Où en est la croissance américaine?

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Le PIB réel a augmenté, de 2% au premier trimestre et de 2,1% au deuxième trimestre, et a dépassé les attentes.

©Keystone

Cela fait une bonne année que les indices de confiance (ISM, PMI) sont dans une zone grise compatible avec une croissance faiblement positive. Ces derniers mois, le Livre Beige de la Fed renvoyait la même image, la plupart des secteurs ayant une activité soit en stagnation, soit en hausse modeste. En effet, l’industrie flirte avec la contraction, la construction semble se stabiliser après une forte correction en 2022, les services restent en phase d’expansion (mais le rythme ralentit). Le PIB réel a augmenté de 2% au premier trimestre et de 2,1% au deuxième trimestre, chiffres qui ont dans l’ensemble dépassé les attentes. Pourtant, les prévisionnistes étaient nombreux à prévoir une récession qui, à ce jour, n’a pas eu lieu. Par la suite, il y a eu de fortes révisions à la hausse pour la croissance de 2023 – en partie compensées par des révisions à la baisse sur 2024.

La situation n’a sans doute pas beaucoup changé durant l’été. Les indices des directeurs d’achat (PMI) étaient en recul. Les enquêtes des Fed régionales étaient quant à elles, un peu plus encourageantes. L’ISM-manufacturier est ressorti à 47,6 en août contre 46,4 en juillet. Cette semaine, l’ISM-services est attendu quasiment stable à 52,5. Face à la morosité exprimée dans les sondages, la résilience des données de consommation est notable. Toutefois, on commence à observer des signes de faiblesse venant du marché du travail. En août, les créations d’emploi sont sorties sous le seuil de 200’000 pour le troisième mois de suite. Cela pourrait amener les ménages à réduire la voilure. Aussi, la hausse des taux a fortement renchéri le coût du crédit. Sa croissance est passée de plus de 7% en 2022 à 4% récemment. Au-delà de la volatilité mensuelle, ce freinage a de bonnes chances de se poursuivre.

En Europe, l’Allemagne donne des signes de faiblesse

Au sein de l’Union européenne, après des révisions baissières en Italie, Irlande et Autriche, la hausse du PIB réel de la zone euro pourrait être finalement estimée à seulement +0,1% au deuxième trimestre (initialement: +0,3%). Pour ce qui est du PMI, les données préliminaires d’août étaient franchement mauvaises, avec un PMI-composite de la zone euro tombé au plus bas depuis 2020. Tous les pays et secteurs sont touchés, l’Allemagne donnant le plus de signes de faiblesse. Après un fort recul au deuxième semestre 2022, les ventes au détail en volume ont été plus ou moins stables depuis le début de l’année. La consommation des ménages reste toutefois sous pression vu la poussée d’inflation et le resserrement du crédit. Les données nationales déjà parues laissent attendre une baisse de l’agrégat de la zone euro.

En Allemagne, après plusieurs mois de rechute, le climat des affaires dans l’industrie est à un bas niveau. Les indicateurs réels (production automobile, exportations hors-UE, trafic de camion) pointent vers le bas aussi. Après la forte baisse de la production industrielle enregistrée en juin (-1,5%), l’espoir se résume à ce que la tendance baissière ne s’accentue pas à nouveau. Les exportations allemandes hors zone euro se tassent. Entre la faiblesse de l’économie chinoise et la diffusion du resserrement monétaire dans les pays développés, la demande extérieure risque de peser sur la croissance. A l’opposé, le recul des prix de l’énergie réduit la facture des importations. L’excédent commercial grossit à nouveau depuis quelques mois. Quant aux commandes industrielles, en juin le rebond extraordinaire (+7%) venait principalement des commandes aéronautiques. Il y aura un contre-coup brutal en juillet. Hormis cette volatilité, la tendance sous-jacente reste baissière. L’indice excluant les grosses commandes a reculé de 5,7% entre janvier et juin et de 15,8% depuis le pic cyclique du printemps 2021.

Comme en Allemagne, mais à un degré moindre, le sentiment dans le secteur manufacturier en France a fléchi ces derniers mois. Depuis début 2021, la production industrielle est sur une tendance remarquablement stable.

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