Wall Street vole de record en record, les ours sont bâillonnés dans un coin du stock exchange, on se demande bien ce qui parviendra à ne serait-ce que freiner cette fièvre acheteuse.

Le plus fort, c’est que le nouveau record des principaux indices américains d’actions de vendredi se fait en parallèle avec des rendements obligataires en hausse. Le 10 ans US traite ce matin à 4,15%, le marché a entendu et accepté les propos insistants de la Fed, qui ne va pas baisser ses taux le 20 mars (je cite) et devrait probablement s’y mettre dès le 12 juin (83% de probabilités dans le marché des Fed Funds). La hausse des actions en 2024 a tout d’abord été permise par l’espoir croissant de baisses de taux à venir par la Fed, accompagnée d’une force sans égale des mastodontes de la tech. Puis le marché a réalisé que l’économie des Etats-Unis reste forte (voyez par exemple le tout dernier rapport sur l’emploi) et que tant que cette dynamique perdure, les investisseurs semblent à l’aise de rester dans le marché des actions, en revanche il est important que la décrue de l’inflation se poursuive, à ce propos demain nous aurons droit à la publication de l’indice des prix à la consommation pour le mois de janvier, une des étapes les plus importantes de cette semaine qui débute. On accepte donc dans les salles de marchés que les taux ne vont pas baisser aussi tôt qu’espéré.

Et puis il y a les 7 magnifiques (ou plutôt les 6, Tesla fait de plus en plus la tête, le titre perd 22% cette année, il n’est pas estampillé IA, la demande en véhicules électriques semblent patiner quelque peu et son CEO reste un facteur X (pas de jeu de mots volontaire) capable à tout instant de dégoupiller une déclaration radioactive pour sa propre action), les 6 magnifiques donc, qui sont responsables de 60% de la hausse du S&P500 (SPX) cette année. C’est à garder en tête en permanence, ça marche dans les deux sens au cas où…

Le SPX clôture au-dessus de 5'000 points pour la première fois de son histoire vendredi soir, on peut enfin sortir les casquettes des cartons. Notons que les trois principaux indices de Wall Street ont réalisé 14 semaines de hausse sur les 15 dernières. On n’avait plus vu ça depuis 1972 pour le SPX, le Dow et le Nasdaq l’avaient fait dans les années nonante. En plus d’une économie résiliente comme rarement, citons les résultats trimestriels de sociétés avec 81% des firmes qui battent les attentes pour le moment, en publiant une croissance de leurs bénéfices deux fois plus rapide que prévu. La moyenne de surprises positives sur les quatre ans précédents est de 76%. Le podium du jour du SPX se compose de la tech, de la consommation discrétionnaire et des services de communication. Notons les petites capitalisations, qui suivent le mouvement, l’indice Russell2000 (RTY) repasse au-dessus des 2000 points, l’armée suit les généraux sur la colline, c’est bon signe. La volatilité se stabilise, le VIX clôture légèrement en-dessous de 13, un niveau très bas qui permet d’acheter de la protection en actions à bon compte. Sur la semaine, au-delà du bon comportement des indices US, on notera la bonne tenue du CAC40, bien aidé par le luxe, le repli du SMI, pénalisé par Nestlé, Novartis, Roche et Zurich. On apprécie le rebond des indices chinois, on prend note de la hausse de 5% du pétrole, le contexte reste incertain au Moyen-Orient, avec d'une part, le rejet d'Israël d'une offre de cessez-le-feu à Gaza et, d'autre part, l'élimination par les Etats-Unis de groupes pro-Téhéran en Irak. En parallèle, l'Agence américaine de l'énergie a révisé ses perspectives de production pour 2024 et s'attend à ce que celle-ci plafonne sous 13,3 millions de barils par jour. Le baril de WTI Ligh Crude traite à 76,52 dollars.

Le fabricant de puces Nvidia progresse de 3,6% vendredi, la firme est en train de créer une nouvelle division axée sur la conception de puces sur mesure pour les entreprises d'informatique en nuage et autres. Alphabet, la société mère de Google, et Amazon.com gagnent chacune plus de 2 %. Microsoft progresse de 1,6%, portant sa capitalisation boursière à 3’125 milliards de dollars, établissant ainsi un nouveau record en termes de capitalisation boursière.

L'or fait du surplace, l’once évolue à 2026 dollars. Le dollar est partagé la semaine passée, il s’apprécie contre le franc et le yen mais recule face à la livre et l’euro. La monnaie unique européenne progresse contre le franc et le yen, elle recule légèrement face à la livre. Ce matin la paire EUR/USD traite à 1.0795.

Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a été admis en soins intensifs hier en fin de journée, après avoir été hospitalisé pour la deuxième fois en un mois. Il présente des «symptômes suggérant un problème urgent de vessie», indique le Pentagone.

L'OTAN s'est jointe à la Maison Blanche pour rejeter les remarques de Donald Trump selon lesquelles, en tant que président, il avait encouragé la Russie à faire ce que bon lui semble avec les pays de l’OTAN dont les engagements en matière de dépenses de défense étaient insuffisants. Les fonctionnaires européens qui ont entendu les commentaires de Trump se souviennent de ses remarques de manière quelque peu différente, selon l’agence Bloomberg.

Joe Biden exhorte Israël à protéger les civils des opérations militaires dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza. Israël déclare avoir sauvé deux otages lors d'un raid qui comprenait également des frappes aériennes sur Rafah. Auparavant, Benjamin Netanyahu avait déclaré que son pays poursuivrait le Hamas dans la ville, mais qu'il mettrait les civils à l'abri. Le ministre iranien des affaires étrangères déclare que le conflit pourrait être proche d'une «solution diplomatique».

Au menu macro-économique du jour, pas de statistiques en vue mais des discours de banquiers de la Fed (dont Michelle Bowman à 15h20).
L'actionnaire majoritaire de Novo Nordisk prévoit d'investir jusqu'à 7 milliards de dollars par an d'ici 2030, selon le FT. ASML va lancer la production de sa nouvelle machine «High NA EUV» au prix de 350 millions de dollars, sa dernière innovation pour conserver ses parts de marché dans le secteur. BP Plc va bénéficier d'une manne de 700 millions de dollars grâce aux changements fiscaux au Royaume-Uni, selon le FT. Jeff Bezos vend environ 2 milliards de dollars d'actions Amazon. Diamondback Energy serait proche d'une fusion avec Endeavor, selon le WSJ. Apple met un terme aux poursuites engagées contre la société Rivos pour violation de secrets commerciaux. Tesla réduit temporairement les prix de la Model Y aux États-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices font quasiment tous dodo. Seul le Nifty50 répond à l’appel en reculant de 0,76%. Le nouvel an lunaire va perturber le calendrier de trading. Shanghai ne rouvrira que le 19 février, Taiwan le 15. Hong Kong fait relâche pendant deux séances et reprend après-demain. A Séoul, seule la journée de ce lundi est chômée. Pas de trading non plus aujourd’hui au Japon, qui fête la journée de sa fondation. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%. L'agenda des publications de résultats de sociétés reste chargé cette semaine avec notamment Coca-Cola, Shopify, Michelin, Heineken, Airbus, Capgemini, Schneider, Deere, EssilorLuxottica, ENI, Safran et Stellantis. Les statistiques macro-économiques refont aussi surface avec l'inflation et les prix à la production de janvier aux Etats-Unis et divers indices de confiance (Empire State, Philly Fed, Université du Michigan).