Gonet: l'actualité des marchés au 9 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,13%, S&P 500 +0,06%, Nasdaq +0,24%, Russell +1,50%, SOX +1,57%, Eurostoxx +0,68%, SMI -0,64%.

Jeudi 8 février, 21h59 heure de Veigy-Foncenex, l’indice S&P500 (SPX) traite à 5000,40 points. Jeudi 8 février, 22h00, le même SPX termine sa journée à 4997,91. Oubliez Hollywood, Wall Street c’est nettement plus fort en termes de suspense… Les cartons de casquettes étaient déjà déballés, les bouteilles de champagne débouchées, on remballe, en revanche on ne boude pas le champagne, c’est tout de même jeudredi, pourquoi donc se priver?

5’000 points ou pas, le SPX réalise hier son neuvième record historique de l’année. Le podium du jour se compose des titres de l’énergie, des services de communication et de l’immobilier. On continue de digérer les résultats trimestriels de sociétés qui inondent les parquets de trading. Hier on remarque Walt Disney, qui décolle de 11,5%, Ralph Lauren qui bondit de 16,8%, PayPal qui chute de 11,2% et surtout Arm Holdings, qui décolle de 48%, la firme de Cambridge reçoit un joli tampon tout neuf estampillé «IA» du marché après que son CEO a déclaré que l’opportunité remarquable présentée par l’intelligence artificielle en est encore à ses débuts. Je vois d’ici tout un chacun me demander: «oui mais alors pourquoi donc ne nous avez-vous pas recommandé d’acheter Arm ces dernières semaines?». Je vous fais grâce de la réponse plutôt crue que me servaient mes mentors de la Banque Scandinave lorsque j’apprenais (aux forceps) le métier de trader et leur posais ce genre de question…

On redescend sur terre avec des volumes d’échanges disparates, qui reculent sur le front du SPX et du Dow mais décollent sur le Nasdaq. La volatilité recule encore, le VIX clôture à 12,79, le support de 11,81 est de plus en plus proche et cela m’amène à vous dire que l’indice phare de Wall Street traite désormais à  20,38 fois les bénéfices estimés à 12 mois, son niveau le plus cher depuis février 2022 (si mes calculs sont bons cela fait environ deux ans). La moyenne à 10 ans se situe à 17,95, selon FactSet. Et oui, on n’a rien sans rien, le SPX a grimpé de 21,5% depuis le 27 octobre, difficile pour les prévisions de résultats de suivre un tel rythme. Et lorsque le rythme s’emballe, en temps normal on marque inéluctablement une pause à un moment donné.

À ce propos, l’hebdomadaire Barron’s publie un article ce matin dans lequel il se demande si le marché boursier n’aurait pas déjà entamé une correction. Barron’s note que le pourcentage d’actions du SPX qui se situent au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours est passé de près de 80% il y a quelques semaines à 72% aujourd’hui. Compte tenu de la corrélation historique entre le pourcentage d’actions au-dessus de ce niveau et les mouvements de l’indice général, le SPX devrait se négocier à un niveau plus proche de 4600 points, soit environ 7,5% plus bas qu’hier soir. En d’autres termes, toujours selon Barron’s, les grandes valeurs technologiques sont à l’origine d’une bonne partie des gains récents de l’indice, et le SPX pourrait facilement vaciller si ces valeurs corrigent. Il faut savoir que de nombreux secteurs sont en baisse pour l’année, alors que la tech affiche déjà un gain de 7%. Ce secteur représente à lui seul près d’un tiers de la valeur de marché du S&P500, selon FactSet.

Résumons: le SPX est nettement plus cher aujourd’hui qu’il y a deux ans et le bull market entamé en octobre 2023 semble présenter quelques craquelures de l’intérieur. Il n’y a absolument rien d’étonnant à cela, si les arbres montaient au ciel d’une traite, cela se saurait (et nous aurions tous acheté Arm avant-hier bien entendu). Le marché des actions surfe actuellement sur une vague haussière rare, personne ne sait quand cette vague s’arrêtera. Pourquoi donc la quitter alors que l’on peut s’y maintenir en portant un gilet ? Par exemple en achetant de la protection (la volatilité est si basse ces jours que le coût d’achat des puts est devenu fort attractif) ou encore en plaçant des ordres dits «stop loss» afin d’accompagner les positions en actions et les protéger partiellement.

La hausse d’hier du SPX est accompagnée, une fois n’est pas coutume, par un bond des rendements obligataires, le 10 ans revient ce matin à 4,17%. Le dollar reste plutôt stable, la paire EUR/USD traite à 1,0781. Le pétrole est en forme, le baril de WTI Light Crude remonte à 76,37 dollars, l’or stagne à 2032 dollars l’once.

Sur le front macro-économique, c’est une journée calme que celle de jeudi.  Les demandes initiales et continues d’allocations chômage ressortent toutes deux inférieures au consensus malgré l’augmentation des annonces de licenciements. Barkin de la Fed déclare à deux reprises  qu’il attend plus de conviction sur la voie de la désinflation et que la Fed peut prendre son temps ; rappelons que la «patience» a été le mot d’ordre de la Fed ces derniers temps en matière d’assouplissement. Collins est le dernier responsable de la Fed à signaler les attentes de réduction des taux en ligne avec le graphique en pointillés (75 pb).

«Ma mémoire est bonne». Joe Biden réagit à un rapport de l’avocat spécial qui le décrit comme un «homme âgé à la mémoire défaillante» et qui fait état d’occasions répétées où il a eu du mal à se souvenir de faits élémentaires. Mais vers la fin de son intervention devant les journalistes, il fait référence par erreur au président égyptien Abdel Fattah El-Sisi comme étant le dirigeant du Mexique.

Vladimir Poutine déclare que Moscou n’a pas encore atteint tous ses objectifs en Ukraine. Dans une interview, le président russe déclare qu’il envisagera des négociations si les États-Unis cessent de fournir des armes à Kiev. M. Poutine laisse également entendre qu’un accord pourrait être conclu pour libérer le journaliste américain emprisonné Evan Gershkovich, suggérant qu’il pourrait être rendu dans le cadre d’un échange de prisonniers.

Il n’est pas garanti que la BCE abaisse ses taux cette année, car les risques d’inflation persistent, déclare le patron de la banque centrale autrichienne Robert Holzmann à la FAZ. «Il y a une certaine chance qu’il n’y ait pas de baisse des taux d’intérêt cette année ou seulement à la fin de l’année», indique le membre du conseil d’administration de la BCE.

Au menu macro-économique du jour, la seconde lecture de l’inflation allemande de janvier, publiée à 8h00 (et sortie pile en ligne avec les attentes). Les révisions annuelles de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) seront suivies de près. Il y a tout juste un an, ces révisions étaient suffisamment importantes pour jeter le doute sur les progrès globaux de l’inflation. Les responsables de la Fed cherchant à obtenir davantage de preuves de la maîtrise des prix, les décideurs politiques et les investisseurs sont sur les dents.

Hermès dégage une croissance de 17,5% à taux de change constants au quatrième trimestre. L’Oréal signe un chiffre d’affaires de 41,18 milliards de dollars en 2023, en hausse de 11% en données comparables. Nissan manque les attentes, le titre chute. Pinterest glisse de 9% hors séance après ses trimestriels. Softbank poursuit son ascension après son troisième trimestre fiscal, après avoir été déjà dopé la veille par la flambée d’ARM Holdings. L’accord entre Epic et Walt Disney valorise le créateur de Fortnite à 22,5 milliards de dollars, selon The Information. Volkswagen maintient ses projets de véhicules électriques en Amérique du Nord. Roche va supprimer un peu moins de 340 emplois dans sa division développement.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé, du moins pour ceux qui sont ouverts. Tokyo grappille 0,09% à la cloche, Hong Kong perd 0,83% et ne reviendra pas aux affaires avant mercredi. Shanghai est fermée et le restera toute la semaine prochaine. Séoul n’a pas ouvert non plus et le Nifty50 égare 0,01%. Le future SPX gagne 1 point ce qui est énorme, cela pourrait lui permettre de casser les 5’000 points sur le cash s’il maintient ce niveau à la cloche. L’Europe ouvre en légère hausse, le secteur du luxe français (pléonasme) devrait capturer l’attention, Hermès a publié de bons chiffres et décolle de 4,4% tandis que l’Oréal perd 7% après ses trimestriels.

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