La toile de fond macroéconomique de cette année s’avère aussi complexe que prévu, avec à l’horizon des divergences significatives en matière de croissance et de politique monétaire au niveau mondial.
Alors que l’économie américaine continue d’afficher de bonnes performances, la Chine et l’Europe font face à des défis de taille, et les droits de douane envisagés par les Etats-Unis menacent d’exacerber ces problèmes. Dans le même temps, la perspective de politiques fiscales favorables à la croissance et la déréglementation sont susceptibles de renforcer la résilience de l’économie américaine.
Les décisions des banques centrales mondiales en matière de taux devraient également présenter des divergences. La résilience économique des Etats-Unis laisse penser qu’il sera moins nécessaire de prendre des mesures de relance, tandis que la hausse des droits de douane et des politiques d’immigration restrictives pourraient exercer une pression à la hausse sur les prix, ce qui incitera la Réserve fédérale à adopter une position prudente. En revanche, il est possible qu’une croissance faible ou une récession pure et simple dans d’autres économies développées contraigne les banques centrales de ces pays à procéder à des réductions de taux plus importantes que celles de la Fed.
Alors, dans un tel contexte, comment les investisseurs doivent-ils aborder l’allocation d’actifs en 2025?
Éviter la tentation des liquidités
La persistance des inquiétudes concernant les valorisations et l’incertitude politique au cours des derniers mois ont conduit les investisseurs à se sentir attirer par les liquidités, et les flux vers les fonds du marché monétaire ont continué d’augmenter.
En fin de compte, toutefois, il est probable que ces inquiétudes s’avèrent exagérées. Cette année, l’une des priorités des investisseurs devrait être de faire travailler leurs liquidités pour obtenir des rendements réels plus élevés.
Etant donné la possibilité d’une nouvelle hausse de l’inflation, il est d’autant plus important de cibler les actifs à risque susceptibles d’offrir un rendement supérieur à celui des liquidités. En outre, les taux directeurs de la Fed étant toujours orientés à la baisse, les investisseurs sont confrontés à un risque de réinvestissement et devraient s’assurer des rendements plus élevés. Il y a donc une certaine urgence à optimiser les opportunités dans cet environnement macroéconomique globalement favorable.
Comme nous le verrons, il existe de nombreux segments attractifs et différentes poches de valeur, à la fois sur les actions et les obligations, qui justifient un appétit au risque plus élevé.
Actions américaines: grimper la pente de la valorisation
Le S&P 500 a atteint un niveau record 57 fois au cours de l’année 2024. Il n’est pas rare que le marché des actions atteigne de nouveaux sommets durant les périodes haussières, et de tels sommets n’impliquent pas nécessairement un repli imminent. Toutefois, des valorisations record signifient que les bénéfices devront être à la hauteur des attentes.
Heureusement, compte tenu de prévisions économiques prometteuses aux Etats-Unis, les perspectives de bénéfices pour 2025 restent positives. Néanmoins, la récente hausse des rendements obligataires constitue un défi majeur pour le marché haussier car, si elle persiste, cela risque de limiter les gains. Comme l’a montré la réaction au Rapport sur l’emploi de janvier, il suffit d’une hausse des attentes en matière de taux d’intérêt pour ébranler les actions.
Même si la tendance générale à la hausse des actions des «7Magnifiques» devrait se poursuivre à long terme, leurs valorisations onéreuses, associées à des rendements obligataires élevés, devraient inciter les investisseurs à se diversifier sur l’ensemble du spectre des capitalisations boursières et à accorder une attention accrue aux actions qui se négocient à des valorisations plus attrayantes. La solidité de l’environnement macroéconomique laisse présager une forte croissance des bénéfices dans un large éventail d’entreprises, de secteurs et de tailles de capitalisation économiquement sensibles, qui sont nettement moins exposés que les «7 Mag», y compris les petites capitalisations américaines.
Une image globale divergente
S’il est attendu que la surperformance des Etats-Unis se poursuive en 2025, les valorisations historiquement élevées des actions américaines devraient inciter les investisseurs à envisager une certaine diversification mondiale en 2025.
Les valorisations du Japon, bien que coûteuses, ne sont pas aussi tendues que celles des Etats-Unis. Elles présentent par ailleurs des perspectives positives grâce à une vaste réforme des entreprises et à l’engagement du gouvernement à mettre fin à la déflation. Les valorisations du Royaume-Uni restent relativement bon marché et, bien que le pays soit confronté à de graves problèmes structurels, le pessimisme est assez extrême, ce qui laisse entrevoir des surprises à la hausse.
Le marché indien a rarement été aussi cher, presque comparable à celui des Etats-Unis. Cependant, la poursuite d’une croissance économique forte et une vulnérabilité relativement faible aux éventuels droits de douane américains sur les importations suggèrent la possibilité d’une surperformance persistante.
Malgré des spreads serrés, le crédit pourrait générer de solides rendements
Les rendements des obligations ont été assez volatils en 2024, la spéculation des investisseurs sur l’ampleur et le rythme des baisses des banques centrales ayant entraîné une volatilité des taux d’intérêt. Cependant, dans l’ensemble, le rendement total généré par les obligations reste aujourd’hui attractif si l’on se fie à son historique, et le crédit continue d’offrir un portage supplémentaire par rapport aux bons du Trésor américain. Par conséquent, les acheteurs de rendement devraient continuer à être attirés par le crédit.
Les spreads de crédit restent proches de leurs plus bas niveaux historiques. Bien que le contexte d’évaluation soit actuellement un peu complexe, les perspectives générales restent positives, et les bilans des sociétés de qualité et à haut rendement sont sains. Par conséquent, bien qu’il y ait une légère tendance à l’élargissement, les spreads devraient rester globalement dans les limites de la fourchette en 2025. La combinaison de fondamentaux favorables et d’un rendement initial élevé devrait permettre au crédit de générer des rendements conséquents pour les investisseurs en 2025.
En fin de compte, les obligations continuent de constituer une source fiable de revenu et de rendement, d’offrir une protection contre la volatilité généralisée des marchés et de présenter des opportunités d’amélioration des performances au sein des portefeuilles d’investissement.
Allocation dynamique des actifs
Pour évoluer dans l’environnement macroéconomique actuel, il est nécessaire d’adopter une approche dynamique et active de l’allocation d’actifs. Si les actions américaines offrent des opportunités de croissance, les valorisations élevées et la hausse des rendements obligataires soulignent la nécessité d’une diversification sur l’ensemble du spectre des capitalisations boursières et sur les marchés mondiaux sous-évalués. Les obligations restent un outil essentiel pour générer des rendements fiables et atténuer la volatilité, en dépit de l’étroitesse des spreads. En continuant à rechercher des opportunités tout en gérant les risques, les investisseurs pourront positionner leurs portefeuilles de manière à prospérer dans une économie mondiale de plus en plus fragmentée.