Bonds Europe: détente des taux sur fond d’aversion au risque

AWP

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Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a baissé à 0,239% contre 0,255% jeudi soir.

Les taux d’emprunt en zone euro poursuivaient leur détente vendredi, le marché obligataire restant convoité dans un contexte d’aversion au risque prononcé sur fond de craintes pour la croissance mondiale.

«Les taux ont quitté leur plus bas niveau récent mais ont connu un rebond limité, signe que les inquiétudes des marchés portant sur la croissance économique mondiale ne sont pas dissipées», a commenté auprès de l’AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

Les rendements obligataires, qui ont commencé à remonter en fin de semaine dernière, sont en effet repartis à la baisse depuis mercredi.

«Ce qui avait redonné du baume au coeur aux marchés et provoqué ce rebond des taux, c’était d’une part les chiffres de l’emploi américain publiés vendredi dernier qui étaient tout à fait impressionnants, ainsi que les perspectives d’un accord sino-américain», a détaillé M. Bourguignon.

Mais «il y a malgré tout eu des chiffres économiques médiocres ici ou là qui continuent d’entretenir le malaise des marchés de taux, ainsi que le fait que les banques centrales, de façon un peu pointilliste, distillent l’idée qu’elles pourraient plus ou moins (revoir) leurs prévisions» en matière de resserrement monétaire, a expliqué le spécialiste.

Selon lui en effet, il y a longtemps «que l’on n’avait pas observé une telle divergence entre le scénario économique des marchés et celui des banques centrales tel qu’il est encore officiellement connu aujourd’hui».

Ainsi «les marchés ne croient plus du tout à la poursuite du relèvement des taux américains, justifiant cela par leur pessimisme sur la croissance et l’inflation, ni à une hausse des taux de la BCE en 2019», a détaillé M. Bourguignon.

Jeudi, une remarque du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, qui a indiqué que le bilan de l’institution serait «considérablement moins élevé qu’il ne l’est actuellement», a brièvement déstabilisé les marchés américains alors que l’institution semblait avoir au cours des derniers jours réussi à rassurer des investisseurs très nerveux.

Or, «plus que jamais, les indicateurs économiques vont départager les deux scénarios», celui des marchés et celui des banques centrales, selon M. Bourguignon.

A ce sujet, les prix à la consommation aux Etats-Unis ont reculé de 0,1% en décembre sur un mois, comme s’y attendaient les analystes, à cause de la chute des prix de l’énergie, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié vendredi par le département du Travail.

Nous avons «des marchés obligataires peu actifs mais qui restent visiblement préoccupés avec des banques centrales un peu désorientées», a conclu le spécialiste, ajoutant que «le bruit de fond des marchés est le pessimisme économique».

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a baissé à 0,239% contre 0,255% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, terminant à 0,664% contre 0,674% la veille, tout comme celui de l’Espagne, à 1,445% contre 1,451%, et de l’Italie, à 2,854% contre 2,888%.

Après le succès de jeudi, le gouvernement italien a de nouveau placé vendredi un total de 6,5 milliards d’euros d’obligations: 3 milliards à échéance trois ans, 2,25 milliards à échéance sept ans et 1,25 milliard à échéance trente ans.

L’opération a rencontré une forte demande et s’est traduite par des taux en baisse pour les obligations à trois et sept ans, témoignant d’un relâchement de l’inquiétude grâce à l’accord conclu avec la Commission européenne sur son budget le 19 décembre. Le taux pour les obligations à 30 ans a en revanche augmenté par rapport au dernier placement datant de mi-septembre.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans a de son côté progressé à 1,298% contre 1,274% alors que les inquiétudes se faisaient de plus en plus vives concernant la possibilité d’un Brexit sans accord, à quelques jours d’un vote crucial du Parlement britannique qui pourrait causer de l’agitation sur les marchés financiers.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans évoluait en net repli à 2,697% contre 2,742% jeudi, celui à 30 ans baissait à 3,026% contre 3,063%. Celui à deux ans s’établissait pour sa part à 2,538% contre 2,575%.

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