Wall Street a la gueule de bois. Le marché apprécie peu les mots de l’empêcheur de monter en rond numéro un, Jerome Powell, patron de la Fed et probable cauchemar éveillé du président élu des Etats-Unis dans les mois à venir. «L'économie n'envoie aucun signal indiquant que nous devons nous hâter de baisser les taux», déclare Oncle Jay lors d'un événement organisé hier par la Chambre régionale de Dallas. «La vigueur que nous observons actuellement dans l'économie nous permet d'aborder nos décisions avec prudence». Il ajoute que l'inflation se rapproche de l'objectif de 2% de la Fed, «même si le chemin est parfois cahoteux». Vraiment pas cool le boss, on était bien entre taureaux, les indices montaient fortement sans raisons fondamentales valables et voilà-t-y pas que le premier banquier du monde se permet des considérations rationnelles et cohérentes, du moins pour qui a pris la peine de se pencher sur l’état macro-économique des Etats-Unis récemment. Il ne manquerait plus que l’affreux Jerome dise du mal des monnaies crypto… Le marché prend acte et revoir sa copie pour le 18 décembre. Les Fed Funds ne prédisent désormais plus que 62% de probabilités d’une baisse de 25 points de base à cette occasion, contre plus de 80% hier.
Le rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui tentait de repasser en-dessous de la barre des 4,40%, remonte à 4,45%. La pression vendeuse augmente hier Downtown Manhattan, les indices terminent leur séance proches de leur plus bas du jour, on tape principalement sur le secteur pharmaceutique (mais qui voilà au ministère de la santé?), les industrielles et la consommation discrétionnaire. Les intervenants prennent des profits dans les petites capitalisations, les voitures électriques boudent, Oncle Donald a soudainement envie d’atomiser l’aide fédérale de 7500 dollars pour l’achat d’un EV. Même l’action de son poulain Elon perd 6%, ce qui relève de l’anecdote après le récent décollage du titre. La volatilité reste en mode catatonique, on apprécie de voir Disney bondir de 6,2%, ce qui lui fait une hausse de 10,3% sur cinq jours, les géants de la tech sont partagés, on notera la bonne tenue d’ASML, le mastodonte néerlandais qui grimpe de 7% après avoir confirmé ses objectifs jusqu’en… 2030! Mazette quelle visibilité… Et pendant ce temps-là Warren Buffett fait dans la junk food et les piscines, Berkshire Hathaway a acheté des actions de Domino's Pizza et de Pool au cours du dernier trimestre, tout en se délestant de la majeure partie de sa participation dans Ulta Beauty.
Le dollar marque une pause, la paire EUR/USD remonte légèrement à 1,0563, elle vient tester 1,0500 hier, précisément 1,0497, si elle casse ce niveau ensuite elle regardera 1,0448. Vers le haut c’est 1,0601 qu’il convient de surveiller.
Le marché condamné européen des actions retrouve quelque attrait aux yeux d’investisseurs en mode dégrisement hier. Il faut dire que, si on s’abaisse à revenir une minute sur terre et que l’on considère les fondamentaux (sachant bien évidemment qu’au final c’est Donald Trump qui fera la différence en faisant bondir la croissance américaine comme jamais, en mettant un terme à la guerre partout dans le monde et en faisant passer Nouriel Roubini dans le camp des optimistes). Les fondamentaux donc nous rappellent que l’indice S&P500 (SPX) traite actuellement à 22,5 fois les bénéfices estimés dans un an, sa moyenne sur cinq ans est de 19,6, sur 15 ans on est à 16,4. Ajoutez à cela que cela fait près de 30 ans qu’on n’avait plus vu le SPX autant surperformer le Stoxx 600 Europe. Enfin, selon AlphaValue, les 550 firmes européennes de son univers se négocient à une moyenne de 13,7 fois les bénéfices attendus dans un an. Nous voici donc face à une prime historiquement élevée affichée par Wall Street vis-à-vis de la vieille Europe, qui intègre peut-être déjà en grande partie la probabilité que l’Europe souffre du retour de Donald Trump aux affaires. Les vieux briscards de la cote savent que le fondamental ne suffit pas à faire une tendance, le momentum aussi est important, la séance d’hier constitue peut-être une pause dans la dynamique de Wall Street, mais il est toujours bon de se rappeler dans quelles eaux l’on nage.
Le président élu des Etats-Unis choisit Robert F. Kennedy Jr. comme secrétaire à la santé, connu pour ses positions anti vaccins. L'ancien président de la SEC, Jay Clayton, est choisi comme procureur de Manhattan et Doug Burgum dirigera le ministère de l'intérieur. M. Trump déclare que Jamie Dimon ne sera pas invité à rejoindre son administration.
Tiens donc… L'économie chinoise montre des signes de stabilisation en octobre, soutenue par des ventes au détail meilleures que prévu. La production industrielle a augmenté de 5,3% par rapport à l'année précédente, soit un peu moins que le mois précédent, tandis que la baisse des prix des logements s'est atténuée.
Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'attention se portera sur l'indice Empire Manufacturing et les ventes au détail (14h30), puis sur l'utilisation des capacités et la production industrielle (15h15), et enfin sur les stocks d'entreprises (16h00).
Generali annonce un bénéfice en baisse sur neuf mois, mais supérieur aux attentes. Sandoz peut concurrencer en Europe un produit phare de Regeneron et Bayer. Applied Materials perd 6% hors séance après ses résultats. Berkshire Hathaway a réalisé de nouveaux investissements dans Domino's Pizza et Pool Corp au cours du troisième trimestre, tout en continuant à alléger Apple et Bank of America. La FTC a l'intention de lancer une enquête sur le cloud de Microsoft, selon le FT. Meta écope d'une amende de 798 millions d'euros par l'UE pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché des petites annonces. Les États-Unis enquêtent sur Citigroup en raison de liens présumés avec un responsable russe sanctionné. Le fabricant d'ordinateurs Lenovo affiche un chiffre d'affaires en hausse de 22% et dépasse les estimations.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse à l’exception de Tokyo qui grappille 0,28% à la cloche. Hong Kong égare 0,05%, Shanghai perd 1,45%, Séoul rend 0,08% et le Nifty50 est fermé. Le future SPX abandonne 36 points et l’Europe ouvre en repli de 0,9%. L’or évolue à 2561 dollars l’once et le pétrole à 67,82 dollars le baril de WTI Light Crude.