L’once d’or profite de l’incertitude géopolitique et des craintes économiques

Le cours de l’or a franchi un cap historique vendredi, atteignant 3000 $ l’once pour la première fois, dopé par une aversion au risque grandissante et des anticipations de plus en plus marquées d’une baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed). Ce seuil symbolique intervient dans un contexte économique tendu, exacerbé par l’escalade de la guerre commerciale menée par le président américain Donald Trump. Ce dernier a récemment menacé d’imposer des droits de douane de 200% sur le vin européen et d’autres boissons alcoolisées, une réponse directe aux droits de douane de 50% instaurée par l’Union européenne sur les exportations de marchandises américaines, dont le whisky américain, en représailles aux taxes américaines de 25% sur l’acier et l’aluminium.

À cela s’ajoutent des données économiques américaines qui augmentent les chances d’une réaction prudente de la Fed la semaine prochaine. GDPNow de la Fed d’Atlanta table sur une croissance de seulement 1,4% au premier trimestre (en rythme annualisé) en excluant la balance commerciale et les indices des prix à la consommation (IPC) et à la production (IPP) pour février ont révélé une désinflation plus prononcée qu’anticipé.

Graphique journalier du cours de l’or - niveaux clés

Les investisseurs pourraient profiter du seuil des 3000$ pour sécuriser des profits

La demande physique et financière joue également un rôle clé dans cette envolée. Les ETF aurifères enregistrent des flux acheteurs massifs, avec une moyenne sur trois mois dépassant de plus de deux écarts-types la moyenne des trois dernières années. Parallèlement, les banques centrales, emmenées par la Chine, poursuivent leurs achats soutenus, Pékin enchaînant un quatrième mois consécutif d’acquisitions.

Ces fondamentaux soutiennent la dynamique haussière, même si la configuration technique, bien qu’optimiste, pourrait inciter certains investisseurs à prendre leurs bénéfices au niveau psychologique des 3000 $, après une ascension aussi fulgurante.

À court terme, l’évolution des tensions géopolitiques et commerciales restera déterminante. Les négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine, si elles aboutissent, pourraient apaiser les craintes mondiales et réduire la demande d’actifs refuges, exerçant une pression baissière sur l’or. À l’inverse, une impasse ou une escalade maintiendrait l’attrait du métal jaune.