La Banque centrale européenne a de nouveau baissé ses taux d’intérêt de 25 points de base, les ramenant à 2,5%, convaincue que l’inflation atteindra son objectif de 2% d’ici début 2026. La désinflation progresse bien, mais la BCE reconnaît désormais que les risques économiques sont plus équilibrés qu’auparavant, en raison d’un environnement incertain.
Un changement majeur dans le discours de la BCE est l’idée que la politique monétaire devient «sensiblement moins restrictive». Nous continuons de penser que la BCE vise un retour à un taux neutre – celui qui ne freine ni ne stimule l’économie. Nous l’estimons autour de 2%, mais l’incertitude grandit, comme il a été souligné lors de la conférence de presse. Une augmentation des dépenses publiques, si elle se concrétise, pourrait par exemple relever ce taux neutre.
Concernant le rythme des baisses de taux, il devient de plus en plus probable que la BCE ralentisse et passe d’un ajustement à chaque réunion à un cycle trimestriel. Christine Lagarde a insisté sur l’importance des données économiques avant la réunion d’avril, mais peu d’indicateurs clés seront publiés d’ici là. Il faudra donc surveiller de près les annonces sur les droits de douane et la politique budgétaire.
Ce cycle de baisse des taux n’a rien de conventionnel. Ces dernières années, l’économie a subi plusieurs chocs d’offre, et de nouvelles barrières commerciales pourraient encore compliquer la donne. En parallèle, la hausse des dépenses de défense en Europe pourrait fortement stimuler la demande. L’Allemagne, après les élections, assouplit également sa politique budgétaire, avec un rythme et une ampleur qui dépassent les attentes et pourraient marquer un véritable tournant. Dans ce contexte, il est peu probable que l’inflation en zone euro reste durablement sous la barre des 2%, comme c’était le cas avant la pandémie.
Les marchés partagent cette analyse. Comme nous, ils anticipent un taux directeur de la BCE ramené à 2%. L’augmentation attendue des dépenses publiques met sous pression les obligations d’État de la zone euro à long terme. De notre côté, nous avons récemment relevé notre opinion sur les actions européennes à un niveau neutre, car plusieurs facteurs pourraient réduire les primes de risque et améliorer les perspectives de croissance.