
La Suisse est géographiquement située en Europe. Elle ne semble cependant pas figurer dans le radar tarifaire de l’administration américaine. En effet, il n’y a pas de produits suisses économiquement significatifs à taxer. C’est donc une pléthore de produits de participation sur les actions suisses qui ont été émis à la SIX Structured Products durant le mois de mars. Un mois également riche en émissions de produits offrant une décote sur des titres jugés chers.
Depuis le début de l’année, le SMI enregistre une performance de plus de 10% contre une perte de près de 3% pour le S&P 500. Certes, le marché des actions suisses suit le mouvement général du marché européen, celui-ci étant porté par le secteur de la défense. Mais la Suisse possède un atout majeur qui la protège dans une certaine mesure des retombées de la guerre commerciale initiée par les États-Unis. Contrairement à des grands exportateurs européens comme l’Allemagne ou l’Italie, les produits suisses sont difficilement substituables. Et pas seulement. Les produits d’exportations suisses n’entrent pas en concurrence directe avec les produits américains.
«Les investisseurs sont disposés à prendre des risques, mais tout en se dotant d’un coussin de sécurité raisonnable»
«Une vingtaine de produits d’exportation suisses représentent plus de 10% des importations américaines», souligne une récente étude de PricewaterhouseCoopers. «Ces parts de marché témoignent non seulement d’une forte compétitivité, mais indiquent également que ces produits ne sont pas facilement substituables par des produits fabriqués localement et/ou par des produits importés d’autres régions du monde», poursuivent les auteurs de l’étude.
Toutefois, l’incertitude globale demeure significative. De sorte que les investisseurs sont disposés à prendre des risques, mais tout en se dotant d’un coussin de sécurité raisonnable. C’est la vocation des certificats bonus, qui garantissent un montant de remboursement à maturité nettement supérieur au cours de marché du sous-jacent. De plus, ce remboursement n’est généralement pas limité au bonus. L’investisseur continue de profiter de la hausse de cours du sous-jacent au-delà du niveau bonus. En revanche, ce mécanisme de protection prend automatiquement fin si le cours du sous-jacent baisse jusqu’à son niveau barrière.
Or des huit certificats bonus émis à la SIX en mars, tous sans exception ont comme sous-jacent une action suisse. Des actions positionnées dans des secteurs qui n’ont de loin pas connu le même niveau d’engouement dont a bénéficié le secteur technologique américain au cours des dernières années. Gestion de la chaîne d’approvisionnement (Kühne+Nagel), industrie et machines outils (Georg Fisher), télécoms (Swisscom), santé (Novartis), pour ne citer que ceux-là.
Ainsi, la Banque Internationale à Luxembourg (ISIN CH1422240791) a lancé le 13 mars dernier le certificat bonus sur l’action Kühne+Nagel, assorti d’un niveau bonus de 240,44 francs. Soit un écart et un gain de 18% par rapport au cours spot actuel, d’après les données SIX au jeudi 27 mars. La barrière, qui fait l’objet d’une observation continue, est fixée pour sa part à 143,85 francs. Soit un coussin de sécurité de 29,73% pour ce produit arrivant à échéance en mars 2028. Notons également le certificat bonus de Julius Bär sur Swisscom (ISIN CH1412304870), arrivant à échéance le 1er septembre 2026. Le rendement du bonus y est actuellement de 47%, pour une barrière située à un peu moins de 25% du cours spot.
«Plus le niveau de rabais ou de décote est élevé, plus la limite de participation sera basse»
L’autre évolution significative du mois de mars est la quantité de certificats discount émis. Soit pas moins d’une vingtaine, la plupart ayant pour sous-jacent des titres américains et européens. Ceux-ci sont particulièrement adaptés aux investisseurs recherchant des titres bon marché ou dont le cours de marché actuel est jugé trop élevé. L’investisseur acquiert en effet le certificat à un prix inférieur au cours actuel du sous-jacent. Le rendement est cependant limité à un plafond (le «cap») prédéfini. Plus le niveau de rabais ou de décote est élevé, plus la limite de participation sera basse.
UBS vient ainsi d’émettre un certificat discount sur l’action américaine Alphabet (ISIN CH1431537948), arrivant à échéance le 1er septembre 2026, dont le rendement revient à celui d’un achat du sous-jacent au prix de 134,65 dollars au lieu des 162 dollars représentant le cours de marché à l’émission. La participation est néanmoins cappée à 155 dollars, soit 95% environ du cours spot actuel.
Notons que le certificat discount (ISIN CH1218269756) sur l’action française L’Oréal, émis mercredi 26 mars par la Banque Cantonale de Zurich (ZKB), propose pour sa part une décote relativement faible de 3% environ, mais pour un cap fixé à un peu plus de 10% du cours de marché actuel. Tandis que le certificat du même émetteur sur ASML (ISIN CH1425300568), le fournisseur néerlandais de systèmes de photolithographie pour l’industrie globale des semi-conducteurs, affiche une décote élevée de près de 15% contre un cap de seulement 1,84%, d’après les données SIX.