Plaidoyer pour une approche «value»

Andrew Williams, Schroders

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Victor Haghani et James White confirment l’hypothèse de Nassim Taleb. L’information anticipée détruit l’investisseur.

 

Cette assertion évoque une scène iconique du film Retour vers le futur II de 1989, où le personnage Biff devient milliardaire en utilisant un almanach avec les résultats sportifs futurs.

Haghani et White ont lancé un défi baptisé «Le défi de la boule de cristal». Les participants ont reçu 50 dollars, avec l’opportunité de faire croître cette somme en tradant sur l’indice S&P 500 et les obligations du Trésor américain à 30 ans, tout en ayant accès à la première page du Wall Street Journal (WSJ) un jour à l’avance, mais sans connaître les prix des actions et des obligations.

Les résultats de cette expérience ne furent pas à la hauteur des attentes. Environ la moitié des participants ont perdu de l’argent, et un sur six a connu la faillite. Le gain moyen s’est limité à 51,62 dollars, représentant une augmentation de seulement 3,2%, un résultat statistiquement similaire à un équilibre.

Ces résultats découlent de deux facteurs principaux:

  1. Une incapacité à prévoir la direction des actions et des obligations.
  2. Une gestion inappropriée des tailles de transactions, mélangeant la prise de risque excessive et des positions sans rapport avec la capacité à prédire les mouvements de prix.

Il est préférable de fonder les décisions d’investissement sur des données historiques solides et des processus rigoureux, afin d’identifier les situations où le potentiel de hausse dépasse le risque de baisse.

Il est souvent observé que les marchés ne réagissent pas aux nouvelles comme attendu, même par des experts. Par exemple, les événements du Brexit et les résultats des élections américaines en 2016 ont surpris de nombreux analystes. Malgré des anticipations largement négatives, les marchés ont réagi en rebondissant rapidement après ces annonces. Cela met en lumière la difficulté des prévisions politiques et économiques: même une bonne anticipation peut ne pas se traduire par une réaction du marché conforme aux attentes.

La prise de risque excessive observée lors de l’expérience indique que de nombreux investisseurs surestiment la valeur prédictive des nouvelles sur les résultats du marché. Toutefois, ne pas connaître l’avenir ne doit pas empêcher de se préparer. Il est préférable de fonder les décisions d’investissement sur des données historiques solides et des processus rigoureux, afin d’identifier les situations où le potentiel de hausse dépasse le risque de baisse.

L’investissement «value» repose sur l’achat d’actions à des prix significativement inférieurs à leur juste valeur. Les données accumulées au cours d’un siècle montrent que cette approche tend à surperformer sur le long terme. Lorsqu’une action est considérée comme suffisamment sous-évaluée, il est primordial d’évaluer ses états financiers pour comprendre comment l’entreprise se comporte à travers les cycles économiques. Il est essentiel d’examiner dans quelle mesure une reprise des bénéfices est sous le contrôle de l’entreprise ou dépend de facteurs externes, ainsi que d’identifier les principaux risques associés. L’analyse des bilans permet également de s’assurer que les entreprises disposent de la solidité nécessaire pour naviguer à travers les défis à court et moyen terme, offrant ainsi une «marge de sécurité» contre les incertitudes.

Ignorer ces principes en adoptant une approche basée sur les dernières prévisions économiques peut mener à des actions non reproductibles et peu fiables. Ce qui distingue les investisseurs de valeur, comme Benjamin Graham, des gestionnaires de fonds moyens, c’est un processus d’investissement systématique et fondé sur l’histoire. C’est ce qu’implique l’investissement «value»: seule une discipline et une cohérence dans l’approche permettent de bénéficier d’un avantage de performance à long terme.

L’histoire indique qu’une performance supérieure du portefeuille est attendue sur un horizon de 10 ans avec une approche «value». Toutefois, les performances peuvent varier et il est impossible de prédire précisément les fluctuations du sentiment du marché. En résumé, l’approche «value» devrait prouver son efficacité au fil du temps.

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