
Le plan d’infrastructures allemand et les dépenses de défense européennes constituent un point de rupture. Le 10 ans allemand s’est envolé de près de 50pb vers 2,90%. A l’inverse, le T-note oscille autour de 4,25% entre mauvaises nouvelles économiques et incertitude tarifaire. Sur les marchés d’actions, la technologie américaine décroche alors que l’Europe poursuit sa hausse. Les spreads restent globalement stables. Le dollar plonge.
L’Europe booste ses marchés
L’Allemagne ferait-elle sa révolution culturelle? Avec 400 milliards d’euros de dépenses militaires et 500 milliards d’euros additionnels d’investissements en infrastructure, les verrous budgétaires allemands ont enfin sauté face à l’urgence sécuritaire et économique. Par ailleurs, le plan de défense européen atteindra 800 milliards d’euros sur 4 ans, dont 650 milliards d’euros à la charge des états et le complément en prêts de l’UE (150 milliards d’euros de crédits réalloués). Aux Etats-Unis, l’actualité reste dominée par les annonces contradictoires de Donald Trump sur les tarifs douaniers. L’administration américaine est rattrapée par le fléchissement conjoncturel. Le déficit commercial abyssal (131 milliards de dollars en janvier) et la chute de la confiance des ménages constituent des points d’inquiétude. Le marché du travail ralentit avec les licenciements publics au niveau fédéral et le contexte politique défavorable à l’investissement et à l’emploi. Les créations d’emplois ressortent toutefois à 151k en février avec un taux de chômage en légère hausse (4,1%). La seule lueur d’espoir provient de l’ISM des services, la composante d’activité étant stable à 54 en février.
Les marchés financiers saluent l’initiative européenne: l’euro remonte vers 1,09 dollar, et le Krach du Bund (+30 pb mercredi, plus forte hausse journalière depuis la réunification) est sans réel préjudice aux marchés d’actions malgré des prises de profit après la publication de l’emploi de février. La BCE a réduit son taux de dépôt à 2,50% comme attendu (-25pb), relevant toutefois sa projection d’inflation à 2,3% en 2025. Une pause en avril est évoquée, mais il nous semble que ce cycle monétaire va se poursuivre jusqu’à 2%. La prime de rendement offerte par les Bunds à long terme stimule les intérêts institutionnels. Le 30 ans allemand touchait ainsi un sommet à 3,16% en milieu de semaine. Le décrochage du Bund est sans effet sur les spreads souverains globalement stables sur la semaine. L’OAT cote 70pb Les swap spreads se resserrent logiquement avec la révision des besoins de financement futurs. Le swap spread à 10 ans s’enfonce sous -10pb.
Les spreads de crédit continuent de s’échanger dans une fourchette étroite. L’asset swap sur l’euro IG se situe autour de 83pb. Le marché primaire reste bien absorbé (80 milliards d’euros par mois en 2025 avec davantage de financières) compte tenu d’une balance de fonds favorable dans les fonds spécialisés (+1 milliard d’euros par semaine en 2025) et des primes à l’émission améliorées. Le high yield (289pb contre swap), quoique cher, résiste aussi bien à l’extrême volatilité sur les taux. La dette émergente résiste également dans le contexte fortement baissier sur le dollar. Les mesures de rétorsion des pays visés par Donald Trump ont renversé le lien entre la hausse des tarifs et le dollar. Les craintes sur l’économie américaine et l’incertitude politique engendrent des rotations au détriment des valeur de technologie américaine. Les marchés européens résistent grâce aux bancaires et aux cycliques qui profiteraient des plans de dépenses militaires et d’infrastructure. L’Euro Stoxx 50 est en hausse de 12% en 2025.