Wall Street a beaucoup à faire hier entre des décisions de banques centrales à digérer, les résultats de sociétés à analyser et les déclarations à l’emporte-pièce du CBO (Chief Blabla Officer) Donald Trump que les intervenants tentent d’intégrer à la grande équation du marché.
Côté politique monétaire, la Fed a comme prévu mis son cycle de baisses de taux sur pause, l’économie des Etats-Unis est solide, l’inflation refuse de poser un genou à terre, Jerome Powell est on ne peut plus clair et maintient le cap, malgré les vociférations du CBO. En Europe la BCE coupe ses taux de 25 points de base hier, c’était attendu, Christine Lagarde parle d’une économie fragile et affranchie de l’inflation à court terme. Au chapitre des résultats trimestriels de sociétés, c’est une semaine riche qui s’achève, nous avons eu droit à Meta, Tesla, IBM et Apple, qui sont récompensées par le marché après leurs publications respectives, tandis que Microsoft est punie, on ne pardonne pas grand-chose à ces niveau de valorisations. Sur le vieux continent, ASML et SAP plaisent, LVMH déçoit, elle devrait «promouvoir à l’extérieur les 5% de ses employés les moins performants», son CEO dixit, quelle délicate expression.
Donald Trump fixe une échéance au 1er février (ndlr: demain donc) pour instaurer une première série de tarifs douaniers sur le Canada, le Mexique et la Chine, provoquant des incertitudes parmi les observateurs économiques et les dirigeants mondiaux. Hier, Trump réaffirme son intention d'imposer une taxe de 25% sur les importations provenant du Canada et du Mexique, tout en maintenant un flou sur certains détails, notamment l'éventuelle inclusion du pétrole dans ces mesures. Cette incertitude complique les décisions des entreprises, ce type de politique ralentit déjà les investissements des entreprises, comme cela s'était produit lors des tensions commerciales de 2018 et 2019. En parallèle, Trump prévoit également des taxes de 10% sur la Chine.
L’indice S&P500 (SPX) passe une fort jolie journée, puis se met à tanguer peu après 21h30 après que le président des Etats-Unis ait reparlé de taxes douanières, pour retrouver des couleurs dans la dernière ligne droite vers la cloche, le même président revenant plus ou moins sur ses propos en ajoutant que certaines dispositions n’avaient pas encore été arrêtées. Tout cela fait fichtrement penser au pote d’adolescence qui tergiversait systématiquement au moment de sauter du trois mètres à la piscine municipale, franchement agaçant… On saluera donc la hausse du jour, réalisée en plein brouillard trumpien, la volatilité recule encore, le VIX perd 4,4% à 15,84, le dollar se renforce, la paire EUR/USD traite à 1,0392, elle a cassé sa moyenne mobile à 50 jours qui évolue actuellement à 1,0422. L’or atteint de nouveaux sommets, l’once traite à 2795 dollars, elle touche brièvement 2800 dollars à 8h32 ce matin, histoire de dire. La force du billet vert et de la relique barbare sont à mettre au crédit du grand blond aux idées noires, qu’il faudra suivre de près ce vendredi, il devra aller de l’avant s’il veut que ses tarifs soient en place demain.
Le podium du jour du SPX se compose des utilities, de l’immobilier et de la santé. Les volumes d’échanges sont stables, le breadth nettement positif sur le Nasdaq, légèrement sur le SPX, le rendement du 10 ans US remonte ce matin à 4,54% après avoir testé hier son support à 4,48%, à suivre de près. Les géants de la tech sont partagés hier, on retiendra la bonne tenue de Tesla (TSLA +2,84%), qui demeure un mystère pour votre serviteur, pourquoi donc ce titre monte-t-il à ce point? Certainement pas pour ses fondamentaux économiques. On me dira que cela est dû au fait que son fantasque CEO est assis à la droite du patron. Quoi qu’il en soit, le SPX et le NDX semblent partis pour une semaine en baisse, nous verrons cela ce soir.
Et pendant ce temps-là, en Europe on débouche les bouteilles de Moët que le pauvre Bernard n’a pas vendues. Les indices Stoxx Europe 600 (SXXP) et Swiss Market Index (SMI) se sont transformés en fusées susceptibles de faire rougir le patron de Space X de jalousie. Cela devient carrément drôle de comparer les performances des indices depuis le 20 décembre. Le NDX gagne 1,07%, le SPX 2,47%, le SXXP 7,39% et le SMI 10,71%. Les esprits chagrins opposeront que si l’on regarde les performances comparées depuis le premier janvier 2023, c’est bien évidemment le NDX qui retrouve sa médaille d’or. Ne boudons pas notre plaisir ceci dit, une telle surperformance de notre bonne vieille Helvétie ne s’était plus vue depuis bien longtemps et ce ne sont pas les résultats publiés ce matin par Novartis qui devraient la freiner, le titre gagne 3% dans les premiers échanges. Techniquement, le graphique du SMI est impressionnant, l’indice est entré en territoire suracheté ce qui ne surprendra personne. La prochaine résistance majeure se situe à 12'997 points, le plus haut de tous les temps posté en séance du 3 janvier 2022. Niveau actuel du SMI 12'657 pts.
Au registre macro-économique, les nouvelles demandes d’allocations chômage aux États-Unis sont tombées à 207’000, bien en dessous des prévisions, tandis que les demandes continues s’élèvent à 1,858 million, également inférieures aux estimations. La première estimation du PIB pour le quatrième trimestre indique une croissance légèrement inférieure aux attentes, à 2,3%, en baisse par rapport aux 3,1% du trimestre précédent. L’inflation Core PCE s’élève à 2,5%, en ligne avec les attentes, mais en hausse par rapport aux 2,2% du trimestre précédent. La consommation personnelle reste dynamique, avec une hausse de 4,2% en rythme annuel, son plus haut niveau depuis début 2023. En revanche, les ventes de logements en attente pour décembre ont enregistré une baisse inattendue, rompant une série de quatre mois consécutifs de hausse. Sur le front de la politique monétaire, la BCE réduit ses taux de 25 points de base, comme prévu, tout en soulignant des progrès dans la désinflation et une modération de la croissance des salaires. À Washington, de nouvelles auditions de confirmation impliquent RFK Jr., Tulsi Gabbard et Patel.
Au menu macro-économique de ce vendredi, nous suivrons surtout l'inflation PCE (Personal Consumption Expenditure, l’outil favori de la Fed pour mesurer l’inflation) aux Etats-Unis, mais aussi les revenus et la consommation des ménages (14h30) et le PMI de Chicago (15h45).
Novartis dépasse le consensus au quatrième trimestre. Les États-Unis cherchent à savoir si DeepSeek s'est procuré des puces Nvidia auprès d'entreprises de Singapour, révèle Bloomberg. Samsung Electronics double des bénéfices mais se fait plus prudent à l'avenir.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Hong Kong et Shanghai sont fermées, Tokyo grappille 0,15% à la cloche, Séoul perd 0,77% et le Nifty50 prend 1,17%. Le future SPX progresse de 21 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%.