Gonet: l'actualité des marchés au 14 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,35%, S&P 500 -1,37%, Nasdaq -1,80%, Russell -3,96%, SOX -2,01%, Eurostoxx -1,2%, SMI -0,33%.

Les chiffres de l’inflation américaine au mois de janvier tombent hier en début d’après-midi et font une jolie clé de bras au marché.

Le CPI de janvier augmente de 0,3% en glissement mensuel et de 3,1% en glissement annuel, dépassant le consensus de 0,2%/2,9%. Le CPI cœur (débarrassé des composantes de la nourriture et de l’énergie, jugées trop volatiles) progresse de 0,4% d'un mois sur l'autre et de 3,9% d'une année sur l'autre, dépassant également le consensus de 0,3 %/3,7 %. Le marché réagit au quart de tour, il constate ne pas obtenir ce qu’il souhaitait et envoie valser les bons du Trésor US, dont les rendements remontent brusquement, le 10 ans à 4,29% ce matin contre 4,15% avant le CPI. Le dollar en profite, la paire EUR/USD revient à 1,0709. Les actions se trouvent emportées par un flux vendeur, elles qui avaient prêté le flanc à des déceptions potentielles, tellement elles avaient misé sur une poursuite du processus de désinflation. Je note ceci dit que les indices terminent leur séance assez loin de leur plus bas du jour. La volatilité retrouve de belles couleurs, le VIX décolle de 13,7%, il clôture à 15,85. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de la santé, des biens de consommation et des industrielles. Les mastodontes de la tech reculent mais pas trop, les petites capitalisations sont sous pression, elles détestent des taux en hausse, l’or se prend les pieds dans le tapis, pénalisé par le dollar et les taux, l’once recule à 1990 dollars. Enfin les Fed Funds revoient significativement leur copie, ils prévoient désormais 14% de probabilités d’une première baisse de taux par la Fed le 20 mars, 31% en mai et 65% en juin. Le SPX n’est plus suracheté, le NDX non plus, on prend.

Quid de la suite?

Le SPX est toujours en hausse de 3,8% en 2024, y compris une augmentation de 2,2% en février. Le taux d'inflation continue de baisser, bien que plus lentement que ne l'espéraient les investisseurs. Selon plusieurs stratèges, ces facteurs suggèrent que la chute de mardi n'est pas le signe annonciateur d'un effondrement plus profond. L'inflation des biens continue d'être négative, car les prix baissent pour des produits tels que les vêtements et les voitures d'occasion, en partie à cause de la fin des pénuries dues à la pandémie. L'inquiétude vient des services, où les prix de base, hors services énergétiques, ont augmenté de 0,7% en janvier, en données corrigées des variations saisonnières, par rapport au mois précédent, soit une accélération par rapport à la hausse de 0,4% enregistrée en décembre. On peut envisager que cette augmentation des coûts des services est due à un marché du travail tendu, ce qui pourrait inciter la Fed à rester en attente encore plus longtemps, en attendant que le marché de l'emploi se calme. Le dernier rapport sur l'emploi, étonnamment fort, ne semblait pas du tout tendre. En creusant un peu cependant, certains signes indiquent que l'accélération de l'inflation des services en janvier est une sorte d’aberration. En particulier, les frais de logement ont augmenté de 0,6% par rapport au mois précédent, contre une hausse de 0,4% en décembre. Dans une note, le cabinet d'études Capital Economics qualifie cette hausse de «suspecte», étant donné que les autres mesures des loyers nouvellement signés ont stagné. 

Selon le Wall Street Journal, il convient de relativiser: le chiffre de janvier reste inférieur à celui de décembre (3,4%) et constitue le chiffre le plus bas depuis juin dernier. Et oui, le taux d'inflation de base hors alimentation et énergie, qui s'élevait à 3,9% en janvier, est resté inchangé par rapport à décembre. Mais un mois au cours duquel l'inflation de base n'a pas ralenti n'est pas une raison pour paniquer. Six mois plus tôt, en juillet 2023, l'inflation de base atteignait 4,7%.

Au menu macro-économique du jour, on débute avec l'indice des prix à la consommation au Royaume-Uni (sorti en-dessous des attentes), suivi par la production industrielle de la zone euro (11h00). Aux Etats-Unis, les stocks de brut du Département de l'Energie (DOE) seront connus à 16h30.

ABN Amro affiche un revenu net d'intérêt légèrement supérieur au quatrième trimestre. Airbnb perd 4% hors séance après ses trimestriels. Heineken publie une croissance organique annuelle de 5,5%, légèrement inférieure aux attentes. Lyft flambe de 16% hors séance après ses trimestriels. Le titre s'était envolé un temps de 70% après une erreur grossière dans les perspectives, corrigée par la société dans la foulée. MGM perd 4% hors séance après ses trimestriels. Sony publie en ligne avec les attentes et prévoir de faire coter sa division financière en bourse en 2025. ThyssenKrupp revoit à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfice net en raison de l'affaiblissement de la demande. Walmart est en pourparlers pour acheter le fabricant de téléviseurs intelligents Vizio pour plus de 2 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. Boeing s'attend à un trimestre difficile, avec des indemnisations de compagnies. Jeff Bezos vend 2,1 milliards de dollars d'actions Amazon supplémentaires.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Hong Kong qui progresse de 0,96%. Tokyo perd 0,69% à la cloche, Shanghai est fermée, Séoul rend 1,1% et le Nifty50 abandonne 0,32%. Le future SPX récupère 8 points et l’Europe est indiquée en très léger repli à l’ouverture.

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