
Les rendements obligataires plongent avec la baisse de la confiance des ménages américains mises à mal par la politique tarifaire délétère de Donald Trump envers l’UE et la Chine. Les actions américaines et asiatiques tanguent, mais l’Europe résiste. L’or se replie, les cryptomonnaies s’effondrent.
Consommation et confiance en déclin
La politique de l’administration Trump est néfaste à l’économie américaine. La baisse des enquêtes de confiance des consommateurs est un second signal d’alerte après la rechute des ventes au détail en janvier. Les ménages anticipent une nette dégradation de l’emploi et réduisent leurs dépenses (-0,5% en volume en janvier) malgré des revenus toujours en forte croissance (+0,9% en termes nominaux en janvier). L’inflation, qui avait stimulé la demande en fin d’année, motive désormais une épargne de précaution, d’autant que la qualité de crédit (automobiles, cartes de crédit) se dégrade. L’incertitude engendrée par les déclarations intempestives de Donald Trump pèse également sur l’investissement des entreprises. Les livraisons de biens d’équipement diminuent ainsi de 0,3% en janvier. L’investissement et l’emploi sont deux décisions similaires pour les entreprises. Le rapport sur l’emploi de février revêtira ainsi une importance particulière cette semaine dans un contexte de tensions avec les licenciements publics. Si le fléchissement de la demande se confirme, la politique tarifaire n’aura qu’un effet transitoire sur les prix, et la Fed devrait privilégier l’emploi, surtout si les turbulences financières s’accroissent. En zone euro, l’inflation devrait ressortir à 2,2% en février sous l’effet de la baisse des prix de l’électricité en France. Les salaires négociés augmentent à un rythme supérieur à 4% l’an mais la BCE a bon espoir que les rémunérations décèleront et ramèneront à terme l’inflation des services vers 3%.
Marchés fragiles face aux incertitudes
Dans ce contexte, les emprunts d’états sont privilégiés. Le T-note s’échange autour de 4,25% en fin de semaine, en baisse de 32pb depuis le début de l’année. Le vote (à la Chambre uniquement) d’un budget irréaliste ajoutant 3’400 milliards de dollars intérêts inclus à la dette fédérale en 10 ans est même sans effet sur la dynamique baissière des taux. Les marchés intègrent de nouveau trois baisses en 2025, considérant que la Fed finira par répondre au fléchissement de la demande. En Europe, les annonces de hausses des budgets militaires, en Allemagne et au Royaume-Uni notamment, ont limité à 10pb environ la baisse hebdomadaire des taux longs tout en maintenant une certaine pression sur les swap spreads. Le Bund à 10 ans s’échange 3pb au-dessus du taux swap. En revanche, on relève des prises de profits sur les dettes souveraines périphériques après un bon début d’année. Une émission de Bonos espagnols a en effet été moins bien accueillie par les marchés. Le crédit s’écarte aussi légèrement, ce qui peut attester de prises de profit en fin de mois. Le crédit euro s’échange autour de 80pb contre swap. Sur le high yield, le marché primaire est un peu plus lourd en l’absence de prime à l’émission. Le marché s’essouffle mais l’iTraxx crossover s’écarte de seulement 6pb sur la semaine à 290pb. Les indices actions attendaient anxieusement la publication trimestrielle de Nvidia. Le géant des semiconducteurs présente toujours une croissance forte mais intégrée dans les cours, ce qui suscite plutôt des prises de profits. Le Nasdaq plonge de 5%. Les indices chinois et coréens, sensibles à la croissance mondiale et au protectionnisme américain, rechutent de 2 à 4%. Les marchés européens surnagent grâce à une politique monétaire permettant un euro faible. La performance des cycliques étonne alors que les valeurs bancaires battent le marché de plus de 10% en 2025.