Wall-Street somnole…et monte. Les volumes d’échanges sont terriblement faibles hier sur le New York Stock Exchange (NYSE) avec un peu plus de 6 milliards de titres échangés (je sais je sais, en Europe on en rêve…). Les indices terminent la séance au plus haut du jour, probablement encouragés par les minutes de la Fed, qui confirment que la majorité des membres du FOMC se sont prononcés le 20 mars dernier en faveur d'une pause dans le cycle de hausse des taux directeurs cette année. L'inflation est ressortie modérée le mois passé aux Etats-Unis, confortant la Fed dans sa position. Les marchés espèrent par ailleurs la conclusion prochaine de l'accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine et s'interrogent sur la croissance mondiale, après que le FMI a revu en baisse ses prévisions pour 2019. Le secteur de la tech est bien entouré et permet à l’indice Nasdaq 100 (NDX) d’établir un nouveau plus haut de l’année à la cloche. Le vénérable Dow Jones est à la traine, pénalisé par Boeing (BA -1,09%). Indicateur de sentiment, les automobiles et les titres de composants autos sont recherchés alors que les compagnies aériennes apprécient les bons chiffres de Delta Airlines (DAL +1,58%). Les constructeurs immobiliers sont propulsés vers le haut par Pultegroup (PHM +1,23%) et KB Home (KBH +2,11%), toutes deux bénéficiant d’une note positive de JP Morgan. Les titres de la vente au détail sont soutenus par Bed Bath & Beyond, qui s’adjuge 5% en séance et 8% de plus dans le marché après-bourse. Les résultats de la chaine du New Jersey sont mitigés, mais ses perspectives optimistes et  Bank of America relève ssa recommandation sur le titre. Notons par ailleurs que le Secrétaire au Trésor Mnuchin indique à nouveau que les Etats-Unis et la Chine travaillent dur pour parvenir à un accord sur le commerce. De l’autre côté de l’Atlantique, l’ambiance n’est pas franchement à la fête après que la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé de ne pas modifier le niveau de ses taux d’intérêts, ce qui était largement attendu. En revanche, Mario Draghi, son patron, avertit que l’économie de la zone Euro fait face à des risques qui s’accumulent tels que le Brexit et le risque de protectionnisme, qui pourraient impacter la confiance en Europe et envers l’Europe.

Dans cette ambiance calme et plutôt sereine, la volatilité recule, l’indice VIX à 13,30, le rendement de l’emprunt reste stable, à 2,48%, le pétrole également, à 64,27 dollars le baril, qui semble ignorer les inventaires hebdomadaires nettement plus importants que prévu. L’or repasse au-dessus des 1300 dollars l’once, probablement aidé par l’affaiblissement relatif du dollar, la paire euro/dollar passant par un peu tous les états d’âme hier, débutant sa journée à 1,1260, déprimant après les propos de Mario Draghi et venant se poser à 1,1230 pour repartir à la hausse un peu plus tard, probablement aidée par les minutes de la Fed, et se situant actuellement à 1,1287.

Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation a cru un peu plus vite que prévu, de 0,4% en mars sur un mois (et +1,9% sur un an) au lieu de (+0,3%) de consensus. Ces chiffres ne signalent pas de ralentissement dangereux des prix, mais n'indiquent pas non plus d'accélération, ce qui tend à conforter la Fed dans sa politique de pause monétaire, en attendant d'y voir plus clair sur l'évolution conjoncturelle.

L’Union Européenne accorde un délai jusqu’au 31 octobre à Theresa May pour orchestrer le Brexit, gageons que la première ministre anglaise aura besoin d’une baguette bien solide. Le Cable à 1,3095 ce matin, tout en flegme. Le Wall-Street Journal indique que Uber pourrait être valorisée au moins à 100 milliards de dollars lors de son IPO (annonce aujourd’hui?). Et pendant ce temps, Tencent poursuit sa route, en hausse de encore 1,9% à Hong-Kong ce matin et en progression de 27% cette année…pour ceux qui ne savent pas vraiment ce que fait Tencent, voici un exemple qui parlera à tous les parents de jeunes et d’adolescents: Tencent est la maison mère d’Epic Games. Et quel est le produit phare d’Epic Games? Fortnite! Voilà…

En début d’année, on aurait dû dire que le luxe est décidément bon marché. LVMH est en progression de 27,7% depuis le premier janvier. Le géant du luxe affiche une croissance organique de 15% dans sa division mode maroquinerie et a réalisé un chiffre d’affaires de 12,5 milliards d’euros au premier trimestre, au-dessus des attentes des analystes. La direction de LVMH est satisfaite de la marche des affaires, ne donne pas de guidance pour la suite comme d’habitude, le titre décolle de 3,3% à l’ouverture.

En Suisse le CEO de Logitech indique qu’une acquisition de taille est concevable (Handelszeitung), notre recherche initie la couverture d’Alcon avec la recommandation de «réduire» et un objectif de cours à 47 francs. Barry Callebaut réalise une bonne performance sur six mois, le chocolatier zurichois réalise une croissance solide. Novartis a souffert hier, abandonnant 3%. L’action a rendu 5,2% en trois séances. La dégradation de la recommandation chez Morgan Stanley y est peut-être pour quelque chose, la vente à mauvais compte d’Alcon probablement aussi. Chez Vontobel nous restons neutres sur le titre avec un objectif de cours à 74,84 francs, ouverture en légère hausse ce matin. Techniquement, 81,37 francs représente un support (just my view).

On reparle de l’économie chinoise après les commentaires du FMI de cette semaine. Je note avec intérêt que de nombreux économistes redeviennent optimistes à ce sujet, notamment chez Bank Of America, Morgan Stanley, HSBC, Goldman Sachs et Crédit Suisse.

La journée débute dans la sérénité et le calme sur les marchés européens, qui ouvrent en légère hausse alors que le future SPX traite à l’équilibre. Aujourd’hui nous suivrons les discours de Messieurs Clarida et Williams, gouverneurs de la Fed. Nous serons par ailleurs attentifs aux demandes hebdomadaires d’allocations chômage ainsi qu’à l’indice des prix à la production aux Etats-Unis.