Les Bourses mondiales ont les yeux rivés jeudi sur les politiques des banques centrales, notamment la BCE qui a baissé ses taux, dans un contexte de tensions commerciales qui bousculent l’économie mondiale depuis le retour de Trump.
La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux jeudi pour la sixième fois d’affilée: le taux de dépôt, qui fait référence, a été réduit de 0,25 point, à 2,25%, un niveau qui n’est plus jugé pénalisant pour l’économie.
Dans ce contexte, Paris a cédé 0,60%, Milan 0,24% et Francfort 0,49%. Londres a terminé à l’équilibre (+0,00%). A Zurich, le SMI a gagné 0,54%.
«Les marchés ne peuvent pas s’enthousiasmer sur une baisse des taux largement attendue, alors que les tensions commerciales actuelles provoquent un manque de visibilité extrêmement fort», tranche Jeanne Asseraf-Biton, directrice recherche et stratégie chez BFT.
«Les acteurs de marché restent nerveux et de nombreuses incertitudes persistent», selon Andreas Lipkow, analyste indépendant.
Cette baisse accompagne un processus de désinflation «en bonne voie». Mais les perspectives de croissance en zone euro «se sont détériorées» du fait de l’intensification des tensions commerciales, a déclaré l’institution de Francfort.
Aux Etats-Unis, la politique monétaire est également un point d’attention majeure des marchés. Donald Trump s’en est pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu’il a jugé «trop lent» à baisser les taux d’intérêt de l’institution.
Le dirigeant aurait «dû baisser les taux d’intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE», a estimé le président américain, en encourageant M. Powell à «le faire maintenant».
«Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine», a encore écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social, alors que le second mandat du dirigeant doit s’achever en mai 2026.
A Wall Street, les indices étaient dispersés: vers 15h40 GMT, le S&P 500 prenait 0,26%, le Nasdaq perdait 0,26%, tandis que le Dow Jones cédait 1,22%.
Ils avaient dévissé mercredi, après que Jerome Powell avait justement estimé que les droits de douane imposés contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis allaient «très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation», compliquant une baisse des taux.
Une baisse des taux, positive pour la croissance, peut en effet provoquer une accélération de l’inflation. «En d’autres termes, M. Powell a déclaré que l’inflation était sa priorité et que la meilleure chose à faire était d’attendre avant de réduire les taux», commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
L’or toujours plus haut, le dollar remonte
L’or, valeur refuge face aux incertitudes, continue sa course aux records. Le métal précieux s’est hissé à un nouveau sommet historique jeudi dans la journée, à plus de 3'357 dollars l’once. Il évoluait vers 15h40 GMT à 3'298 dollars l’once.
Côté marché des changes, le billet vert prenait 0,29% face à la monnaie unique vers 15h40 GMT, à 1,1366 dollar pour un euro, après la baisse des taux de la BCE qui a pour conséquence une baisse de rémunération des actifs libellés dans la monnaie européenne.
Mais sur un mois, le dollar est en recul de 4,50%, sur fond d’inquiétudes des investisseurs sur l’économie américaine et la politique erratique de Donald Trump.
La décision de la BCE a en revanche fait logiquement reculer les taux d’intérêt souverains des Etats européens. Le rendement de l’emprunt à dix ans allemand atteignait 2,47%, contre 2,50% la veille. Son équivalent français reculait à 3,23%, contre 3,26%.
Côté pétrole, les cours grimpent: vers 15h40 GMT, le Brent de la mer du Nord prenait 2,58% à 67,55 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI gagnait 2,89% à 64,28 dollars le baril.
Siemens Energy brille
Siemens Energy (+10,08% à Francfort), a relevé ses prévisions annuelles, après avoir fait état d’un solide deuxième trimestre de son exercice décalé, dans un communiqué de résultats préliminaires publié mercredi.
Unitedhealth dévisse
L’assureur santé américain Unitedhealth plongeait (-22,80% vers 15h40 GMT) après avoir annoncé un abaissement surprise de ses prévisions pour l’exercice en cours, face à une hausse de ses coûts. Au premier trimestre, l’entreprise a fait moins bien qu’attendu par les analystes, avec notamment un bénéfice net par action de 7,20 dollars.