Les nouvelles menaces commerciales de Donald Trump contre certains partenaires commerciaux des Etats-Unis ont porté un coup au dollar, qui a atteint jeudi son niveau le plus bas depuis plus de trois ans. Une faiblesse qui pourrait perdurer, selon les analystes.
En se basant sur le Dollar Index, qui compare la devise américaine à un panier d’autres grandes monnaies, le billet vert a touché jeudi un plus bas inédit depuis mars 2022, à 97,602 points.
Et il est tombé face à l’euro à un plancher jamais vu depuis octobre 2021, à 1,1631 dollar.
Vers 19H00 GMT, le billet vert perdait 0,77% face à la monnaie unique, à 1,1576 dollar pour un euro.
«Le dollar est plus faible par rapport à la quasi-totalité des devises du G10 et à la plupart des devises des marchés émergents», résume Marc Chandler, de Bannockburn Global Forex.
En cause, notamment, le président américain a annoncé son intention d’»envoyer des lettres» à chaque partenaire commercial engagé dans des négociations avec les Etats-Unis pour les informer des droits de douane qui leur seront imposés.
Ces lettres présenteront «un accord à prendre ou à laisser» et seront envoyées à «plus de 150 pays» d’ici deux semaines, a-t-il précisé mercredi soir à Washington.
«Soulagement de courte durée»
Ces remarques ont ravivé les inquiétudes des marchés, qui s’étaient pourtant détendus après l’accord conclu dans la nuit de mardi à mercredi par les négociateurs américains et chinois sur un «cadre général» destiné à lisser leurs différends commerciaux
«Le dollar va rester faible tant qu’il y aura des incertitudes commerciales», résume à l’AFP John Plassard, spécialiste de l’investissement chez Mirabaud, qui met en exergue les nombreux mouvements contradictoires de l’administration américaine avec Donald Trump.
«Le soulagement d’apprendre que les États-Unis et la Chine avaient peut-être conclu un accord susceptible de faciliter les exportations chinoises de terres rares vers les États-Unis --en échange de l’autorisation pour davantage d’étudiants chinois d’étudier dans les universités américaines-- a été de courte durée», souligne Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.
En outre, «il y a des signes d’une réelle faiblesse de l’économie américaine», note Adam Button, de ForexLive.
«Les demandes d’allocations chômage sont à leur plus haut niveau depuis octobre», observe l’analyste.
Intérêt pour l’euro
Le dollar est également affecté par la «grande et belle loi» budgétaire de Donald Trump, (énormes allègements fiscaux, lourdes dépenses pour la défense et coupes dans les prestations sociales), qui suscite des craintes de voir s’alourdir le déficit des Etats-Unis.
Par ailleurs, une possible escalades des tensions autour de la question du nucléaire iranien entre les Washington et Téhéran inquiète les cambistes.
Dans une interview au New York Post publiée mercredi, le président américain Donald Trump a affirmé se montrer «moins confiant» au sujet d’un accord avec Téhéran sur le nucléaire iranien.
Depuis, le ton est monté, et les Etats-Unis ont annoncé mercredi avoir déplacé une partie de leur personnel au Moyen-Orient après que Téhéran a menacé de frapper leurs bases militaires en cas de conflit consécutif à un échec des négociations.
«Une guerre est coûteuse (...) et l’on s’en rapproche entre les Etats-Unis et l’Iran», commente M. Button.
Dans le même temps, l’intérêt pour l’euro est renforcé par le plan allemand d’allègements fiscaux pour les entreprises destiné à relancer l’investissement d’ici 2029.
Ce plan «offre de nouvelles opportunités d’investissement pour la zone euro», explique Mme Brooks.
Malgré ce contexte, le statut du dollar est encore loin d’être remis en cause: il «reste la monnaie de réserve mondiale», tranche l’experte.
Le billet vert représente encore l’écrasante majorité des réserves de change des banques centrales mondiales et reste prédominant dans les échanges.
La montée fulgurante de l’or --le prix d’une once du métal jaune s’est envolé de près de 30% depuis le début de l’année-- montre tout au plus que le billet vert «suscite des inquiétudes», qui poussent les investisseurs à «diversifier leurs placements en dehors du dollar», estime l’analyste.