L’euphorie vécue par les marchés financiers à la suite de l’élection de Donald Trump atteint son apogée lundi passé 11 novembre, de nouveaux records historiques sont atteints à cette occasion, l’indice S&P500 (SPX) se pose légèrement au-dessus des 6’000 points, le marché est mûr pour passer en cellule de dégrisement. Le reste de la semaine consiste principalement à prendre ses profits de chaque côté de l’Atlantique. En Europe, la perspective d’un durcissement des barrières douanières américaines hante les intervenants et ce n’est pas la Banque Centrale Européenne (BCE) qui rassure son monde en indiquant que «une recrudescence des mesures protectionnistes émanant des partenaires commerciaux pourrait fléchir les échanges mondiaux, ce qui pèserait sur l’économie européenne». En Allemagne, les élections législatives prévues le 23 février 2025 créent des incertitudes, tout comme le déficit budgétaire en France. Selon Mario Draghi (le désormais Père Fouras officiel du vieux continent, qui a vite oublié le passé Goldman Sachsien de Super Mario), dans un livre publié récemment et cité par Christine Lagarde: «Pour la première fois depuis la Guerre froide, l’UE doit réellement craindre pour sa survie». C’est quand même très fort l’Europe, on est capable d’y avoir une grosse gueule de bois sans même avoir fait la fête…
Chez nos amis Etats-Uniens on l’a faite la fête et pas qu’un peu, avec MC Elon aux platines, cela a duré plusieurs jours, de ce côté-ci de l’océan le mal de cheveux est compréhensible, bien entretenu par l’émergence de l’ombre d’un doute quant au rythme des futures baisses de taux de la Fed. L’indice des prix à la consommation (CPI), publié la semaine passée, ressort en ligne avec les attentes et rassure plutôt les intervenants. En revanche cela se gâte un peu avec les prix à la production, qui progressent plus que prévu, tandis que Jerome Powell parle d’une économie américaine résiliente et de l’absence d’urgence de baisser significativement les taux. En parallèle, le marché commence à craindre l’arrivée d’émissions obligataires «jumbo» visant à refinancer une dette qui n’en finit pas de croître.
C’est dans ce contexte d’un retour plutôt brutal à la réalité que le joyeux royaume des actions recule sur la semaine, le SPX abandonnant un peu plus de 2%, le Nasdaq 3,1% et le Russell2000 (RTY) 4%. Le Stoxx Europe 600 (SXXP) perd 0,69% et le SMI 1,45%. Pas mieux en Asie où le Nikkei225 rend 2,17% et le Shanghai Composite 3,52%. Les rendements obligataires remontent logiquement, le 10 ans US évolue ce matin à 4,44%, on surveillera le niveau de 4,50%, brièvement testé vendredi, notons aussi qu’une golden cross (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la hausse, un signal technique haussier) se profile à un horizon d’une dizaine de jours, à confirmer ceci dit. L’or aussi fait l’objet de prises de profits la semaine passée, l’once rend 4,1% mais tente un rebond ce matin, elle progresse de 22 dollars à 2585 dollars. Sa moyenne mobile à 100 jours se situe à 2548 dollars, elle a été testée une première fois avec succès jeudi. En parallèle, Deutsche Bank nous fait remarquer que la performance du métal jaune sur les deux séances qui ont suivi l’élection présidentielle américaine est la pire en 13 élections, tandis que Goldman Sachs réitère son objectif de 3'000 dollars par once d’ici à décembre 2025, arguant que les banques centrales vont poursuivre leurs achats de la relique barbare et les baisses de taux faire leur effet.
Côté or noir ce n’est pas vraiment la fête à la saucisse. Le baril de WTI Light Crude revient à 67,12 dollars, il est tout proche de son bas de l’année (65,27 dollars en séance du 10 septembre). C’est l’OPEP qu’il faut pointer du doigt, le cartel revoit une fois encore à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale, de 1,93 million de baril par jour à 1,82 mbj, en citant principalement l’apathie actuelle de l’économie chinoise comme raison de cette révision.
La séance de vendredi de Wall Street se termine proche des plus bas du jour, tournée générale de Xanax sur les parquets de trading pour les raisons citées plus haut, les géants de la tech souffrent, hormis Tesla qui évolue de moins en moins en fonction de toute rationalité, je pense que même le Dogecoin doit être un peu jaloux (à son propos, si vous ne comprenez pas pourquoi le DOGE a si bien performé depuis le 5 novembre, renseignez-vous, on atteint des sommets là). Mais je digresse, parmi les secteurs sous pression vendredi, on retrouve aussi les semi-conducteurs (AMAT -9,2% après des prévisions décevantes) et les pharmas (qui ont la trouille du vilain petit canard de la famille Kennedy). Hormis la tech, les services de communication et la consommation discrétionnaire boivent aussi la tasse. La hausse des rendements obligataires n’aide forcément pas, la volatilité retrouve enfin quelques couleurs, le VIX gagne 13% à 16,14, un niveau qui reste faible ceci dit. Le dollar reste fort, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0548, elle lorgne vers les 1,0500 – 1,0497, testés une première fois jeudi passé. Gardez un œil sur le RTY, qui clôture vendredi quasiment pile sur un niveau horizontal de support, à 2303 points, c’est à suivre.
À l’attention des investisseurs en actions suisses, qui doivent désespérer ces temps, un signe encourageant est envoyé par le patron de la BNS, qui n’exclut pas un retour aux taux d’intérêts négatifs. Le marché s’attend en l’état à une baisse supplémentaire de 0,75% d’ici à septembre de l’an prochain. L’inflation est à 0,6%, dossier à suivre.
Susan Collins, de la Fed de Boston, déclare qu'elle ne voit pas de signes de nouvelles pressions sur les prix, mais souligne aussi que la réduction des taux en décembre n’est pas une affaire réglée, tandis que Austant Goolsbee, de la Fed de Chicago, indique qu'il voit toujours les taux beaucoup plus bas au cours des 12 à 18 prochains mois tant que l'inflation continuera à se rapprocher de l'objectif de 2%, bien qu’il ajoute que l'incertitude sur les taux neutres pourrait soutenir un rythme plus lent de réductions.
Cette semaine nous nous concentrerons notamment sur les indicateurs PMIs (les directeurs d’achats) des grandes économies, qui seront publiés vendredi. Jeudi ce seront les chiffres de l’emploi mais aussi l’indice Philly Fed. Et mercredi soir après la cloche de Wall Street Nvidia publie ses trimestriels, une nouvelle pièce dans le juke box ou pas? Telle est LA question de la semaine.
La recherche d'un secrétaire d'État au Trésor par Donald Trump est en cours, dans un contexte de joutes en coulisses. Scott Bessent a parlé à Elon Musk, qui a exprimé son soutien à Howard Lutnick pour le poste, selon l’agence Bloomberg. Le président élu envisage un nouveau candidat, Kevin Warsh, et l'invitera, ainsi que d'autres candidats, à Mar-a-Lago cette semaine, selon le NYT. Robert Lighthizer, William Hagerty et Marc Rowan sont également sur les rangs.
Xi Jinping avait un message pour Trump lors de sa dernière réunion avec Joe Biden: Pékin veut être ami mais est prêt à se battre si nécessaire. M. Xi a rappelé les «quatre lignes rouges» que le président élu doit éviter, notamment l'endiguement de l'essor économique de la Chine.
Les États-Unis autorisent l'Ukraine à utiliser des missiles à longue portée pour frapper le territoire russe, ce qui pourrait renforcer la position de Volodymyr Zelenskiy avant d'éventuels pourparlers visant à mettre fin à la guerre. Les alliés de Kiev le poussent à envisager de nouveaux moyens d'amener Vladimir Poutine à la table des négociations.
Le soutien apporté à Olaf Scholz pour conduire les sociaux-démocrates allemands à des élections anticipées s'effrite dans ses propres rangs, selon l’agence Bloomberg. Le ministre de la défense, Boris Pistorius, est présenté comme un remplaçant potentiel. Les Verts ont choisi le ministre de l'économie Robert Habeck pour les conduire aux élections de février.
Sommet du G-20: Keir Starmer rencontrera Xi aujourd'hui pour tenter de dégeler les relations et de stimuler la croissance économique. Javier Milei joue le rôle de trouble-fête lors de la conférence. Mohammed bin Salman ne sera pas présent.
Au menu macro-économique du jour, l'indice des prix immobiliers de la NAHB sera publié à 16h00.
Meyer Burger lâché par son plus gros client, est proche de la faillite. Enel augmente son dividende et vise un bénéfice de 6,7 à 6,9 milliards d'euros en 2025. Le groupe va investir 45 milliards de dollars d'ici 2027. Avolta obtient une concession à l'aéroport international de Shenzhen. Les nouvelles puces d'IA de Nvidia sont confrontées à des problèmes de surchauffe des serveurs, selon The Information. Palantir au sommet après l'annonce d'un projet de transfert sur le Nasdaq pour prétendre au Nasdaq 100. Warner Bros. Discovery et la NBA règlent leur différend sur les droits de diffusion, selon le WSJ. Le principal actionnaire de Trump Media vend la quasi-totalité de sa participation. Les actions Samsung bondissent de 6,4% après l'annonce d'un plan de rachat d'actions de 7 milliards de dollars.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo perd 1,09% à la cloche, Hong Kong monte de 0,77%, Shanghai rend 0,21%, Séoul bondit de 2,16% (Samsung) et le Nifty50 égare 0,14%. Le future SPX monte de 11 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,1%.