Tournant la page de l’affaire Signa, le gestionnaire de fortune Julius Baer s’est enfin trouvé un nouveau directeur général en la personne de Stefan Bollinger. L’actuel associé de la banque américaine Goldman Sachs prendra au plus tard début février 2025 la direction d’une banque qu’il devra remettre sur les rails.
Ce ressortissant suisse, né en 1974, codirige actuellement l’unité de gestion de fortune en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique de Goldman Sachs à Londres, a précisé l’établissement zurichois mardi dans un communiqué.
Sous sa direction depuis cinq ans, cette activité a plus que doublé ses avoirs sous gestion, a écrit la banque, qui cherchait depuis février un remplaçant à Philipp Rickenbacher, parti dans la foulée des pertes subies dans l’affaire Signa. L’actuel directeur général adjoint Nic Dreckmann assure depuis l’intérim. Après l’arrivée de M. Bollinger, ce dernier continuera de siéger à la direction.
Diplômé de l’Ecole de commerce de Winterthour, il a gravi un à un les échelons du secteur bancaire en débutant sa carrière comme courtier de produits dérivés à la Banque cantonale de Zurich (1993-1996). Après un passage de trois ans chez Finex, il a rejoint en 1999 le numéro un bancaire américain JP Morgan où il est resté cinq ans pour ensuite entrer en 2004 à la banque d’affaires Goldman Sachs, selon son profil sur le réseau professionnel Linkedin.
Le président Romeo Lacher a applaudi «l’excellent bilan» du futur dirigeant dans l’activité bancaire et plus particulièrement la gestion de fortune. «Il a joué un rôle important dans l’extension de la présence de Goldman Sachs en Asie, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique», a-t-il ajouté.
Avec son expérience et ses compétences, Stefan Bollinger dispose de toutes les qualités pour diriger Julius Bär et pour l’aider à solder l’affaire Signa, affirme l’analyste Andreas Venditti de Vontobel, qui salue cette nomination.
Cette nomination était attendue de longue date, a noté la Banque cantonale de Zurich par la plume de son analyste Michael Klien, qui n’exclut plus le lancement d’un programme de rachat d’actions.
Résultats en baisse
La nomination de Stefan Bollinger doit permettre à Julius Baer de tourner la page de l’affaire Signa. Début février, le gestionnaire de fortune zurichois avait dû inscrire un amortissement de quelque 600 millions de francs sur les crédits accordés à des filiales du groupe autrichien en faillite Signa.
La banque a vu ses résultats lourdement pénalisés par cette affaire. Entre janvier et décembre 2023, le groupe zurichois a vu son bénéfice net (IFRS) chuter de 52% à 454 millions de francs. Parmi les mesures annoncées pour redresser la barre, le groupe a annoncé l’abandon des activités «Private debt» - les crédits privés accordés à ses clients.
Jeudi, l’établissement va faire le point sur ses résultats au premier semestre, ce qui permettra de voir s’il a redressé la barre.
Côté direction, l’engagement hasardeux en faveur de l’empire immobilier de René Benko avait coûté son emploi à M. Rickenbacher, débarqué au moment de l’annonce de l’amortissement. Les membres de la direction avaient été privés de bonus.
Afin de préparer le terrain au recrutement d’un nouveau patron, les actionnaires avaient octroyé en avril une juteuse augmentation de salaire pour ce poste. L’assemblée générale a ainsi validé un doublement de la rémunération du directeur général à 14,5 millions de francs, contre 7,2 millions jusqu’ici.
A la Bourse, l’action Julius Baer a fini en hausse de 1,0% à 52,34 francs, dans un SLI en hausse de 0,03%.