Gonet: l'actualité des marchés au 5 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,30%, S&P 500 +0,72%, Nasdaq +1,35%, Russell +1,41%, SOX +1,05%, Eurostoxx +0,89%, SMI -0,57%.

Le marché reste dans le flou artistique le plus total mais hier il choisit de se tourner vers le côté éclairé de la force. Qui vous savez est en train de mettre un tel bazar depuis le 20 janvier que Wall Street est sur le point d’engager Jean-Claude Van Damme pour l’aider à clarifier tout cela. Les investisseurs sont actuellement divisés entre la reculade de Donald Trump face au Mexique et au Canada, la guerre commerciale qui s’intensifie avec la Chine, des résultats trimestriels  de sociétés globalement bons et la macro d’hier qui permet aux optimistes de continuer d’espérer des baisses de taux à venir par la Fed.

Pendant que les Celtics mettent un gros coup de clim dans la salle de basket de Cleveland, les principaux indices américains d’actions reprennent le chemin de la hausse, portés par tous les mastodontes de la tech mais aussi par Fox Corp, la firme préférée du grand blond, qui décolle de 5,2% après ses résultats. Au chapitre des perdants du jour, mentionnons notamment les cosmétiques (Estée Lauder EL -16,07%), la pharma (Merck MRK -9,1%) et Paypal (PYPL -13,17%). Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des services de communication et de la tech. Clôture au plus haut de la séance dans des volumes d’échanges en repli. Le breadth du SPX est neutre, celui du NDX nettement positif, la volatilité des actions recule, le VIX rend 7,9% à 17,21, comme il semble loin le niveau de 22,51 atteint en séance du lundi 27 janvier, alors que le monde faisait connaissance avec DeepSeek. Sur le front obligataire la volatilité recule aussi, le MOVE perd 4,1% à 90,28, il nous indique le retour d’une certaine forme de sérénité dans le marché des bonds, d’ailleurs le rendement du 10 ans US revient à 4,49%, pile sur son support de 4,49%, c’est là que se trouve actuellement sa moyenne mobile à 50 jours.

On revient brièvement aux actions avec un nouveau venu dans la famille des indicateurs internes de marché que vous adorez toutes et tous, l’indice Cboe S&P500 Dispersion Index (DSPX). Le DSPX mesure la dispersion des performances des 500 membres du SPX, lorsqu’il monte il nous dit que cela part un peu dans tous les sens et que le marché n’est pas homogène. C’est ce qui se produit depuis le 24 janvier, le DSPX a ouvert un gros gap à la hausse ce jour-là et gagné 15% en séance, suivez mon regard en direction d’un grand blond aux idées noires et le bazar susmentionné. Hier le DSPX recule de 3,2% à 33,69, il nous dit que cela se calme quelque peu mais son niveau actuel reste élevé. Il est aussi utile à identifier des opportunités d’arbitrage, on va le suivre de près ces prochaines semaines.

Au chapitre des monnaies, le dollar perd de la vigueur. La paire EUR/USD remonte à 1,0408, sa prochaine résistance se situe à 1,0413 (50 dma). Le dollar canadien et le peso mexicain se portent nettement mieux qu’il y a trois jours.

La séance boursière européenne d’hier est plutôt bonne, hormis en Suisse où UBS plombe l’ambiance en chutant de 7% malgré des résultats solides. Le marché n’est pas impressionné par l’annonce d’un nouveau plan de rachat d’actions propres, rappelons aussi que le titre avait gagné 40% en six mois et que la perspective d’une augmentation substantielle des exigences de fonds propres implique moins d’argent potentiellement dans les poches des actionnaires. UBS est l’éléphant dans l’exigüe pièce Helvétie, personne ne reprochera à la Finma de monitorer ce dossier de très près. Techniquement le titre est en train de tester sa moyenne mobile à 50 jours à la baisse (CHF 29,38 contre la 50 dma à CHF 29,37). S’il la casse, il se tournera alors vers sa 100 jours (@CHF28,20).

Au registre de la macro, les offres d’emploi JOLTS sont en baisse en décembre aux Etats-Unis, annulant une partie des gains de novembre, tandis que le taux de démissions reste peu changé. Mary Daly de la Fed de San Francisco souligne la solidité de l’économie et affirme que la politique monétaire est bien positionnée; elle insiste sur le fait que «l’incertitude n’est pas une paralysie» et que la Fed reste attentive à l’évolution du contexte politique. 

Ce mercredi matin le marché se réveille d’humeur légèrement maussade, les résultats trimestriels publiés après la cloche du NYSE par Advanced Micro Devices (AMD) et Alphabet (GOOG) ont été sanctionnés par un -8% dans les échanges après bourse. Alphabet annonce un bénéfice par action de 2,15 dollars, légèrement supérieur aux attentes, mais son chiffre d’affaires de 96,47 milliards de dollars reste en dessous des 96,68 milliards prévus, ce qui fait chuter son action de 7,9% après clôture. Google Cloud génère 12 milliards de dollars, ratant les prévisions, tandis que YouTube surpasse les attentes avec 10,47 milliards de revenus publicitaires. L’entreprise investit 14,28 milliards en infrastructures technologiques et prévoit 75 milliards pour 2025, principalement en IA. Les investisseurs s’inquiètent des dépenses en IA face à la concurrence accrue de ChatGPT, Meta AI et DeepSeek. En parallèle, Google fait face à une menace de démantèlement après un jugement confirmant son monopole sur la recherche et la publicité textuelle.

Des résultats de firme peu enclins à attirer les acheteurs en ce mercredi matin donc, en parallèle le CEO des Etats-Unis annonce vouloir «prendre le contrôle de Gaza». «Nous allons faire le travail, posséder Gaza, la nettoyer des bombes non explosées et déblayer les débris pour reconstruire» une «Riviera du Moyen-Orient», explique-t-il. «Ce n’est pas une proposition faite à la légère». Il envisage une occupation américaine «à long terme» vue comme une contribution à «la paix au Moyen-Orient». Cette «riviera» accueillerait «des gens du monde entier» mais pas les Palestiniens. Rappelons au passage que le locataire de la Maison-Blanche a déjà proposé d’absorber le Canada, de racheter le Groënland et de mettre la main sur le Panama. Les esprits taquins suggéreront qu’il a peut-être été snobé par le président chinois Xi hier, son conseiller Peter Navarro affirmant à Politico qu’un appel téléphonique devait avoir lieu hier mardi entre les deux chefs d’Etat, on attend toujours le compte-rendu de leur conversation. 

Au menu macro-économique de ce mercredi, la seconde lecture des indicateurs PMI des services de janvier des grandes économies sera égrenée tout au long de la journée. Les prix à la production européens (11h00) puis aux Etats-Unis le rapport ADP sur l’emploi (14h15) et l’ISM des services complèteront le tableau.

Novo Nordisk annonce un bénéfice du quatrième trimestre qui dépasse les attentes, mais la croissance devrait ralentir en 2025. Banco Santander publie un bénéfice record de 12,57 milliards d’euros en 2024. BP Plc devrait investir jusqu’à 25 milliards de dollars dans le redéveloppement de quatre champs pétroliers et gaziers à Kirkouk, en Irak. La FDA approuve le Susvimo de Roche en tant que premier et unique traitement à administration continue de la principale cause de cécité liée au diabète. Kudelski supprime 160 emplois dans le cadre d’une restructuration. BlackRock a l’intention d’embaucher 1200 personnes en Inde pour renforcer ses centres de support et développer ses capacités en matière d’intelligence artificielle. Royal Caribbean renoue avec la catégorie d’investissement chez S&P. Nissan prévoit de rejeter la proposition de mariage de Honda. Toyota revoit à la hausse ses prévisions de bénéfices annuels. L’administration Trump envisage d’ajouter Shein et Temu (PDD Holding) à la liste du «travail forcé», selon Semafor.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Shanghai qui est de retour et recule de 0,65%. Tokyo progresse de 0,09% à la cloche, Hong Kong perd 0,93%, Séoul prend 1,11% et le Nifty50 avance de 0,08%. Le future SPX rend 35 points et l’Europe ouvre en baisse de 0,4%. L’or poursuit sa hausse, l’once traite à 2868 dollars, un record. Le pétrole évolue à 72,36 dollars le baril de WTI Light Crude.

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