Maverix vise l’expansion internationale

Levi-Sergio Mutemba

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«Dès le début, nous nous sommes concentrés sur l'indépendance, la technologie et la transparence», insiste son CEO Giuliano Glocker.

 

Dans le secteur des services financiers, comme partout ailleurs, un pure player doit beaucoup à la technologie. Il peut réaliser de manière autonome ce que seule une grande banque – trop grande pour faire faillite – pouvait faire auparavant. C’est ainsi qu’est né l’un des principaux acteurs indépendants de la structuration et de l’émission de produits structurés en Suisse, CAT Financial Products. L’entreprise fut rebaptisée Maverix dans le courant de cette année. L’Asie et l’Amérique latine sont déjà sur les radars de son co-CEO Giuliano Glocker… grâce à la technologie.

Quel peut être le parcours d’un homme qui fonde une entreprise indépendante spécialisée dans les produits structurés?

En 2008, j’ai quitté le Credit Suisse pour créer un département dédié aux produits structurés au sein d’un groupe financier, offrant des services de négoce et de tenue de marché pour des produits structurés émis par des tiers. J’ai repris ce département par la suite. Dès le début, nous nous sommes concentrés sur l’indépendance, la technologie et la transparence. Des valeurs qui sont encore aujourd’hui au coeur de notre entreprise. Durant les années qui ont suivi, CAT Financial Products a connu une croissance significative, tant en termes de chiffre d’affaires que de nombre d’employés, devenant un acteur important du marché et, comme vous le souligniez, indépendant des banques en Suisse.

«Nous voulions être uniques sur le marché, bénéficier des avantages propres à un intermédiaire financier indépendant et réglementé»

Et comment est-on passé à la marque actuelle de l’entreprise, à savoir Maverix?

L’histoire du nom Maverix commence officiellement avec notre rebranding en juillet de cette année. Mais le véritable tournant s’est produit en 2021, lorsque David Schmid nous a rejoint en tant qu’investisseur stratégique et partenaire. Ensemble, nous avons développé une expansion plus large de nos services et produits et décidé de demander une licence de maison de titres auprès de la FINMA. Une étape que j’avais en tête depuis longtemps. Nous avons constitué une équipe de premier ordre, augmenté nos fonds propres et concrétisé cette idée.

En mars 2023, nous avons reçu la licence et commencé à opérer en tant que maison de titres. Cette transformation n’a pas seulement été structurelle. Elle a été une étape importante dans notre positionnement stratégique. Nous voulions être uniques sur le marché, bénéficier des avantages propres à un intermédiaire financier indépendant et réglementé, émettre nos propres titres et nous concentrer clairement sur les AMC ou «actively managed certificates».

Comment mesurer le succès de Maverix? Êtes-vous en mesure de fournir quelques indications chiffrées?

Sur le plan financier, nous sommes non seulement en ligne avec notre business plan, mais nous observons également une tendance prometteuse en termes de revenus. En 2023, nous avons ainsi enregistré une croissance de 33% des revenus d’exploitation. Pour le premier semestre 2024, nous avons augmenté nos revenus de 50%, ce qui correspond à nos ambitieux objectifs.

Nous employons également plus de 55 professionnels hautement qualifiés dans les domaines de la finance et de la technologie, avec des sites à Zurich, Genève, Berne et Lugano. Pour le futur, nous allons nous concentrer sur l’expansion internationale. Au cours des prochaines années, nous souhaitons établir une forte présence en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Notre collaboration avec SBI Digital Markets à Singapour marque le début de notre expansion en Asie, où nous avons déjà des résultats prometteurs.

«L’IA peut optimiser les stratégies de produits structurés en simulant divers scénarios et en identifiant les combinaisons les plus rentables»

Vous évoquiez les AMC. Qu’est-ce que cela représente exactement au sein de vos activités?

Nos offres AMC se distinguent par leur caractère innovant. Comme nous gérons l’ensemble du processus d’émission en interne, nous proposons l’une des structures les plus rapides et rentables du marché. Cela permet une véritable gestion croisée de toutes les classes d’actifs et de tous les instruments au sein des AMC. Cette flexibilité et cette efficacité nous ont permis de gérer aujourd’hui plus de 650 millions de francs suisses dans des AMC.

Quel rôle l’IA ou la blockchain peuvent jouer au sein de l’industrie des produits structurés?

L’IA et la blockchain joueront des rôles de plus en plus importants dans le secteur des produits structurés. L’IA peut améliorer la gestion des risques et la tarification en fournissant des évaluations de risques plus précises et une meilleure prévision des mouvements des actifs sous-jacents. De plus, les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent optimiser les stratégies de produits structurés en simulant divers scénarios de marché et en identifiant les combinaisons les plus rentables. L’IA permet également d’intégrer les produits structurés dans les services de robo-advisory, offrant ainsi une approche diversifiée de la gestion d’actifs et adaptée aux besoins individuels des investisseurs.

La blockchain et les registres distribués (DLT) peuvent également révolutionner les produits structurés par la tokenisation. Cela permet une propriété fractionnée et rend ces produits plus accessibles à un plus grand nombre d’investisseurs. Les contrats intelligents facilitée par les DLT peuvent automatiser le règlement, la gestion et les paiements des produits structurés, réduisant ainsi le risque de contrepartie et minimisant le besoin d’intermédiaires. Cette technologie renforce également la transparence et la sécurité, car la blockchain fournit un grand livre immuable qui améliore la traçabilité, permettant aux investisseurs de vérifier la structure et la composition de leurs investissements en toute confiance.

Enfin, la Fed ayant implanté un cycle d’assouplissement monétaires, quels pourraient en être les implications pour les produits structurés?

Le cycle d’assouplissement initié par la Fed, qui implique généralement une réduction des taux d’intérêt, a un impact notable sur l’émission de produits structurés. Pour les produits à capital protégé, la baisse des taux d’intérêt rend plus difficile la structuration de produits à court terme à des conditions attrayantes, car cela nécessite généralement des taux d'intérêt plus élevés.

D’autre part, lorsque les taux sans risque diminuent, les investisseurs recherchent des rendements plus élevés afin de gérer efficacement leurs portefeuilles. Dans ce scénario, les produits remplissant cet objectif, tels que les reverse convertibles ou les barrier reverse convertibles, sont particulièrement demandés. Ces produits offrent un rendement garanti associé à une protection conditionnelle du capital. Ils sont aussi particulièrement attrayants en période de forte volatilité des marchés, dans la mesure où ils offrent un profil risque-rendement équilibré.

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