Première séance de hausse de la semaine pour l’indice S&P500 (SPX) hier, porté principalement par le secteur de la consommation discrétionnaire, lui-même tiré vers le haut par sa composante «automobiles & components» et devinez quels titres autos s’y trouvent? General Motors, Ford et Tesla.
C’est cette dernière qui retient l’attention hier, le titre décolle de 22%, sa plus forte poussée de fièvre depuis 11 ans, les résultats trimestriels montrent de meilleures marges d’exploitation que prévu, la firme d’Elon Musk parvient à contrôler efficacement ses coûts. L’action efface ses pertes de l’année, elle est désormais en hausse de 4,83% depuis le premier janvier et récupère au passage 150 milliards de dollars de capitalisation boursière. Juste pour l’anecdote et afin de vous permettre de briller dans votre diner de ce vendredi, ce gain de 150 milliards de dollars réalisé en une seule séance de trading est supérieur aux capitalisations boursières combinées de General Motors, Ford et Stellantis. Dans les faits, Tesla annonce un bénéfice par action meilleur que prévu de 72 cents, contre 66 cents au troisième trimestre 2023. Non seulement les bénéfices progressent, mais les marges brutes et les marges d'exploitation de Tesla dans le secteur automobile se sont améliorées. Les marges bénéficiaires de ses autres activités, notamment le stockage d'énergie, établissent un record. Wall Street ne trouve pas grand-chose à redire, la plupart des analystes saluent la performance des marges et le succès de la direction dans la maîtrise des coûts. Au-delà des résultats du troisième trimestre, les investisseurs sont stimulés par les prévisions de croissance de Tesla. L'entreprise prévoit toujours d'augmenter ses livraisons de véhicules par rapport à 2023, ce qui implique un record d'environ 515’000 livraisons au quatrième trimestre, en hausse d'environ 6% sur un an. Pour 2025, indique Elon Musk, une croissance de 20 à 30% est possible, tandis que Wall Street projette plutôt 10%. C’est probablement là que le bât blesse potentiellement. Ce n’est un secret pour personne, il l’admet d’ailleurs volontiers lui-même, Elon Musk est un sur-optimiste. Ce n’est pas la première fois qu’il nous promet la lune, or on sait qu’à ce jour seul Gru a réussi l’exploit de la décrocher. Cela devient presque fascinant de constater une nouvelle fois combien les investisseurs boivent les paroles de cet homme, en sachant pertinemment que ses prédictions ont très peu de chances de se réaliser.
Le vénérable Dow Jones est en retrait hier, pénalisé par Honeywell et IBM, qui décrochent de 5% et 6% après des résultats trimestriels jugés décevants. Le Nasdaq100 (NDX) attrape lui aussi une Teslite, les sept magnifiques sont soit inchangés soit en légère progression, il faut dire que leur tour de passer par le confessionnal des trimestriels approche. Mardi soir nous aurons droit à Alphabet, mercredi soir Microsoft et Meta puis jeudi soir Apple et Amazon. Une semaine à venir pavée d’embûches donc et qui sera suivie de la très attendue élection présidentielle aux Etats-Unis le 5 novembre, elle-même précédant la décision de la Fed sur ses taux le 7 novembre. À ce sujet, les Fed Funds prévoient en l’état 94% de probabilités d’une baisse de 25 points de base en novembre, puis une autre dans la même proportion en décembre. On revient au passé récent avec la volatilité qui recule un chouia hier, le VIX abandonne 0,9% à 19,08, tandis que le ratio put/call est incorrigible et repart à la baisse, à 0,55, le marché semble extrêmement détendu, le marché des actions donc, alors que son grand frère obligataire, bien souvent plus mature, reste tendu comme une corde de violon, à témoin l’indice MOVE, qui reste très élevé à 127,48. A titre de comparaison le 5 août il avait grimpé à 121.
Le dollar marque une pause, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0824, sa moyenne mobile à 200 jours se situe à 1,0870. Le pétrole n’y arrive vraiment pas (rumeurs de discussions de paix au Proche-Orient), le baril de WTI Light Crude recule à 70,41 dollars, pendant que l’or marque le pas, l’once revient à 2727 dollars. Les statistiques macro de ce jeudi sont toutes plus favorables à ‘économie que prévu, à ce propos le narratif dans le marché au sujet de la raison de la remontée récente et plutôt brutale des rendements obligataires commence à pencher pour un marché ajustant ses prix face à une économie en apparence de plus en plus résiliente, plutôt que l’optique d’une victoire de Donald Trump le 5 novembre.
Le yen retrouve quelques couleurs grâce au répit que le billet vert lui accorde, cela durera-t-il, rien n’est moins sûr, le gouverneur de la banque du Japon indique qu’il n’y aura pas de hausse de taux la semaine prochaine et que les élections du weekend à venir pourraient faire perdre sa majorité à la chambre basse du parlement à la coalition au pouvoir.
En Europe hier cela va un peu dans tous les sens hier, on retiendra les résultats d’Hermès, qui est un peu le Renault du secteur du luxe et défie l’envahisseur Déprime en publiant de bons chiffres et parvenant même à insuffler un léger vent d’optimisme à ses concurrents, du moins en bourse. Du côté obscur de la cote, Edenred plonge de 15% et Michelin chute de 8% après des trimestriels manifestement bien mauvais. Hermès progresse de 1.1% hier tandis que Renault avance de 4%. Ce vendredi matin le marché européen des actions ouvre sur une note hésitante, les résultats d’entreprises publiés à ce jour sont plutôt bons, ce sont les prévisions qui inquiètent, principalement revues en baisse à cause de la Chine et son consommateur aux abonnés absents. Avec près d'un tiers des entreprises ayant communiqué leurs résultats, la croissance du bénéfice par action en Europe est en hausse de 4%, d'après Barclays.
Encore lui! Elon Musk discute régulièrement avec Vladimir Poutine depuis la fin de l'année 2022, selon le Wall Street Journal. Les deux hommes parlent de sujets personnels, d'affaires et de questions géopolitiques, selon des responsables américains, européens et russes. Par ailleurs, M. Poutine a évité les questions des journalistes sur l'envoi de troupes par la Corée du Nord en Russie.
Keir Starmer déclare que les Britanniques qui tirent des revenus supplémentaires de leurs actions ne sont pas considérés comme des «travailleurs», ce qui laisse entendre qu'il est prêt à augmenter les impôts sur les investisseurs.
Ce weekend nous passons à l’heure d’hiver (on recule d’une heure en octobRE), les Etats-Unis le font dans une semaine, cela implique que Wall Street ouvrira à 14h30 pour fermer à 21h30 heure de Genève toute la semaine prochaine. Notons au passage que la période de black-out des rachats d’actions propres est terminée.
Au menu macro-économique de ce vendredi, on démarre avec la confiance des consommateurs en France (qui manque les attentes et recule en octobre), suivie par le climat des affaires allemand IFO et la masse monétaire M3 de la zone euro (10h00). Plus tard, aux Etats-Unis, les commandes de biens durables seront publiées à (14h30), avant le sentiment de l'Université du Michigan (16h00).
Les bénéfices de Sanofi au troisième trimestre dépassent les prévisions du marché, grâce aux ventes de vaccins. Accor dépasse légèrement les attentes au troisième trimestre. Les bénéfices de Mercedes plongent de 64% au troisième trimestre en raison de la faiblesse de la demande de voitures de luxe en Chine. Eni revoit en baisse ses objectifs. Par ailleurs, le groupe prévoit d'injecter 2 milliards d'euros pour relancer ses activités dans le domaine de la chimie. Les ventes de Sika pour les neuf premiers mois de l'année augmentent de 5,5%, malgré l'Asie-Pacifique. Le bénéfice de Holcim dépasse les prévisions au troisième trimestre.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,60% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,55%, Shanghai monte de 0,59%, Séoul grappille 0,09% et le Nifty50 perd 1,19%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,3%.