Guerre commerciale: la zone euro sera moins affectée qu’ailleurs

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«L’incertitude croissante et les droits de douane sont les principaux moteurs de la croissance modérée en 2025» en zone euro, estime le FMI dans ses prévisions économiques mondiales (WEO).

«L’incertitude croissante» et «les droits de douane» vont peser cette année sur la croissance en zone euro, a estimé mardi le Fonds monétaire international (FMI), qui a cependant moins baissé ses prévisions que pour d’autres régions du monde.

«L’incertitude croissante et les droits de douane sont les principaux moteurs de la croissance modérée en 2025» en zone euro, écrit ainsi le FMI dans ses prévisions économiques mondiales (WEO) publiées mardi.

Même s’il a dit ces derniers jours s’attendre à 100% à un accord commercial avec l’Union européenne, le président américain Donald Trump applique déjà des droits de douane punitifs sur l’acier, l’aluminium, l’automobile, outre une surtaxe de 10% sur la plupart des produits exportés par l’UE.

Alors que la croissance continentale était déjà attendue comme modeste, l’assaut de Trump a fragilisé la situation, analyse l’institution de Washington.

Exception espagnole

L’Allemagne devrait ainsi afficher une croissance nulle en 2025, prévoit le FMI: il a revu sa prévision en baisse de 0,3 point par rapport à ce qu’il prévoyait en janvier pour la première économie de la zone euro, déjà en récession en 2023 et 2024.

La France est, elle, attendue à 0,6% de croissance cette année, en recul de 0,2 point par rapport à la prévision de janvier, et l’Italie à 0,4%, en retrait de 0,3 point.

Pour 2026, le FMI anticipe aussi une croissance plus faible qu’elle ne le faisait en janvier s’agissant des trois principales économies de la zone euro, et pour la zone monétaire dans son ensemble (1,2% soit -0,2 point).

La Banque centrale européenne (BCE) a déjà constaté jeudi que les perspectives de croissance en zone euro «se sont détériorées du fait de l’intensification des tensions commerciales».

Exception notable parmi les principaux pays développés et émergents: en dehors de la Russie, l’Espagne est le seul pays à voir sa prévision de croissance augmenter. Le FMI table sur 2,5% en 2025, à la faveur des activités de reconstruction lancées après d’importantes inondations et une dynamique forte en 2024.

«L’Espagne reste sur sa lancée de 2024, avec une forte exportation de services (en particulier le tourisme, NDLR) et un marché du travail qui reste solide, en profitant notamment de l’immigration. Mais le pays est également touché par les effets des droits de douane et l’incertitude ce qui nous amène à envisager un ralentissement en 2026», a souligné la directrice adjointe du pôle recherche du FMI, Petya Koeva Brooks, lors d’une conférence de presse.

Inflation faible

A l’heure où les instituts de prévisions peinent à chiffrer l’effet de la guerre commerciale et les conséquences de l’imprévisibilité des annonces de Donald Trump, le FMI s’attend à un recul moins marqué en zone euro qu’ailleurs.

Cela s’explique en partie par le fait que cette zone chute de moins haut par rapport à d’autres régions.

L’institution de Washington table ainsi sur un ralentissement de la croissance mondiale de 0,5 point par rapport à ses prévisions de janvier, à 2,8%, avec un recul marqué des prévisions américaine, chinoise, britannique, mexicaine et japonaise: en cause, une consommation affectée par la hausse des droits de douane et une inflation en progression notamment aux Etats-Unis.

Si le FMI estime que les droits de douane vont faire encore grimper les prix à la consommation aux Etats-Unis, il table sur un impact quasiment nul en zone euro où sa prévision d’inflation reste inchangée.

«Le ralentissement de la croissance, l’évolution des prix de l’énergie et l’appréciation de l’euro sont autant d’éléments qui laissent présager une inflation plus faible au cours de l’année à venir» en zone euro, mettent également en avant les experts de la banque HSBC dans une note.

L’inflation en zone euro a ralenti en mars à 2,2% sur un an, offrant à la Banque centrale européenne (BCE) la capacité à baisser ses taux d’intérêt jeudi, ce qui est favorable à l’activité économique.

La mise sur pause de la réplique européenne aux droits de douane de Trump permet aussi d’éviter des conséquences sur l’économie de la zone euro, au premier rang desquelles une hausse des prix.

Mais l’Europe doit également «régler ses déséquilibres internes», a souligné le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, ce qui permettrait «de renforcer la croissance».

«Cela passe par plus de dépenses sur les infrastructures afin de renforcer la hausse de la productivité», a-t-il ajouté.

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