Julius Baer panse les plaies de l’affaire Signa au premier semestre

AWP

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Sur les six premiers mois de 2024, le produit d’exploitation a baissé de 4% à 1,94 milliard de francs, alors que le résultat ajusté avant impôts a reculé de 14,5% à 550,8 millions.

Julius Baer a continué à lentement se remettre au premier semestre des conséquences de l’affaire Signa. Le gestionnaire de fortune, qui vient de nommer un nouveau patron, a confirmé ses objectifs financiers et a resserré la vis au niveau des coûts.

«Après un début d’année difficile, Julius Baer regagne en vitesse», a estimé le directeur général par intérim Nic Dreckmann. Le dirigeant, qui remettra début 2025 les commandes de la banque à Stefan Bollinger, s’est félicité d’avoir pu continuer à embaucher des conseillers clientèle tout en «poursuivant les mesures pour augmenter l’efficience».

Le recrutement de ces conseillers est crucial pour gagner de nouveaux clients et générer des afflux d’argent nouveau. Alors que l’établissement veut supprimer cette année 250 postes, il compte parallèlement recruter 50 à 60 conseillers clientèle, dont 21 ont déjà été embauchés.

Les entrées de liquidités, qui mesurent également la confiance des clients dans la banque, se sont en effet nettement taris au premier semestre à 3,7 milliards de francs, après 7,1 milliards de francs au premier semestre 2023.

Le groupe a subi des sorties de fonds en janvier, mais est parvenu à inverser la tendance par la suite pour afficher sur la période une croissance de 1,7%. Des apports importants ont néanmoins été enregistrés au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, en Inde, à Singapour et aux Emirats arabes unis, a détaillé la banque.

Fin juin, Julius Baer gérait des avoirs à hauteur de 473,8 milliards, en hausse de 11% comparé à la fin de l’année dernière, grâce à la bonne performance des marchés, des effets positifs de changes et les apports d’argent frais.

Face aux lourds amortissements de 600 millions de francs inscrits dans le cadre des crédits accordés au groupe autrichien en faillite Signa, l’établissement zurichois avait lancé un programme de réduction des coûts initialement devisé à 120 millions de francs d’ici fin 2024. Mais après avoir déjà atteint ce montant fin juin, le groupe a relevé son objectif d’économies à 145 millions d’ici 2025.

Après la déconfiture enregistrée avec les prêts accordés à Signa, Julius Baer avait également annoncé sortir des activités de dette privée. Alors que ces prêts à sa riche clientèle atteignaient 0,8 milliard fin 2023, ce montant a été ramené à 0,6 milliard fin juin. D’ici fin 2026, ils ne devraient plus totaliser que 100 millions.

Julius Baer a également enfin trouvé un nouveau directeur général, mettant fin à des mois de recherche. Stefan Bollinger, actuellement associé de la banque américaine Goldman Sachs, prendra au plus tard début février 2025 les commandes, succédant à Philipp Rickenbacher, parti après l’affaire Signa, avait indiqué la société mardi.

«Du pain sur la planche»

La performance financière a quant à elle été en repli généralisé. Sur les six premiers mois de 2024, le produit d’exploitation a baissé de 4% à 1,94 milliard de francs, pénalisé par une chute de 52% du résultat des opérations d’intérêt.

Le résultat ajusté avant impôts a du coup reculé de 14,5% à 550,8 millions et le bénéfice net selon la norme comptable IFRS a atteint 452 millions, en chute de 15% sur un an.

Ces chiffres clés sont mitigés comparés aux prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP. Alors que les afflux de fonds et les avoirs sous gestion ont quelque peu dépassé les attentes, le ratio coûts-revenus, à 71%, est moins bon qu’anticipé.

La banque anticipe toujours entre 2023 et 2025 une marge avant impôts ajustée entre 28 et 31 points de base et un rapport entre les coûts et les recettes «inférieur à 64%». Le bénéfice avant impôts doit afficher une croissance supérieure à 10% par an et le rendement des fonds propres durs (CET1) doit dépasser 30%.

Pour Andreas Venditti, analyste à la banque Vontobel, le futur patron de Julius Bär, Stefan Bollinger, «aura du pain sur la planche», notamment pour regagner la confiance dans l’établissement. L’expert a également pointé du doigt la petite accélération de 1,7% des entrées de fonds, qui sont toujours «à un faible niveau», surtout comparé au concurrent EFG.

Les investisseurs ont pour leur part préféré empocher leurs gains.

A la Bourse suisse, l’action Julius Baer a clôturé jeudi soir en chute de 9,05% à 47,26 francs, dans un indice SLI en repli de 0,5%.

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