Le patron d’Helvetia demande une assurance pandémique obligatoire

AWP

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«Le secteur ne pourrait pas couvrir à lui tout seul les pertes dues à une épidémie dont l’échelle est mondiale», estime Philipp Gmür.

Pour Philipp Gmür, directeur de l’assureur Helvetia, les risques liés à une pandémie ne sont pas assurables. Le secteur ne pourrait pas couvrir à lui tout seul les pertes dues à une épidémie dont l’échelle est mondiale, a-t-il estimé dans une interview publiée mercredi aux journaux CH Media.

L’ampleur des sinistres au cours d’une pandémie et le fait que les dommages se produisent partout et en même temps sont les raisons pour lesquelles ce risque n’est pas assurable, estime M. Gmür. «Dans le cas du nouveau coronavirus, la Banque mondiale calcule des pertes globales de 4500 milliards de dollars. Cela représente 5% de la production économique du globe», assène-t-il.

Pour rembourser une telle somme, le patron du groupe saint-gallois calcule que le secteur de l’assurance devrait consacrer 150 ans de recettes de primes d’assurance pour couvrir ses pertes. «Ce n’est tout simplement pas faisable», selon lui.

Un partenariat entre le public et le privé

La meilleure des protections pour M. Gmür, c’est une solution de partenariat entre le secteur public et le secteur de l’assurance, qu’il a baptisé l’assurance pandémie dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). Le secteur en discute d’ailleurs avec les autorités fédérales depuis le printemps dernier.

Dans le cadre d’un PPP, le Conseil fédéral devrait assumer une plus grande part des pertes, d’après le dirigeant d’Helvetia. Il considère de plus qu’il faudrait un système obligatoire pour garantir le paiement des primes par chacun.

«Un système obligatoire aurait probablement besoin d’une base constitutionnelle et donc d’un référendum, et cela prendra du temps», prévient Philipp Gmür.

Procédures judiciaires en cours

Au printemps dernier, Helvetia elle-même a proposé à ses clients assurés contre les épidémies, principalement dans le secteur de la restauration, de conclure un arrangement pour couvrir les pertes liées au Covid-19. Une décision prise «aussi parce que la situation juridique était contestée», se défend M. Gmür. En Suisse, 95% des entreprises concernées ont accepté un tel accord, contre la moitié seulement en Allemagne.

Certains établissements de restauration ont toutefois engagé des poursuites contre Helvetia pour réclamer des dommages et intérêts. «En Suisse, une poignée de procédures judiciaires sont en cours jusqu’à présent, aucune n’est parvenue à son terme», indique le dirigeant. En Allemagne par contre, quatre procès ont été gagnés par l’assureur et un perdu en première instance.

Le patron précise que désormais, les dommages causés par une épidémie ou une pandémie ne sont plus assurables auprès du groupe saint-gallois.

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