La chronique des marchés de Vontobel au 17 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,30%, SPX +0,05%, Dow +0,26%, Russell +0,23%, SOX +3,2%, Eurostoxx +0,37%, SMI +0,70%.

 

Wall-Street regagne encore un peu de terrain, toujours dans de faibles volumes d’échanges. L’histoire du jour concerne le secteur pharmaceutique, qui abandonne plus de 1% malgré les bons résultats de United Health (UNH -3,8%) et Johnson&Johnson (JNJ +1,1%). Les 5 plus mauvaises performances du jour dans l’indice S&P500 (SPX) sont toutes réalisées par des pharmas (HCA -10%, CI -7,8%, HUM -7,4%, ANTM -6,8% et CNC -5,9%). Le marché craint que les promesses électorales de Donald Trump (de démanteler la loi sur les soins abordables) soient finalement tenues. Du côté lumineux de la cote, on retrouve les semi-conducteurs, l’indice SOX établit un nouveau record historique à la cloche et a désormais rebondi de 44% depuis son bas du 26 décembre…J’y reviendrai mais cela est notamment dû à Qualcomm, qui bondit de 23% sur la seule journée d’hier! Les bancaires se comportent bien malgré le sentiment mitigé qui entoure leurs résultats trimestriels. Dernière publication en date, Bank of America, qui bat les attentes mais ne parvient à progresser que de 0,13%. Toujours dans le secteur bancaire, mais dans un autre registre, Deutsche Bank progresse de 2,7% après que l’on apprenne qu’ING pourrait s’intéresser à racheter Commerzbank. Notons enfin Blackrock, qui progresse de 3,2% suite à ses résultats. L’énergie passe une belle journée, portée par le redémarrage du pétrole, le WTI Light Crude à 64,46 dollars le baril ce matin.

La volatilité recule encore quelque peu, l’indice VIX se posant tout près des 12 points. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte encore, à 2,59% ce matin, ce qui illustre combien l’appétit au risque a fait son retour, malgré la très forte hausse des indices boursiers depuis le premier janvier. L’euro et le dollar sont inchangés, la paire à 1,1314, l’or est délaissé et revient à 1272 dollars l’once. Les marchés boursiers restent prudemment optimistes, dans un contexte de politique monétaire redevenue plus accommodante, depuis que la Fed a indiqué ne plus vouloir relever ses taux directeurs cette année. Charles Evans, le président de la Fed de Chicago a même estimé lundi soir que la banque centrale américaine pourrait ne plus relever ses taux jusqu'à l'automne 2020, et qu'elle pourrait même les abaisser à nouveau si l'inflation tombait plus bas. Les autres banques centrales mondiales, de la BCE à la Banque du Japon en passant par la Reserve Bank of Australia, ont aussi signalé ces derniers temps leur intention de continuer à soutenir la croissance via une politique monétaire plus accommodante.

Au registre des statistiques économiques, la production industrielle des Etats-Unis a déçu au mois de mars, (- 0,1%) sur un mois, contre un consensus de (+0,3%). Le taux d'utilisation des capacités de production s'est réduit à 78,8%, contre 79,1% de consensus et 79% pour la lecture révisée du mois de février. Les marchés n'ont cependant pas mal réagi à ces chiffres, qui semblent essentiellement liés au recul de la production d'un seul secteur, celui de l'automobile. L'indice du marché immobilier américain de NAHB est ressorti conforme aux attentes pour avril, à 63 après 62 en mars.

Qualcomm décolle donc de 23% après l'annonce d'un accord à l'amiable entre le fabricant de puces pour mobiles et Apple (AAPL +0,01%) dans leur longue dispute judiciaire au sujet de l'utilisation de brevets. Les deux groupes ont conclu cet accord juste après l'ouverture d'un procès qui s'annonçait long et complexe. Il prévoit le paiement à Qualcomm par Apple d'une somme non précisée et se double d'un accord de licence de six ans effectif rétroactivement au 1er avril dernier, ont précisé les groupes dans un communiqué commun. AT&T (T +0,7%) cède à la plateforme américaine de streaming Hulu ses parts au capital du groupe, pour 1,43 milliard de dollars. AT&T détenait environ 10% du groupe de vidéo en ligne, valorisé à environ 15 milliards de $ dans le cadre de cette opération. Hulu, rival de NETFLIX (NFLX +3%) et d'Amazon Prime (Prime Video), affiche désormais 25 millions d'abonnés. Walt Disney (DIS -1,6%) demeure de loin l'actionnaire principal du service, avec 60% du capital, suivi par NBC Universal qui possède 30% de l'alliance. La participation d'AT&T dans Hulu avait été acquise initialement par Time Warner en 2016. AT&T prépare maintenant le lancement de son propre service de streaming. Sprint (S -9% en après bourse) T-Mobile (TMUS -4% en après bourse)…Le ministère de la Justice américain a informé les opérateurs télécoms T-Mobile et Sprint de son opposition à leur projet de fusion chiffré à 26 milliards de dollars dans sa forme actuelle, mais aucune décision définitive n'a été adoptée pour l'instant. IBM (-2% en après bourse) a publié des chiffres décevants dus à la faiblesse de ses ventes. IBM a annoncé une baisse plus marquée qu'attendu de son chiffre d’affaires trimestriel. Ce dernier s'est élevé à 18,18 milliards de dollars (- 4,7%) contre des attentes à 18,46 Mds$, selon les données IBES de Refinitiv. Au Q4  2018, le groupe était parvenu à renouer avec la croissance après sept ans de recul. Netflix (NFLX -2% en après bourse) a annoncé hier soir prévoir pour le Q2 un nombre de nouveaux abonnés (5 M vs 5.48 M attendu) inférieur aux attentes des analystes financiers en dépit d'une performance supérieure aux estimations sur les trois premiers mois de l'année. Sur janvier-mars, Netflix a gagné 7,86 M d'abonnés payant, contre 7,14 M attendus sur les données IBES de Refinitiv.

Aujourd’hui nous suivrons notamment les résultats de: avant l’ouverture PepsiCo (PEP), Abbott Labs (ABT), US Bancorp (USB), Morgan Stanley  (MS), Bank of New York (BK), Textron (TXT), Kansas City Southern (KSU), Pentair (PNR)..... après la clôture Las Vegas Sands (LVS), Crown Castle Intl (CCI), Kinder Morgan (KMI), Atlassian (TEAM), E*TRADE (ETFC), United Rentals (URI), Alcoa Corp. (AA). Nous focaliserons par ailleurs sur le livre beige de la Fed, les inventaires hebdomadaires du département américaine de l’énergie, les discours de Messieurs Carney (Banque d’Angleterre) et Villeroy de Galhau (Banque Centrale Européenne) ainsi que les commentaires des gouverneurs de la Fed Bullard et Harker. L’indice des prix à la consommation sera publié en zone euro.

Le PIB chinois au premier trimestre a été publié cette nuit et il est rassurant. La croissance s’est élevée à 6,4% contre 6,3% attendus. D’autre part la production industrielle au mois de mars a nettement rebondi tout en battant aisément les prévisions. Cela a de quoi calmer les marchés, la Chine étant le nouveau baromètre de l’économie mondiale.

Dans ce contexte, la plupart des indices asiatiques terminent leur séance dans le vert alors que le future SPX progresse encore de 3 points. En Europe, les marchés ouvrent autour de l’équilibre. Les volumes d’échanges devraient ralentir progressivement à l’approche des fêtes de Pâques. Certains marchés vont fermer ou fonctionner à temps partiel, la Norvège par exemple, qui sonne la cloche à 13h aujourd’hui.

L’Oreal a fait mieux qu'attendu au premier trimestre. La compagnie est toujours portée par l'appétit des clients chinois pour ses produits de luxe, tandis que sa division grand public a légèrement accéléré le pas. Le titre en légère hausse de 0,08%. ASML a publié un résultat trimestriel solide avec des ventes à 2,23 MD€ (Cons 2,1), des Commandes de 1,4 MD€, une Marge brute de 41,6% (Cons 40,5%) et un résultat net de 355,4 M€ (Cons 210). L’action ASML en progression de 2,2%. ABB publie un chiffre d’affaires au premier trimestre de $6,85Mds contre des attentes de 6,87Mds. ABB annonce le retrait avec effet immédiat de son CEO Ulrich Spiesshofer. Ses fonctions seront dès à présent assumées à titre intérimaire par le président de l'organe de surveillance Peter Voser. Le titre ABB en hausse de 5,5%. Roche publie des Ventes au Q1 à 14,83mds CHF (Cons 14,26) dont Pharma 11,93mds (Cons 11,2), Diagnostic 2,9mds (Cons 3,05). Le groupe en profite pour relever sa guidance de croissance des ventes 2019 à 5% contre 1-5% auparavant. Par ailleurs, il confirme une croissance des bénéfices par action toujours «en ligne» avec celle des ventes, ainsi qu'une croissance du dividende en CHF. Le bon Roche en hausse de 0,3%. Temenos bat les attentes au premier trimestre, l’action en progression de 4%.

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