Perspectives mondiales du crédit en 2025

Christian Hantel, Vontobel

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Les spreads du crédit se situent dans les moyennes historiques, mais les rendements des obligations d'entreprises restent élevés et la machine continue de tourner.

 

  • Un niveau élevé d'incertitude est attendu au niveau macroéconomique en raison de la nouvelle administration américaine, ce qui devrait maintenir une volatilité haute pour un long moment.
  • Au niveau des entreprises, on s'attend à davantage d'anges déchus que par le passé. 
  • Les émissions d'obligations continueront d'être alimentées par les remboursements, ainsi que par un surcroit d’activité de fusions-acquisitions et des investissements des entreprises américaines.
  • Les obligations hybrides des entreprises américaines devraient continuer à augmenter en raison de la nouvelle méthodologie de Moody's et du besoin de refinancement des entreprises.

Les spreads du crédit se situent dans les moyennes historiques, mais les rendements des obligations d'entreprises restent élevés et la machine continue de tourner. Soutenue par des fondamentaux de crédit solides, la demande de crédit devrait rester à de bons niveaux.

L'année 2024 a été marquée par les élections et les changements de cap des grandes Banques centrales. Les élections américaines étant derrière nous, une grande incertitude est maintenant levée. Toutefois, la nouvelle administration devrait tenir les investisseurs occupés, avec entre autres l’évaluation de l'impact sur les relations commerciales, les tarifs douaniers, la déréglementation ou encore les évolutions des politiques fiscales. Certains points de discussion auront un impact sur le positionnement sectoriel et sur des valeurs particulières, ce qui demandera aux investisseurs de rester attentifs. En parallèle, l'économie américaine affiche un bon niveau de croissance, tandis que l'Europe perd de son élan. Cela pourrait se traduire par une divergence des politiques monétaires en 2025, la BCE étant potentiellement plus encline à réduire ses taux plus agressivement que la Fed. 

Nous avons été surpris par le nombre élevé d'émissions d'obligations en 2024, étant donné que les entreprises américaines paient en moyenne leur dette nouvellement émise 2 points plus chers que les obligations arrivant à échéance. 

Au niveau des entreprises, les indicateurs de crédit restent globalement stables. La notation moyenne augmente depuis trois ans et très peu de dégradation de la dette. Pour 2025, nous nous attendons à ce que cette tendance arrive en bout de course et à voir plus d’anges déchus. Le taux de défaillance devrait rester très bas, ce qui devrait rassurer les investisseurs et les inciter à conserver leurs positions. En outre, la croissance attendue des bénéfices des entreprises américaines devrait doubler par rapport à 2024, ce qui contribuera à maintenir l'équilibre des indicateurs de crédit. Étant donné que de nombreuses entreprises ont atteint leurs objectifs en la matière au cours des derniers trimestres, la recrudescence des activités de fusion-acquisition pourrait préoccuper davantage. La nouvelle administration américaine pourrait soutenir cette tendance, qui affecterait avant tout certains secteurs, tel que les médias. Les coûts de financement toujours élevés calmeront dans une certaine mesure cette possible tendance à l'augmentation des fusions-acquisitions. 

Nous avons été surpris par le nombre élevé d'émissions d'obligations en 2024, étant donné que les entreprises américaines paient en moyenne leur dette nouvellement émise 2 points plus chers que les obligations arrivant à échéance. Pour 2025, nous prévoyons toujours un niveau élevé d'émissions, dû à un haut volume de dettes arrivant à échéance, une augmentation des activités de fusion-acquisition et une hausse des dépenses d'investissement (capex). Selon nous, ce montant élevé de nouvelles dettes ne sera pas préoccupant. L'offre nette réelle semble beaucoup plus faible, et les paiements de coupons plus élevés contribuent à stimuler une demande qui absorbe en grande partie les émissions. Tant que les rendements resteront élevés, nous devrions assister à une collecte continue dans les fonds de crédit. 

En effet, les spreads de crédit, mesurant la prime de risque, semblent serrés dans une perspective top-down. Il pourrait devenir plus difficile de trouver de la valeur sur le marché et l’effort devrait être mis sur la sélection, à la fois des bons secteurs et des bonnes valeurs. Sur ce dernier point, il sera essentiel d'éviter les crédits qui tendent à la baisse, les «anges déchus». Dans certains secteurs, la dispersion a déjà commencé à augmenter, ce qui crée des opportunités d'investissement. Si on évalue la valeur du marché dans son ensemble, les caractéristiques des indices d'obligations «investment grade» se sont améliorées : pour l'indice, la duration (en tant que mesure du risque de taux d'intérêt) a diminué au fil des ans, le prix moyen d'une obligation est toujours bien inférieur à la valeur nominale et, en moyenne, la qualité des principaux indices de crédit s'est améliorée grâce à toutes les révisions à la hausse des notations au cours des dernières années. 

Nous nous attendons donc de nouveau à une belle année pour les investisseurs en obligations d'entreprise, grâce à des fondamentaux de crédit solides et à un bon soutien technique, telle qu'une demande forte.

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