Depuis 2001, Indosuez Wealth Management développe des solutions d’investissement sur les marchés privés. Destinées principalement à la clientèle de la banque privée, cette offre commercialisée sous la marque Tiera Capital est structurée sous la forme de véhicules de droit Luxembourgeois. Lancée par Olivier Carcy, désormais CEO de l’entité CA Indosuez Wealth (Europe), l’activité, désormais dirigée par Nicolas Renauld s’est peu à peu étoffée. Elle couvre désormais les principaux segments de la classe d’actifs via des stratégies thématiques spécifiques ce qui permet de mettre en œuvre une approche de construction de portefeuille de qualité institutionnelle au bénéfice des investisseurs. Indosuez offre en effet aux investisseurs l’éventail complet des segments de l’investissement non coté: private equity, dette privée, immobilier et infrastructure, avec une gamme de fonds primaires, de transactions secondaires et de co-investissement. Tour d’horizon avec Florian Ménard, Head of Investor Relations Private Markets, et Sophie Bourroux Private Markets Investor Relations.
Quel est votre univers d’investissement?
Notre principal segment d’investissement est le private equity nous opérons une sélection des meilleurs fonds existants grâce à notre accès historique à des General Partners (GP) «best-in-class». Au-delà du marché primaire dans lequel nous réalisons près d’une trentaine d’investissement par an, nous avons également développé une capacité à réaliser des transactions sur le marché secondaire ainsi que des co-investissements avec nos partenaires. Par ailleurs, nous nous positionnons également sur le crédit et sur les actifs réels, immobilier et infrastructure. En matière de private equity, nous privilégions les entreprises de taille moyenne, c’est-à-dire celles valorisées entre 30 millions et 1 milliard d’euros, qui sont mieux décorrélées des indices boursiers. Sur le crédit privé, nous ciblons les actifs de dette subordonnée (crédit structuré, flexi capital) dont la performance attendue est proche de celle du private equity tout en offrant une protection à la baisse. Enfin, sur les actifs réels – infrastructure et immobilier -, notre approche est de type «opportuniste». Notre exposition géographique porte sur les pays développés, Amérique du Nord, Europe de l’Ouest et Asie-Pacifique. Sectoriellement, nous tendons à surpondérer les tendances de long terme en investissant sur la santé, le digital, l’éducation, l’industrie agroalimentaire et les services aux entreprises.
«Ce que nous recherchons essentiellement est la capacité des gérants à réaliser des transformations opérationnelles majeures au sein des entreprises investies pour créer de la valeur.»
Quel est le volume de votre activité?
Nous procédons à plus de 50 investissements par an, grâce à une équipe entièrement interne de plus de 40 professionnels (dont 17 professionnels de l’investissement essentiellement basés à Genève). A ce jour, nous accompagnons et conseillons plus de 3'000 clients, représentant plus de 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion, et un rythme annuel d’investissement de l’ordre de 50 transactions dont 30 fonds primaires, 10 co-investissements et 10 transactions secondaires.
Comment opérez-vous les sélections?
Pour les fonds primaires, nous identifions des opportunités par le biais de nos réseaux, de bases de données et d’évènements annuels mondiaux, aussi nous tendons à réinvestir chez les gérants avec lesquels nous travaillons lorsqu’ils lancent un nouveau millésime et que nous sommes très satisfaits de la relation et des performances. Ce que nous recherchons essentiellement est la capacité des gérants à réaliser des transformations opérationnelles majeures au sein des entreprises investies pour créer de la valeur. La stratégie qui consistait à profiter de l’effet de levier ne porte plus de fruits. Il faut s’assurer que tant les gérants de fonds que les équipes de direction des sociétés sous-jacentes vont durer sur le long-terme. Dès lors, au-delà de l’expertise de l’équipe et de sa capacité à développer les entreprises du point de vue opérationnel, nous sommes attentifs à la rotation du personnel, aux modes de rémunération qui doivent garantir également l’alignement d’intérêt ainsi qu’à la bonne entente des équipes. En ce qui concerne les transactions secondaires, nous avons développé un réseau important de GP qui nous offre l’opportunité d’identifier des transactions intéressantes et une capacité à évaluer correctement le prix. Grâce à notre connaissance approfondie du marché nous cherchons à bénéficier d’asymétrie d’information. Quant aux co-investissements, nous ne les exécutons qu’avec des GP que nous connaissons bien et depuis longtemps car il s’agit d’une exposition potentiellement plus risquée compte tenu du degré de concentration. L’entreprise investie doit de préférence évoluer dans un secteur caractérisé par de fortes barrières à l’entrée et d’un potentiel de croissance, démontrer une activité non cyclique, des cashflows récurrents et une base clientèle très diversifiée pour limiter le risque.
Quel est, en pratique, votre processus?
Nous identifions et recevons de nombreuses opportunités chaque semaine. Celle-ci nécessitent une identification de premier abord pour établir si elles entrent dans nos critères. S’il y a intérêt, le processus comporte deux étapes : un premier passage devant notre comité d’investissement hebdomadaire au terme duquel les membres du comité votent. Si l’opportunité passe ce cap, elle fera l’objet d’une due diligence très approfondie (objet d’un rapport pouvant atteindre une cinquantaine de pages) pour accéder à la phase 2 qui permettra la décision d’investissement. Pour les fonds primaires, notre expérience de plus de deux décennies dans la classe d’actifs nous permet d’appliquer la plus grande sélectivité. Pour les transactions secondaires et les co-investissements, nous nous rapprochons des autres investisseurs et de l’entreprise elle-même avant de prendre une décision finale.
Comment vos investissements se comportent-ils à travers les différents cycles économiques?
De manière générale, mieux que leurs équivalents cotés. Le caractère long terme de la classe d’actifs et la valorisation trimestrielle des actifs induit une moindre volatilité. Toutefois, certains actifs se comportent moins bien que d’autres, par exemple le commerce de détail pendant la pandémie. D’autres résistent mal à l’inflation et à la hausse des taux. Pour mieux tirer parti des tendances de long terme en diminuant la cyclicité de l’exposition, nous avons lancé en 2021 une stratégie d’infrastructure. Enfin, de manière générale nous recommandons aux investisseurs de prendre des engagements régulièrement en private equity afin d’être exposé à différents cycles économiques et protéger le capital investi sur le long terme.
Quelles sont les tendances actuelles du marché?
Nous aimerions rappeler que l’univers d’investissement se compose à 90% d’actifs non cotés et 10% d’actifs côtés par conséquent, les opportunités y sont infiniment plus nombreuses. Certes, certains investisseurs (répugnent à l’absence de liquidité mais nous estimons que minimum 10% d’une allocation globale doivent être consacrés aux marchés privés et observons que les jeunes investisseurs sont très attirés par cette classe d’actifs dont l’aspect «investissement réel» séduit car il permet mieux de mettre en œuvre leurs convictions. Par ailleurs, l’expansion du marché secondaire permet d’augmenter la liquidité ce qui rend les marchés privés plus attractifs. En outre, il existe une forte traction de la part des investisseurs institutionnels qui cherchent à accroitre leur allocation aux actifs privés. Quant aux grandes transformations économiques et sociales (transition énergétique, relocalisation, vieillissement démographique, digitalisation…), elles vont nécessiter de plus en plus de financements privés. Tant du côté de l’offre que de la demande, nous avons la conviction que les marchés privés sont en pleine expansion.
La hausse des taux d’intérêt n’a-t-elle toutefois pas eu un impact négatif?
La hausse des taux a un peu bouleversé le private equity et exigé une révision du modèle pour diminuer la dette (leverage). Elle a entrainé un ralentissement du marché pendant 12 à 18 mois et mis une forte pression sur les gérants au cours des derniers trimestres pour procéder à des distributions. Mais la reprise des fusions et acquisitions en début d’année et la dissipation de certaines incertitudes sur le plan macroéconomique a permis quelques belles sorties pendant l’été, aussi nous pensons que l’anticipation de la baisse des taux continuera à soutenir l’activité dans les prochains trimestres.