Chine: une croissance décevante

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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La Chine souffre de deux handicaps structurels, sa démographie déprimée et la purge de sa bulle immobilière.

La levée de toutes les restrictions anti-Covid à la fin 2022 avait suscité beaucoup d’espoir concernant la reprise chinoise. Enfin libérés du carcan sanitaire, les consommateurs allaient prendre leur revanche! C’est ce que l’on a constaté dans un premier temps. Le PIB réel a bondi de 2,2% au premier trimestre, le climat des affaires repassant en zone d’expansion. Mais avec le printemps sont arrivés des signes de désillusion. L’activité industrielle a ralenti, pointant à seulement +4,5% sur un an en juin. Pour les ventes au détail, qui avaient plus rebondi, le coup de froid paraît plus net (+3,1% sur un an). Au total, l’économie chinoise reste en croissance mais à un rythme médiocre (+0,8% au deuxième trimestre). Vu l’effet d’acquis, la cible officielle de croissance pour 2023 d’environ +5% est toujours jouable mais son niveau était peu ambitieux.

Autre signal confirmant le manque de vigueur de la demande, l’inflation est tombée à zéro. Ces derniers temps, les prévisions de croissance et d’inflation ont donc été revues à la baisse. La Chine souffre de deux handicaps structurels, sa démographie déprimée et la purge de sa bulle immobilière. Cela ne se résout pas avec un plan de relance du crédit. Les autorités ont un peu assoupli les conditions financières. Des mesures d’aide aux entreprises et aux administrations locales pourraient suivre. Mais sans mesure de libéralisation, peut-on vraiment espérer sursaut de confiance?

Etats-Unis: la demande de maisons neuves se redresse

Aux Etats-Unis, au vu des données d’emploi et de salaires, les revenus des salariés ont augmenté de 0,8% en juin. On sait aussi déjà que les ventes automobiles ont progressé. Le rythme d’inflation a toutefois ralenti, ce qui peut avoir un effet déprimant sur les ventes au détail puisqu’elles intègrent un effet-prix. Corrigées de cet effet, les ventes au détail sont quasi stagnantes depuis février.

A la différence des ventes de maisons neuves qui s’emballent depuis quelques mois, le marché des maisons existantes ne montre pas de signe de rebond.

De plus, la faiblesse des indices de confiance dans le secteur manufacturier (l’ISM est au-dessous de 50 points depuis huit mois) pointe vers une stagnation, voire à une légère contraction, de l’activité industrielle.

Après un fort rebond au premier semestre 2023, l’indice NAHB est repassé au-dessus de sa moyenne historique. Alors qu’il y a peu de transactions sur le marché de l’ancien, la demande de maisons neuves s’est redressée malgré des taux d’emprunt élevés. Pour faciliter les affaires, les promoteurs ont été généreux en multipliant les remises et facilités de paiements. Tout cela n’est pas forcément le signe que l’ensemble du secteur immobilier a entamé une reprise forte et durable. Pour autant, le rebond de l’indice NAHB présage d’une bonne performance du secteur des maisons individuelles à court terme. Mais la situation du marché des appartements devrait devenir plus compliqué avec le ralentissement des loyers et le resserrement du crédit. Vu le bond incroyable des mises en chantier en mai (+21,7%), une forte rechute est probable. Mais, à la différence des ventes de maisons neuves qui s’emballent depuis quelques mois, le marché des maisons existantes ne montre pas de signe de rebond. Au mieux, c’est une stabilisation après la chute de 2022.

Europe: Les prix de l’énergie dégonflent

En France, après la semaine d’émeutes du 27 juin au 4 juillet, dont le coût provisoire est déjà de 650 millions d’euros, le moral des entreprises sera-t-il affecté? L’enquête de l’INSEE réalisée dans les jours suivants donnera une première réponse. Le mois dernier, l’indice de climat des affaires était stable, juste sur sa moyenne historique, mais les risques de retournement cyclique ont augmenté ces derniers mois. Selon l’estimation de la Banque de France, le PIB réel aurait augmenté de 0,1% au deuxième trimestre. Pas d’embellie à court terme.

Au sein de l’Union Européenne, les prix de l’énergie continuent de se dégonfler. Le marché du travail européen donne des premiers signes de ralentissement mais reste robuste dans l’ensemble. La confiance des ménages pourrait poursuivre sa lente remontée.

Au Royaume-Uni, ces derniers mois, l’emballement des prix a été assez général, allant des services de logements aux biens en passant par l’alimentation et la santé. Seule la composante énergétique s’est vraiment retournée. Malgré une hausse des taux directeurs plus précoce et plus soutenue qu’en zone euro, la Banque d’Angleterre n’a pas réussi à atténuer le choc d’inflation. Les gains salariaux accélèrent aussi. Le cycle de resserrement monétaire paraît encore loin de son terme. Le marché envisage des hausses de taux jusqu’au premier trimestre 2024.

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