Donald Trump a de nouveau reculé sur les droits de douane jeudi, annonçant qu’une large part des produits mexicains et canadiens ne seront pour un temps plus concernés par les taxes de 25% en vigueur depuis le début de la semaine.
Cette décision survient alors que la question a provoqué des accès de fièvre sur les places financières mondiales mais aussi inquiété les entreprises et consommateurs américains.
Le président républicain a mis en pause jusqu’au 2 avril les droits de douane de 25% pour les produits mexicains et canadiens respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM).
Parallèlement, il a décidé de réduire à 10% les droits de douane imposés à la potasse canadienne utilisée par l’agriculture américaine.
«Cela va grosso modo exclure les produits éligibles à l’ACEUM des droits de douane existants», a déclaré Donald Trump à la presse depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche.
«Pour protéger nos agriculteurs dans cette période cruciale, nous allons réduire ceux imposés à la potasse canadienne de 25% à 10%», a-t-il ajouté.
Donald Trump avait annoncé dans un premier temps jeudi une exemption sur les produits mexicains après avoir échangé avec la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, avant de dire quelques heures plus tard que le Canada en bénéficierait aussi.
Selon un responsable américain, plus de 50% des produits mexicains et 38% de produits canadiens sont entrés en 2024 aux Etats-Unis sous le régime de l’ACEUM.
La surtaxe de 25%, que Donald Trump a justifié par la nécessité de combattre l’immigration illégale et les arrivées aux Etats-Unis de fentanyl, concernait par exemple les avocats et les tomates du Mexique ou le bois de construction et la volaille du Canada.
Mercredi, Donald Trump avait déjà concédé une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile à la demande des constructeurs américains.
Le Mexique et le Canada avaient déjà bénéficié d’une première pause d’un mois sur l’imposition des taxes.
Ottawa maintient la pression
Mais le 2 avril correspond à la date d’entrée en vigueur des droits de douane réciproques, qui prévoient que les Etats-Unis taxent les produits provenant d’un pays au même taux que le sont les produits américains entrant dans ledit pays.
Donald Trump a aussi assuré que des droits de douane sur l’acier et l’aluminium mondiaux entreraient en vigueur comme prévu la semaine prochaine, y compris sur les métaux provenant du Canada et du Mexique.
Avant l’annonce des exemptions, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé que l’objectif restait «la suppression de tous les droits de douane», qu’il a de nouveau qualifiés d’»injustifiés».
«Nous restons dans une guerre commerciale déclenchée par les États-Unis», a-t-il dit.
Ottawa a annoncé mardi des représailles tarifaires sur certains produits américains et assuré que la liste s’allongerait avec le temps.
Les marchés inquiets
S’il s’est montré positif à l’égard de la présidente mexicaine, Donald Trump a gardé un ton plus acerbe à l’égard de M. Trudeau, l’accusant d’utiliser la question des droits de douane pour tenter de s’accrocher au pouvoir, alors même que le Premier ministre quittera son poste dans quelques jours.
Justin Trudeau s’est entretenu 50 minutes au téléphone mercredi avec le président américain, un appel que le Canadien a qualifié de «haut en couleurs et constructif».
Plusieurs indicateurs de confiance ont piqué du nez depuis le début de l’année et les risques de stagflation, l’association d’une croissance faible et d’une inflation élevée, sont revenus dans la bouche d’un certain nombre d’analystes.
«Sur le long terme je ne suis pas inquiet au sujet de l’inflation», a cependant balayé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, estimant que «l’accès à des produits bon marché n’est pas le fondement du rêve américain» mais plutôt «la prospérité, l’ascension sociale et la sécurité économique» pour tous.
Les places mondiales ont été secouées ces derniers jours, Wall Street en particulier accusant un net repli mais Donald Trump a assuré que sa politique douanière n’avait rien à voir avec les humeurs de la Bourse.
«Je ne regarde pas les marchés», a-t-il lancé.
En attendant, le déficit commercial au mois de janvier a atteint son plus haut niveau depuis 1992, sous l’effet combiné d’importants achats d’or et d’anticipation des droits de douane.