif technique 15,91 (50 dma), puis 15,20 (100 dma). Le dollar est stable voire faiblard, la paire EUR/USD tente ce matin de repasser au-dessus de 1,0600. Le pétrole est de retour au-dessus de 86 dollars par baril de WTI Light Crude et l’or progresse à 1864 dollars par once. Les volumes d’échanges sont faibles sur le SPX.

Dix des 11 secteurs du SPX progressent sur la journée, le vilain petit canard de ce mardi étant l’énergie, qui ne rend que 0,02% ceci dit. Le podium du jour se compose des utilities, de la consommation discrétionnaire et des materials.

Notons au passage que le sentiment général du marché est en baisse et que les indicateurs techniques sont «survendus». En octobre 2022, le sentiment était presque aussi déprimé qu'aujourd'hui, en mars de cette année aussi.

Arrêtons-nous un instant sur les petites et moyennes capitalisations américaines. L'indice Russell 2000 reste dans une fourchette de trading horizontale depuis son sommet atteint à la fin de 2021 et a pris un retard considérable de 13 points de pourcentage cette année par rapport à l'indice Russell 1000 des grandes capitalisations. Historiquement, les petites et moyennes capitalisations sont efficaces pour signaler les récessions, mais ce sont aussi celles que les investisseurs ont le plus intérêt à détenir une fois qu'elles se sont matérialisées. Au cours des 11 dernières récessions, l'indice des petites capitalisations géré par MSCI a à chaque fois battu les grandes capitalisations dans les 12 mois qui ont suivi la déclaration de récession, les devançant en moyenne de 16,5%. Les petites entreprises sont confrontées à des difficultés inhabituelles en raison de la hausse des taux d'intérêt, une part importante de la dette des petites entreprises est à taux variable plutôt qu'à taux fixe et dépend des banques récemment en difficulté plutôt que du marché obligataire. Bon, le seul hic là-dedans est de savoir où ou quand se trouve cette satanée récession que tout le monde ou presque nous annonce depuis plus d’un an…

Antony Blinken se rendra en Israël cette semaine en signe de «solidarité et de soutien» suite aux attaques du Hamas. Recep Tayyip Erdogan critique les États-Unis pour avoir envoyé un groupe de navires de guerre en Méditerranée orientale.

Les élections polonaises de dimanche seront serrées, et le résultat pourrait donner lieu à des semaines d'agitation, le parti vainqueur tentant de mettre sur pied une coalition gouvernementale. Ce qui est clair, cependant, c'est que le scrutin promet non seulement de décider si Varsovie s'éloigne davantage de l'Europe occidentale sur le plan social et politique, mais aussi si le continent peut rester uni dans son soutien à l'Ukraine.

Au menu macro-économique du jour, l’Allemagne a publié ce matin la lecture de son inflation de septembre, sortie pile en ligne avec les attentes, mais ce sont les prix à la production américains de septembre qui focaliseront l’attention à 14h30, ainsi que les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00).

LVMH affiche une croissance organique de 14% au troisième trimestre, en ralentissement. La division mode & maroquinerie croît de 9%, contre 11,2% anticipé. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 815 euros à 805 euros. Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 965 euros à 950 euros. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 870 euros à 835 euros. Mediobanca maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 935 euros à 897 euros. Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer/en ligne avec un objectif de cours réduit de 900 euros à 860 euros. RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 810 euros à 800 euros.

Les actions Birkenstock placées à 46 dollars pièce dans le cadre de l'IPO à New York. Samsung Electronics progresse de 3,1% à Séoul après des trimestriels en vive baisse, mais qui signalent que le plus dur est peut-être passé pour le secteur.  Aux dernières rumeurs, Exxon Mobil paierait plus de 250 dollars par action Pioneer Natural Resources. BP Plc relève sa prévision d'Ebitda pour 2030 (NDLR: 2030 mazette!). Boeing peine à tenir la cadence de livraisons d'appareils cette année. Apple va déployer une mise à jour pour l'iPhone 12. KKR envisage de vendre Q-Park pour 4,2 milliards de dollars. Advanced Micro Devices conclut un accord pour acheter la société de logiciels d'intelligence artificielle Nod.ai.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,6% à la cloche, Hong Kong gagne 1,45%, Shanghai avance de 0,12% et Séoul monte de 1,98%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,5%.

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