Gonet: l'actualité des marchés au 12 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,19%, S&P 500 +0,43%, Nasdaq +0,71%, Russell -0,15%, SOX +0,73%, Eurostoxx -0,11%, SMI +0,33%.

Chers ours, ce fut un plaisir…

Il est chouette le marché, un peu comme Eudes, le copain bagarreur du petit Nicolas, plutôt binaire et ces jours cela se voit mais alors gros comme une maison.

Récapitulons, on oublie tous les dossier qui occupent les analystes, on les remplace par la Fed et les déclarations récentes de nombreux de ses membres, en ne retenant que celles des faucons et que constate-t-on? Et bien que la Réserve Fédérale est en train de capituler en direct, elle rend les armes, un genou à terre, les taureaux gagnent une fois de plus (Red Bull? Je sors…). Ça a commencé il y a quelques jours, les uns après les autres ils sont montés sur un podium pour nous dire que le temps de faire une pause est venu, que le danger d’aller trop loin dans le processus de hausses de taux guette et que la croissance économique des Etats-Unis se porte plutôt bien. Ça continue hier avec Raphaël Bostic (Fed d’Atlanta) qui déclare tout simplement que «la Fed peut rester tranquille pour l’instant». En parallèle, les minutes de la dernière réunion de septembre sont publiées hier soir, qui montrent que, au-delà de leur volonté de maintenir une politique restrictive pendant un certain temps, les membres de la Réserve Fédérale notent que les risques sont devenus «plus contradictoires», lisez que le danger de la hausse de trop commence à les préoccuper, personne au sein du FOMC ne veut faire partie de la bande qui aura tué la croissance économique américaine dans l’œuf et provoqué une période de stagflation.

C’est donc dans un ciel envahi de colombes que Wall Street réalise sa quatrième séance consécutive de hausse hier. On vend la peau de l’ours sur les parquets de trading, l’ambiance est plutôt détendue, la volatilité glisse de 5,5%, le VIX clôture à 16,09, il regarde désormais sa  moyenne mobile à 50 jours, qui évolue actuellement à 15,91. Ensuite ce sera la 100 jours à 15,16, puis on commencera à se gratter la tête quant à la suite (et on achètera de la volatilité à bon compte). Le marché se fiche comme de sa dernière chemise de la publication de l’indice américain des prix à la production qui ressort légèrement au-dessus des attentes, du moment que la Fed a rendu les armes, plus rien d’autre ne compte ou presque. Le marché des Fed Funds prévoit désormais 91% de probabilités que Jerome Powell et se amis ne montent pas les taux lors de la réunion de novembre, il y a une semaine ce pourcentage s’élevait à 77%.

L’indice S&P500 (SPX) termine la séance proche de son plus haut du jour, les volumes d’échanges restent modérés, le breadth est positif à raison de 3-2 sur le SPX, côté secteurs le podium du jour se compose de l’immobilier, des utilities et des services de communication. L’énergie porte le bonnet d’âne, emportée par la décrue du pétrole, le baril de WTI Light Crude glisse à 83,71 dollars, la presse américaine souligne que l’Iran aurait été pris par surprise par les événements du weekend passé. Le SPX regarde désormais sa moyenne mobile à 100 jours dans le blanc des yeux. Il clôture à 4376 points contre la 100 dma à 4399 pts. Le Nasdaq100 (NDX) fait mieux que son grand frère hier, les 7 magnifiques sont en pleine forme et portent la cote. Le NDX en profite pour s’éloigner de sa 50 jours, il clôture pile sur une résistance importante (15241 points), le haut du canal baissier entamé en juillet, s’il la casse attention à la probabilité d’un short squeeze massif. Les petites et moyennes capitalisations boudent la fête, l’indice RTY recule légèrement sur la journée, l’armée refuse de suivre les généraux sur la colline, du moins pour l’instant.

En Europe, le SMI vous salue bien, il s’éloigne de sa 50 jours et a désormais sa 100 jours dans le viseur. En revanche, cela ne se passe pas bien à Paris hier, le CAC40 perd 0,44%, pénalisé par la baisse de 6,5% de LVMH suite à ses résultats. Pendant ce temps-là au joyeux Royaume du Danemark, Novo Nordisk n’en finit pas de grimper. Le titre gagne 5% supplémentaires hier, après qu’une étude a montré que son médicament phare contre le diabète Ozempic peut aussi retarder la progression de maladies rénales. Résumons: à la base Ozempic est supposé combattre le diabète. Avec le temps on a réalisé qu’il est diablement efficace pour couper la faim ainsi que réduire l’envie de boire de l’alcool mais aussi de fumer. Hier on comprend qu’Ozempic est aussi bon pour les reins. À mon avis, d’ici quelques semaines il remplira notre déclaration d’impôts et fera la vaisselle. Quoi qu’il en soit, problème de riches, le PIB du Danemark a gagné 1,7% sur les six premiers mois de l’année, sans Novo Nordisk il eût été légèrement négatif. La capitalisation boursière de la firme danoise est désormais seule au vieux monde, elle est aussi plus importante que le PIB du Danemark.

On revient à Wall Street avec un dollar en mode détente, la paire EUR/USD grappille du terrain et remonte à 1,0629, de leur côté les rendements de bons du Trésor US poursuivent leur décrue, le 10 ans, qui traitait à 4,88% vendredi après-midi passé, recule à 4,55% ce matin et font face à leur ancienne résistance de 4,50%, devenue de facto un support désormais. Il y en a un qui ne fait pas de bruit mais relève singulièrement la tête depuis le début de la semaine. L’or est de retour à 1881 dollars par once. Oh ce n’est certes pas encore Broadway, mais vendredi le métal jaune se trainait à 1810 dollars, puis le weekend a apporté son lot de nouvelles et on est venu se réfugier (mais pas massivement) dans la relique barbare. Le repli des taux obligataires y est probablement aussi pour quelque chose.

En zone Euro, Boris Vujcic (gouverneur de la Banque Centrale de Croatie) déclare qu'il est trop tôt pour crier victoire sur l'inflation. De son côté, Martins Kazaks (gouverneur de la banque de Lettonie) indique à Econostream qu'il n’est peut-être pas nécessaire de procéder à d'autres augmentations, mais que l'option devait être maintenue.

Aux Etats-Unis, les républicains désignent Steve Scalise comme prochain président de la Chambre des représentants pour succéder à Kevin McCarthy. Bien que la majorité du GOP le soutienne, la lutte qui s'annonce autour de son élection risque de retarder la réponse des États-Unis aux échéances budgétaires.

Au menu macro-économique du jour, cap sur les Etats-Unis avec le très attendu et important rapport sur l’inflation de septembre (14h30), les nouvelles demandes d'allocations-chômage (14h30) et les stocks de brut DOE (17h00).

Givaudan enregistre une contraction de 3,5% de ses revenus sur neuf mois et ne fait pas de prévisions sur l'année. Microsoft reçoit 28,9 milliards de dollars (oui, milliards…) de demandes d'arriérés d'impôts aux Etats-Unis. De manière plutôt surprenante, la firme conduite par Satya Nadella va contester ce montant. Birkenstock se prend les pieds dans le tapis et chute de 12% pour son entrée en bourse, pas top du tout et cela pose question quant à l’état de santé actuel du marché des IPOs. L'UAW ferme la plus grande usine de Ford, la grève se durcit dans l'automobile aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tout en hausse, sans exception. Tokyo gagne 1,75% à la cloche, Hong Kong progresse de 2,03%, Shanghai de 0,94% et Séoul monte de 1,21%. L’ombre désormais apparemment bienveillante de la Fed plane sur les indices d’actions du globe. Le future SPX gagne 14 points et l’Europe ouvre en progression de 0,4%.

Tout le monde sur le pont à 14h30 pour l’indice des prix à la consommation, je suis fort curieux de voir la réaction du marché si le CPI ressort au-dessus des attentes.

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