En réalité, une analyse des informations sur lesquelles se basent les investisseurs individuels a longtemps fait défaut. D’autant qu’avec le développement des outils sur internet, l’accès aux informations financières a beaucoup évolué.
Une étude sur le comportement d’analyse des investisseurs individuels se penche précisément sur ce sujet (The Research Behaviour of Individual Investors; NBER; WP 33625, mars 2025). On y découvre des réponses aux questions sur le temps consacré à la recherche, les sites de recherche employés, le moment choisi pour effectué une transaction, le type d’information que les investisseurs individuels utilisent et ce qu’ils ignorent.
Les conséquences des changements technologiques
La grande nouveauté de cette étude de recherche réside donc dans les données disponibles. Celles-ci consistent en données sur la navigation des investisseurs individuels sur internet, comme les adresses URL livrent les informations nécessaires sur les pages visitées. Une étude de Gargano et Rossi a été les premiers à se pencher sur cette piste de recherche en 2018, mais sans trop s’attarder sur le genre de recherche effectuée par l’investisseur.
«L’investisseur médian effectue la plupart de ses recherches sur les actions dans les 24 heures précédant une transaction».
Toomas Laarits et Jeffrey Wurgler, les auteurs de l’étude qui nous concerne aujourd’hui, tous deux issus de la Stern School of Business de l’Université de New York, s’intéressent à 8 millions de clics et 60'000 heures de navigation sur internet durant quatre mois de 2007. Les investisseurs analysés sont 484 ménages ayant effectué 2911 transactions.
Cette période d’analyse peut sembler ancienne pour une étude publiée en 2025, mais les auteurs s’en défendent arguant qu’à cette époque la recherche par internet et les transactions en ligne étaient déjà très répandues. Peu d’investisseurs se rendaient physiquement chez leur courtier avant d’investir. Mais des limites importantes demeurent. L’étude de Laarits et Wurgler ne prend pas en compte des éventuelles recherches d’informations de l’investisseur disponibles en dehors d’internet, ni des connaissances et des informations financières acquises au préalables, par exemple sur les produits ou sur la réputation et le managememt d’une société, ou du produit des discussions avec des amis ou la famille. L’analyse ne peut pas davantage évaluer à quel point l’investisseur comprend les informations qu’il peut lire sur internet.
Une maigre recherche
Les conclusions mettent en exergue la modestie du travail d’analyse des investisseurs individuels: L'investisseur individuel médian consacre à la recherche de titres six minutes par transaction (même nombre d’investisseurs prenant moins de minutes que ceux qui passent davantage de temps). L'investisseur individuel moyen y consacre 29 minutes. Les auteurs révèlent également que la prise de décision est rapide et immédiate. L’investisseur médian effectue la plupart de ses recherches sur les actions dans les 24 heures précédant une transaction, et la plupart de ce temps immédiatement avant la transaction.
En termes de recherche, il ressort que le site de Yahoo Finance était particulièrement prisé des investisseurs individuels. Ces derniers étaient surtout attentifs au niveau de la capitalisation boursière, aux annonces de bénéfices et à des nouvelles sur de nouveaux produits, comme le lancement d’un nouvel iPhone.
Mais l’analyse des investisseurs semble être restée modeste. L’investisseur se limite aux informations d’une page d’accueil et ses résumés des fondamentaux et du graphique des cours du jour. Ils ne cliquent pas sur d’autres pages.
La contribution de cette étude est importante et elle s’ajoute aux nombreux travaux portant sur les nombreux biais comportementaux des investisseurs ainsi que l’impossibilité du «Market Timing». Mieux vaut rester toujours investis, à moins d’être Warren Buffett, et encore. Une récente étude de Hartford Funds, Morningstar et Ned Davies Research, en témoigne sur les investissements des 30 dernières années. L’investisseur qui n’était pas investi dans les actions (S&P 500) durant les 10 meilleures séances de l’année a réduit sa performance de 54%.
Plus que jamais, les professionnels insistent sur les mérites d’une approche à long terme et sur les vertus d’une forte diversification. C’est aussi vrai à l’ère de Donald Trump.