Gonet: l'actualité des marchés au 12 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +2,5%, Dow +0,58%, SPX +1,04%, Russell +2,3%, SOX +4,09%, Eurostoxx +0,67%, SMI -0,24%.

Wall Street est en train de réaliser un des plus beaux «short squeeze» de valeurs technologiques de ces dernières années. Il y a quelques jours encore, tout un chacun s’accordait à dire que «la technologie c’est fini, qu’on ne m’y reprenne plus, je me tourne vers les cycliques et les actions dites de valeur». La relative stabilisation des taux obligataires depuis mardi a ravivé l’appétit des investisseurs pour les actions et notamment celles de croissance. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans avait dépassé les 1,60% lundi (rappelons que le rendement du dividende du S&P500 (SPX) est de 1,47%), pour baisser graduellement et atteindre 1,47% hier matin. Oh, les raisons de baisser ne manquaient pas. Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ressortent légèrement mieux que prévu, mais restent élevées à 712'000, la Banque Centrale Européenne (BCE) annonce qu’elle va accélérer le rythme d’achat d’obligations durant un trimestre et ce dès aujourd’hui et l’émission de 24 milliards de dollars par le Trésor des Etats-Unis rencontre une demande solide (bid to cover ratio de 2,28 contre 2,18 lors de la précédente émission). Ceci étant dit, le rendement du 10 ans entame une remontée en séance et clôture à 1,54%, pour traiter à 1,58% ce matin, la volatilité du début de semaine ne s’est donc pas évaporée, pas encore. D’ailleurs, le MOVE Index, le pendant obligataire du VIX termine sa séance en hausse, nous indiquant que les taux devraient poursuivre leur remontée.

Les yeux des intervenants sont rivés sur le 10 ans US mais sa remontée de fin de séance n’empêche pas les indices de poster de nouveaux records historiques (Dow Jones, SPX et Russell2000 (RTY)). Il faut dire que les robinhooders sont de retour dans la danse depuis quelques séances et s’en donnent à cœur joie, probablement encouragés par la promulgation du plan de soutien de 1900 milliards de dollars par Joe Biden, les chèques de 1400 dollars vont bientôt commencer à tomber dans les boites aux lettres. On ne s’étonne du coup pas que les secteurs les plus recherchés hier soient risqués et à forts BETA. Voyez plutôt: solaire +9,3%, cannabis +7,8%, jeux de hasard +4,9%, réseaux sociaux +4,5%, semi-conducteurs +4,1%, FANG +3,9%, Cloud +3,8%, valeurs chinoises cotées au NYSE +3,8%, Internet +3,7%, Fintech +3,7%, Autos +3,5%, Materials +3,4%. Les volumes d’échanges ralentissent considérablement et la volatilité recule, le VIX en baisse de 2,88% à 21,91. Je ne sais pas pour vous mais un VIX en si faible baisse, dans un marché si haussier, me fait penser que la volatilité reste bien demandée et c’est en soit une bonne chose, cela nous indique que de nombreux intervenants ne baissent pas leur garde et protègent leurs portefeuilles, ce qui en théorie limite les risques de forte baisse si les marchés se mettent à nouveau à tanguer. Mais ce rendement du 10 ans qui remonte reste une préoccupation, surtout s’il remonte vite.

Quoi qu’il en soit, la semaine est bien partie pour constituer un cauchemar de plus pour les ours (bears). Le Dow Jones a gagné 2100 points en 5 séances, le RTY est en hausse de 12% depuis jeudi passé et le NDX a récupéré 6% de son plus bas récent.

Le pétrole reprend sa marche en avant, le baril de WTI Light Crude traite à 65,60 dollars à l’annonce que l'armée israélienne cible des navires iraniens transportant du pétrole vers la Syrie.

Les demandes initiales d’allocation chômage ont donc diminué la semaine dernière (712'000 contre 725'000 attendues), signe que l’allégement des restrictions, lui-même lié au rythme soutenu de vaccination (19% de la population a reçu une première dose) favorise le marché de l’emploi. La hausse inattendue des emplois à pourvoir en janvier envoie également un signal positif, d’autant que le plan de relance à venir contribuera lui aussi à soutenir la consommation des ménages.

Hier c’était jour de Banque Centrale Européenne. La BCE a très clairement indiqué son intention d’augmenter significativement ses achats d’actifs à partir d’aujourd’hui et durant un trimestre, en réaction à un équilibre qu’elle juge dégradé entre les perspectives de croissance et d’inflation d’un côté et le constat des conditions financières de l’autre. L’institution a aussi acté par écrit le fait que les achats d’actifs seront flexibles entre les juridictions, un élément auparavant communiqué seulement à l’oral, lui donnant ainsi davantage de poids, ce qui se retrouve dans la détente du spread entre les taux souverains italien et allemand à 10 ans (-5 pb à 93 pb). Après des prises de position très contrastées ces dernières semaines par les membres de la BCE, ces décisions sont le fruit d’un compromis, un point qui reste crucial pour Christine Lagarde, tout comme la flexibilité que se laisse l’institution dans la conduite de ses achats d’actifs, fonction de critères multiples, les taux nominaux en étant seulement un parmi d’autres, comme les conditions d’octroi de crédit par les banques par exemple. Enfin, Christine Lagarde a tenu à souligner que l’institution prévoit un pic d’inflation temporaire, dû à des événements conjoncturels et non récurrents. Notons que les prévisions d’inflation à horizon 2022 sont inchangées, notamment en raison de la vigueur persistante de l’euro et d’autant que la BCE précise ne pas avoir, pour l’heure, intégré le plan de relance de l’administration Biden.

Joe Biden annonce que son calendrier de vaccination permettra à de petits groupes de célébrer le 4 juillet. Le Portugal prévoit d'ouvrir les écoles maternelles le 15 mars. La Corée du Sud étend les règles de distanciation sociale. Le Brésil a de nouveau enregistré plus de 2’000 décès quotidiens.

La version finale de l'inflation allemande de février (sortie pile en ligne avec les attentes) et le PIB mensuel britannique (nettement moins faible qu’attendu) ont lancé la journée. La production industrielle européenne suivra à 11h00, avant l'indice des prix à la production de février (14h30) et l'indice de confiance des consommateurs de l'université du Michigan de mars (16h00) aux États-Unis.

L'Europe autorise à son tour le vaccin de Johnson & Johnson contre la Covid-19. Xiaomi flambe après avoir annoncé un programme de rachat d'actions de 10 milliards de HKD. Baidu espère lever jusqu'à 3,6 milliards de dollars US via une cotation à Hong Kong. Les rumeurs se font plus insistantes sur un nombre de livraisons de vaccin AstraZeneca bien plus faible que prévu à l'Europe au second trimestre. La société de paiement Flylwire se prépare à entrer en bourse. Verizon lance une émission obligataire géante de 25 milliards de dollars en neuf tranches. Coupang flambe à son tour pour son entrée en bourse. Lonza étend son accord de production avec Altimmune contre la Covid-19. Le candidat-vaccin de Novavax contre le coronavirus affiche un taux d'efficacité élevé contre la souche initiale de covid, mais faible contre le variant sud-africain.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo progresse de 1,73% à la cloche, Hong Kong recule de 1,71%, Shanghai avance de 0,47% et Séoul gagne 1,35%. Le future SPX rend 0,3%, son compère du NDX perd 1,1% et l’Europe est indiquée en recul de 0,3% à l’ouverture de 9 heures. Le dollar a reculé quelque peu, la paire eur/usd à 1,1948 et l’or fait de même, l’once à 1711 dollars. C’est le rendement du 10 ans US qui mène la danse ces jours, à suivre de près.

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