La génération Z n’est pas la seule à vouloir réduire son temps de travail. En effet, les travailleurs plus âgés sont également de plus en plus nombreux à vouloir en faire de même. Les raisons sont multiples, mais c’est souvent par volonté d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), en Suisse, 37,6% des salariés travaillaient déjà à temps partiel en 2023. Il est fort probable que le travail à temps partiel gagne encore en popularité au cours des années à venir.
Bien que le travail à temps partiel comporte de nombreux avantages non négligeables, il peut aussi, dans certaines circonstances, entraîner d’importantes lacunes de prévoyance conduisant à des pertes de rente à la retraite. En effet, les personnes qui ne travaillent pas à temps plein cotisent moins au deuxième pilier et perçoivent ainsi moins de rente ou de capital LPP une fois arrivés à l’âge de la retraite.
L’aménagement de la caisse de pension est décisif
L’exemple suivant montre très clairement à quel point une lacune de prévoyance peut être importante. Après la naissance de leur premier enfant à l’âge de trente ans, un couple de parents décide de réduire son temps de travail: l’un des parents travaille à 60% jusqu’à ce que l’enfant ait quinze ans, l’autre à 80%. Avant et après cette période d’une quinzaine d’années, les deux travaillent à temps plein pour un salaire de 88’200 francs par an.
Cela correspond au salaire maximal actuel assuré dans le cadre de la LPP obligatoire. Au total, pendant quinze ans, le taux d’occupation des deux parents passe donc de 200% à 140% et le revenu annuel brut du ménage chute de 176’400 francs à 123’480 francs.
Au moment de la retraite à 65 ans, on constate des lacunes de prévoyance importantes chez les deux assurés. Travailler à 80% pendant quinze ans sur un total de 41 années de cotisation réduit la fortune de prévoyance dans le deuxième pilier d’environ 10%. Si le taux d’activité est également réduit à 60% pendant quinze ans, la lacune de prévoyance est deux fois plus importante.
L’impact négatif du travail à temps partiel par phases peut être amoindri si, par exemple, la déduction de coordination est réduite en fonction du temps partiel, si des rachats sont effectués dans la caisse de pension ou encore si le salaire est augmenté. Un changement de caisse de pension peut également avoir un effet positif sur la fortune de prévoyance, tout comme des cotisations d’épargne plus élevées.
Le pilier 3a permet de diminuer les lacunes de prévoyance
Même si les lacunes de prévoyance sont moins importantes, il n’est pas facile de les combler d’une autre manière – par exemple avec le pilier 3a – d’ici à l’âge de la retraite. Néanmoins, ce type d’épargne de prévoyance privée peut réduire les pertes de rente et même des montants mensuels relativement faibles peuvent conduire à une marge de manœuvre financière nettement plus importante à la retraite (en plus de la réduction de la charge fiscale).
Si l’on peut verser 200 francs par mois dans le pilier 3a, on obtient un avoir de 42’000 francs après quinze ans et un taux d’intérêt supposé de 2% par an. Sur cette somme, 36’000 francs proviennent des versements effectués. Les 6’000 francs restants ont été acquis grâce aux intérêts et aux intérêts composés. Même sans autres versements, cet avoir augmente grâce aux intérêts continus jusqu’à l’âge de référence de 65 ans pour atteindre le montant considérable de 62’500 francs.
Le travail à temps partiel a en outre des conséquences qui ne sont pas directement visibles. Celui qui a épargné relativement peu d’argent dans le deuxième pilier profite nettement moins des intérêts et des intérêts composés que celui qui a une grande fortune de prévoyance. Au fil des ans, la fortune de prévoyance évolue donc différemment; la différence peut atteindre au final plusieurs dizaines voire même plusieurs centaines de milliers de francs.