Les investisseurs se trouvent à différents stades de leur parcours en matière d'IA. Certains commencent tout juste, peut-être en expérimentant une communication personnalisée avec leurs clients. D'autres disposent d'équipes d'IA internes bien structurées, avec des experts pour le nettoyage des données, la formulation d'hypothèses, le backtesting et le déploiement de modèles.
Ce que toutes ces institutions ont en commun, c'est qu'elles seront affectées par le Règlement sur l'intelligence artificielle (EU AI Act).
Les investisseurs doivent comprendre les opportunités et les risques posés par ce changement de réglementation.
Comprendre les catégories de risques liés à l'IA
La loi classe les systèmes d'IA en quatre catégories en fonction du risque: les systèmes interdits, à haut risque, à risque limité et à risque minimal.
Cette classification est essentielle pour les investisseurs, car les systèmes d'IA à haut risque, tels que ceux utilisés dans les soins de santé (les diagnostics), les services financiers (l'évaluation du crédit) et les infrastructures (la gestion du réseau électrique), seront soumis à une surveillance réglementaire stricte. Les entreprises qui utilisent ces systèmes devront faire face à des coûts de mise en conformité plus élevés, ce qui pourrait affecter leur rentabilité et l'attrait de leurs investissements.
Les investisseurs institutionnels doivent évaluer soigneusement les entreprises de leurs portefeuilles afin de déterminer si elles sont exposées à des applications d'IA à haut risque.
En outre, les applications d'IA interdites, comme la surveillance biométrique utilisée pour le contrôle de masse, seront purement et simplement bannies.
Le non-respect de la loi peut entraîner des amendes importantes et des atteintes à la réputation. Les amendes peuvent atteindre 30 millions d'euros ou 6% du chiffre d'affaires annuel mondial de l'entreprise, le montant le plus élevé étant retenu.
Gouvernance et considérations éthiques
L'un des principaux piliers de la loi européenne sur l'IA consiste à garantir la gouvernance et l'utilisation éthique de l'IA. Les entreprises qui utilisent l'IA devront se conformer à des exigences de transparence, d'explicabilité et de responsabilité.
Pour les investisseurs institutionnels, cela signifie que la diligence raisonnable doit inclure une évaluation du cadre de gouvernance de l'IA de l'entreprise. Ici, les investisseurs peuvent tirer parti de leur perspective transversale pour aider les entreprises de leur portefeuille à se conformer à l'évolution des exigences réglementaires.
Gestion des risques et intégration ESG
L'IA peut jouer un rôle dans la finance durable, en aidant les investisseurs et les entreprises à naviguer dans les complexités du risque climatique et de l'intégration ESG. Les algorithmes d'IA peuvent traiter de grandes quantités de données provenant de diverses sources (par exemple, l'imagerie satellitaire et les médias sociaux) afin de prédire les risques pour les actifs et les chaînes d'approvisionnement. Cette capacité à évaluer les relations non linéaires offre un avantage concurrentiel dans l'identification des entreprises ayant une forte conformité ESG et une bonne résilience face aux risques climatiques.
Or l'évaluation ESG est un domaine très complexe, et l'intégration de l'IA peut le rendre encore plus complexe. Il est conseillé aux investisseurs d'explorer les domaines où l'IA gagne du terrain, par exemple dans le secteur de l'assurance, et de conserver une bonne dose de scepticisme.
La conformité à l'IA, une opportunité d'investissement
Avec l'évolution du paysage réglementaire, les investisseurs institutionnels suisses devraient considérer le marché croissant des technologies de conformité à l'IA. Ces technologies, telles que les outils d'explication, les audits d'équité et les solutions de transparence, sont essentielles pour les entreprises qui souhaitent répondre aux exigences de la nouvelle loi. Cela est particulièrement vrai dans des secteurs comme les services financiers et la santé, où les pressions réglementaires sont les plus fortes. Investir dans des entreprises qui fournissent ces solutions de conformité offre un potentiel de croissance important.
Perspectives d'avenir
La nouvelle loi s'accompagne d'exigences souvent strictes en matière de conformité et de rapports. La bonne nouvelle, c'est qu'elle offre également des possibilités d'investissement, de différenciation et d'amélioration des opérations.
La législation traverse actuellement sa phase cruciale de standardisation, au cours de laquelle le texte souvent vague de la loi sera traduit en une véritable réglementation. La voix des investisseurs fait souvent cruellement défaut dans ce processus.
Le dernier conseil est donc le suivant: impliquez-vous.
C'est ce que fait Executive AI. Elle est profondément impliquée dans le processus de standardisation et représentera, par exemple, l'industrie à la Digital Trust Convention organisée par l'OCDE en novembre.