Julius Baer: la provision sur crédit liée à l’investisseur Benko

AWP

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Malgré cette déconvenue, le gestionnaire de fortune s’est dit solidement capitalisé et en mesure de résister à une éventuelle déconfiture de ces prêts, ce qui semblait plus ou moins rassurer les investisseurs.

L’importante provision sur crédit révélée en novembre par Julius Baer est bien liée à l’investisseur autrichien en difficultés René Benko. Malgré cette déconvenue, le gestionnaire de fortune s’est dit solidement capitalisé et en mesure de résister à une éventuelle déconfiture de ces prêts, ce qui semblait plus ou moins rassurer les investisseurs.

La provision sur crédit de 70 millions de francs enregistrée par Julius Baer, que la banque avait divulgué fin novembre, est principalement liée à «la plus grande exposition unique» dans son portefeuille de crédits accordés à de riches particuliers. Cette provision financière est liée à René Benko, a indiqué lundi une source à l’agence AWP.

La valeur totale de cette exposition s’élève à 606 millions de francs, répartie en trois prêts accordés «à des entités différentes au sein d’un conglomérat européen» non identifié, selon un communiqué.

Divers médias avaient précédemment rapporté que la banque avait été affectée par les déboires financiers de l’investisseur René Benko, propriétaire du groupe Signa. La banque zurichoise aurait financé il y a quatre ans l’achat des grands magasins Globus par M. Benko et ses partenaires thaïlandais.

Les prêts à cette entité sont garantis par des contreparties liées à de l’immobilier commercial et au secteur du luxe. Le gestionnaire de fortune a indiqué avoir «pris des mesures pour protéger ses intérêts et préserver la valeur des contreparties». Ce portefeuille de crédits doit maintenant être restructuré et la banque pourrait procéder «de manière prudente» à de nouveaux ajustements.

Même dans le cas éventuel d’une perte totale sur ces crédits, le ratio de fonds propres durs (CET 1) du groupe serait supérieur à 14% et la banque «serait nettement profitable», a-t-elle affirmé.

Fin octobre, le portefeuille de crédits privés, activité inhérente aux services accordés à ses clients ultra-riches, s’élevait au total à 1,5 milliard de francs et l’ensemble des prêts accordés par la banque à 41 milliards. Les deux autres plus importants prêts à des particuliers s’élèvent à 216 millions et 140 millions et ne sont pas liés au secteur immobilier.

Quelle qualité pour les garanties?

«Nous regrettons qu’une seule exposition a créé des incertitudes pour nos actionnaires», a déploré le directeur général Philipp Rickenbacher, cité dans le communiqué, ajoutant que l’établissement zurichois «est très bien capitalisé», le ratio de fonds propres durs CET 1 se situant à 16,1% fin octobre. Face à ces difficultés, le patron a indiqué que le groupe allait revoir son activité de prêt aux particuliers fortunés.

Fin novembre, la banque avait averti qu’elle tablait cette année sur un résultat net annuel inférieur à celui enregistré en 2022, année où elle avait inscrit un bénéfice net (IFRS) de 950 millions de francs, en raison d’une hausse des provisions sur crédits de 82 millions et d’une augmentation du taux d’imposition.

Julius Baer a dans la foulée confirmé son objectif de reverser environ la moitié du bénéfice net ajusté aux actionnaires, le dividende par action devant au moins être comparable à celui de l’exercice précédent.

A la Bourse suisse, les investisseurs ont sanctionné ces informations, non sans avoir auparavant hésité, faisant valser le titre Julius Baer entre hausse et baisse. L’action du gestionnaire de fortune a ainsi clôturé sur un repli de 2,29% à 45,68 francs, dans un indice SLI également en baisse de 0,5%.

Les analystes de Vontobel s’interrogeaient quant à eux sur la qualité et la valeur des garanties liées à ces prêts que détient Julius Baer. Leurs homologues de la Banque cantonale de Zurich estiment pour leur part que ces annonces devraient dissiper le doute sur d’autres amortissements.

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