Gonet: l'actualité des marchés au 8 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,07%, S&P 500 +0,18%, Nasdaq +0,09%, Russell -0,34%, SOX +0,63%, Eurostoxx -0,23%, SMI -0,34%.

L’hiver prend enfin ses quartiers autour de nos chaumières, quelle surprise de croiser des ours sur ma route vers le bureau ce matin, bonne année 2024 à toutes et tous, on reprend le fil de la narration et on tente de comprendre ce début d’année plutôt morose pour les indices d’actions.

Rappelons-nous novembre et décembre 2023, deux mois placés sous le sceau du long fleuve tranquille vers de nouveaux sommets. Les investisseurs, tout ébaubis de réaliser que deux années de hausses de taux de la Fed sont sur le point de faire place à de succulentes réductions du loyer de l’argent aux Etats-Unis, se sont peut-être quelque peu laissés aller à un optimisme exubérant mais tellement humain. Ce sentiment croissant et généralisé que la Fed y est arrivée, qu’elle est parvenue à mettre dame inflation à genoux sans tuer la croissance économique, a fait le reste. Et puis n’oublions pas que le contribuable américain, un peu comme partout ailleurs, n’aime guère payer des impôts évitables, point de vendeurs en fin d’année donc afin d’éviter de devoir déclarer des gains en capitaux en 2023. Côté munitions, les fonds du marché monétaire restent gorgés de cash, pas de souci à se faire sur cette partie-ci. Ceci dit, la décompression de ce début d’année ne devrait guère étonner grand monde, lorsqu’on sort de table d’un buffet pantagruélique, une digestion s’impose, c’est probablement ce qui se produit en ce début 2024, ce d’autant plus que quelques statistiques macro ont montré vendredi que le marché de l’emploi se portait mieux que prévu en décembre. Ce matin les Fed Funds prédisent 62% de probabilité d’une première baisse de taux par la Fed en mars, contre 90% à la mi-décembre, tout est là, on se calme quelque peu sur les parquets de trading, on revoit ses gammes et on doit en parallèle intégrer deux autres paramètres au narratif de l’année naissante.

En effet, 2024 est une année d’élection présidentielle aux Etats-Unis (5 novembre). En l’état, la première économique du monde n’est pas fichue de nous proposer autre chose qu’un remake de 2020, soit un duel entre Joe Biden et Donald Trump. Du vieux réchauffé en quelque sorte. L’autre dossier qui pourrait rapidement prendre de la place est la situation actuelle de la Chine et ses relations avec Taiwan, qui organise le weekend prochain son scrutin présidentiel et législatif. À noter que la Chine vient d’arrêter le directeur d'une société de conseil à l'étranger, accusé d'espionnage pour le compte du MI6. Le ministère de la sécurité d'État n'a pas identifié la société ni la nationalité de l'espion présumé, prénommé Huang. Toujours en Chine, la purge militaire récente décidée par Xi Jinping est intervenue après que la corruption a entravé la modernisation des forces armées et soulevé des questions quant à la capacité de la Chine à mener une guerre, selon l’agence Bloomberg, qui cite les services de renseignements américains. On l’aura compris, ne comptons pas sur la deuxième économie du monde pour le moment, elle semble avoir d’autres chats à fouetter, d’ailleurs le secteur du luxe l’a bien compris, qui recule significativement depuis le premier janvier, à suivre de près, de superbes opportunités sont en train de se dessiner.

Revenons à Wall Street, qui parvient à limiter les dégâts vendredi, l’indice S&P500 (SPX) grappille quelques points, tout comme le Nasdaq100 (NDX). Sur la semaine, le SPX rend 1,8%, le Dow Jones 0,6% et le NDX 3,5%. Les 7 magnifiques, qui ont porté les actions en 2023, sont logiquement délaissées, Apple recule de 5,9% sur la semaine, Amazon et Tesla de 4,4%, Alphabet de 2,8%. Vendredi ne fait pas exception, les mastodontes de la tech reculent, ce qui permet de constater que les investisseurs ne délaissent pas les actions dans leur ensemble, ils sont sélectifs, un signe d’absence de peur/nervosité. Alors certes, la série de 9 semaines consécutives de hausses est interrompue, et alors? Le SPX reste solidement installé dans son canal haussier, le NDX également et n’est plus du tout suracheté, le Russell2000 (RTY) doit repasser au-dessus des 2'000 points pour reprendre sa belle dynamique récente (clôture vendredi à 1951 pts). Cela dit une golden cross s’est produite sur l’indice le 28 décembre, un signal technique d’achat. Rappelons au passage que le principal indice américain des petites capitalisations boursières a beaucoup de retard à rattraper sur ses grands frères. Côté volatilité, le VIX (volatilité du SPX) rebondit légèrement en ce début d’année, clôture vendredi à 13,35, principal support à 11,81, l’indice reste en tendance plutôt baissière.

Le dollar fait de la résistance, le Dollar Index (DXY) rebondit la semaine passée, il tente de sortir de sa tendance baissière à court terme, attention à la death cross qui se profile à l’horizon ceci-dit. La paire EUR/USD traite à 1,0934, son principal support se situe à 1,0872, une golden cross s’est produite le 2 janvier. L’or revient à 2030$, toujours porté par les anticipations du marché sur les taux et l’évolution du billet vert. Pour sa part le pétrole n’y arrive toujours pas, sa tendance légèrement haussière entamée en mars est déjà remise en question, la configuration technique de l’or noir semble fragile. Les rendements obligataires ont récupéré du terrain ces derniers jours, le 10 ans US est de retour à 4,04%, le 2 ans à 4,38%. Sur le 10 ans, le niveau de 4,03% est important (moyenne mobile à 200 jours).

Lorie Logan (Fed de Dallas, faucon, vote au FOMC) déclare que la Fed pourrait devoir ralentir le rythme auquel elle réduit son portefeuille d'actifs, avertissant que certaines banques pourraient commencer à être affectées par la raréfaction des liquidités.

Les leaders du Congrès américain annoncent un accord bipartisan sur les niveaux de dépenses pour l'année fiscale en cours, réduisant ainsi les risques d'une fermeture partielle du gouvernement le 20 janvier. Chuck Schumer et Mike Johnson ont négocié le cadre, ouvrant ainsi la voie au Sénat et à la Chambre des représentants pour élaborer des projets de loi de finances détaillés. Joe Biden se félicite de cet accord.

Le Hezbollah a frappé une base de contrôle du trafic aérien dans le nord d'Israël, qui a mis en garde contre «une nouvelle guerre» avec le groupe soutenu par l'Iran, rapporte l'AP. Antony Blinken déclare que la guerre entre Israël et le Hamas pourrait «facilement se métastaser» en un conflit régional. L'armée israélienne indique qu'elle a terminé les combats majeurs dans le nord de la bande de Gaza.

Au menu macro-économique du jour, les commandes d’usines allemandes (sorties nettement en-dessous des attentes) et les ventes de détail européennes (11h00) sont les seules données majeures attendues aujourd’hui. 

Nouveau coup dur pour Boeing, avec la FAA qui cloue au sol les B737MAX 9 après un incident majeur sur un vol Alaska Airlines. L'Allemagne prête à autoriser la livraison d'Eurofighter (BAE Systems, Airbus, Leonardo) à l'Arabie Saoudite, selon Reuters. Le ministère de la Justice US est sur le point de déposer une plainte antitrust contre Apple. Harris demande le démantèlement de Bayer, dont il est actionnaire à hauteur de 4%. Honda envisage un projet de 14 milliards de dollars pour la production de véhicules électriques au Canada, selon l’agence Nikkei. Novartis s'associe à Isomorphic Labs (Alphabet) pour la découverte de médicaments pilotés par l'IA. Certains des grands actionnaires de BP Plc ont demandé à la société d'approcher le directeur général de BAE Systems, Charles Woodburn, pour qu'il devienne le prochain CEO, selon Sky News. Le vice-président de l'unité EV de China Evergrande Group, China Evergrande New Energy, arrêté en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo est fermée, Hong Kong recule de 1,88%, Shanghai perd 1,42%, Séoul abandonne 0,40% et le Nifty50 rend 0,63%. Le future SPX égare 3 points tandis que l’Europe ouvre autour de l’équilibre. Cette semaine qui débute sera notamment marquée par la publication de l’indice américain des prix à la consommation jeudi, puis du lancement de la saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre dès vendredi, avec notamment les chiffres de JP Morgan, United Health et Delta Airlines. FactSet prévoit que les bénéfices des firmes du SPX ont progressé de 1,3% en décembre par rapport à décembre 2022. Les 10 indicateurs de sentimentrader.com signalent des conditions de tendance positive, à suivre. 

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