Points clés
- En 2024, 29% des femmes en Europe investissent, marquant une augmentation annuelle de 11% par rapport à l’année dernière (contre 26% en 2022). A titre de comparaison, 47% des hommes investissent actuellement, avec une hausse de 4% (contre 46% en 2022). Ces chiffres soulignent une croissance certaine et ouvrent de nouvelles opportunités pour les femmes investisseuses.
- En Europe, un peu moins de la moitié (46%) des 25-34 ans investissent, soit une augmentation de 13% par rapport à l’année dernière (contre 40% en 2022).
- En Suisse, 33% des femmes disposent d’investissements1, ce qui représente augmentation de 19% par rapport à 2022 (contre 28% en 2022), tandis que 57% des hommes investissent actuellement, ce qui représente une augmentation de 7% (contre 53% en 2022).
- Au total, 11 millions de nouveaux investisseurs ont sauté le pas en Europe au cours des 12 derniers mois.
De nouvelles données de YouGov, commandées par BlackRock, analysent les attitudes des Européens face à l'investissement. L'enquête «BlackRock People & Money Survey 2024» explore également les raisons pour lesquelles de nombreux Européens estiment ne pas pouvoir investir. Elle examine les perceptions des investisseurs actuels et potentiels dans 14 pays européens.
Selon une étude réalisée l'an dernier par YouGov en collaboration avec BlackRock, les participants ont été invités à indiquer les instruments financiers dans lesquels ils investissent actuellement, ainsi que ceux qu'ils envisagent d'utiliser pour leurs investissements au cours des 12 prochains mois.
Timo Toenges, responsable de l’activité Digital Wealth pour la région EMEA chez BlackRock, a déclaré: «Depuis 2020, les investissements des ménages en Europe ont connu une croissance spectaculaire, sous l’impulsion de plusieurs facteurs convergents. Parmi eux, la réduction des barrières à l'accès aux placements via les canaux numériques, tant à travers de nouvelles plateformes qu'au sein des banques traditionnelles, a joué un rôle clé. Malgré cette dynamique, les Européens continuent de faire face à des défis financiers majeurs, notamment l'insuffisance de fonds de retraite. Jusqu'en 2022, les faibles taux d'intérêt, suivis plus récemment par des taux élevés couplés à une forte inflation, ont pénalisé les épargnants. Ces évolutions ont incité des millions d'Européens à se tourner vers les marchés de capitaux pour sécuriser leur avenir financier à long terme, un mouvement qui ne cesse de croître».
La génération Z, les Millénials et les femmes en tête - avec davantage d'opportunités de croissance
Au cours des douze derniers mois, les femmes de tous âges, en particulier celles de la génération Z et des Millennials (25-34 ans), ont été les moteurs d'une croissance significative des investisseurs à travers l'Europe. Le nombre de femmes engagées dans l'investissement a connu une augmentation impressionnante de 11% par rapport à l'année précédente, atteignant 29% en 2024. En comparaison, la croissance chez les hommes a été plus modeste, avec une hausse de seulement 4%, portant la proportion d'hommes investissant à 47% cette même année. Ce phénomène est particulièrement révélateur, car il montre que l'investissement, traditionnellement dominé par les hommes, s'ouvre progressivement à des segments de plus en plus diversifiés de la société. Bien que les femmes constituent le groupe démographique à la croissance la plus rapide dans le domaine de l'investissement, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre une véritable parité entre les sexes. L'étude met également en lumière une augmentation notable de l'activité d'investissement parmi certains groupes d'âge, avec une progression de 13% chez les individus de 25 à 34 ans.
La génération Z, les Millennials et les femmes jouent un rôle clé dans la dynamique de croissance de l'investissement en Suisse. Parmi eux, les femmes affichent une progression remarquable, avec une augmentation de près d'un cinquième de leur participation d'une année sur l'autre, atteignant 19%. De leur côté, les jeunes investissent également de manière significative, avec une hausse impressionnante de plus d'un tiers chez les 18-24 ans (36%) et une augmentation de près d'un cinquième chez les 25-34 ans (19%). Cette évolution témoigne d'un changement de paradigme dans le paysage de l'investissement, où de nouveaux acteurs s'affirment avec force.
Manque d'argent ou de connaissances
En Suisse, le manque de ressources financières constitue un frein majeur pour ceux qui n'investissent pas encore, touchant 65% des non-investisseurs. Cette problématique est accentuée par des différences de genre : un tiers des femmes n'ayant pas encore franchi le pas de l'investissement (33%) expriment un manque de connaissances sur les opportunités d'investissement, tandis que seulement 19% des hommes partagent ce sentiment.
Laura Jalabert, directrice en charge des relations avec les banques et les gérants indépendants chez BlackRock à Genève «Il est encourageant de voir qu'en Suisse, la prochaine vague d'investisseurs pourrait être menée par la jeune génération et les femmes. Beaucoup devraient commencer à épargner en investissant au cours de l'année à venir. Il subsiste cependant encore des réticences importantes à l'égard de l'investissement. La principale préoccupation des non-investisseurs en Suisse est le manque perçu de fonds suffisants, ce qui pourrait refléter le coût de la vie élevé et d'autres priorités financières. Cette inquiétude met également en lumière une lacune dans les connaissances financières, car beaucoup de gens ignorent qu'ils peuvent d'ores et déjà commencer à investir même avec de petites sommes, par exemple via des plans d'épargne en ETF. Les femmes en Suisse se sentent particulièrement moins confiantes quant à la manière d'investir, ce qui souligne des disparités persistantes en matière de culture financière. Pourtant, la faible inquiétude relative à la perte d'argent par rapport aux autres Européens démontre que les Suisses sont peut-être plus avertis financièrement qu'ils ne le pensent.»
Les non-investisseurs européens estiment que le principal obstacle à l'investissement est le manque de fonds (65%). Un tiers des non-investisseurs ont également déclaré que le manque de connaissances en matière d'investissement était un problème (33%). L'âge des personnes a sensiblement influencé la raison qu'elles ont invoquée : la majorité (56%) des membres de la génération Z et des milléniaux citent le manque de connaissances ou de compréhension comme principale raison de ne pas investir, tandis que la raison principale des plus de 35 ans est le manque d'argent perçu (69%). Ces résultats soulignent la nécessité de renforcer l'éducation financière. Dans de nombreux pays européens, il est possible d'investir avec seulement un euro, car les applications d'investissement numérique permettent d'accéder à toute une série d'opportunités d'investissement à faible coût.
De plus en plus de personnes investissent
De plus en plus d'Européens investissent aujourd'hui et envisagent de le faire au cours des 12 prochains mois. Depuis 2023, des recherches indiquent l'apparition de 11 millions de nouveaux investisseurs en Europe. En 2024, 34% des Européens détiennent des investissements, ce qui représente une croissance relative de 11% par rapport à 2023.
Nous pouvons observer trois phases d'investissement en Europe. Dans les pays nordiques, la participation à l'investissement est désormais élevée, une personne sur deux investissant. Le Royaume-Uni a connu la plus forte augmentation d'une année sur l'autre, avec une hausse de 21% (passant de 30% en 2022 à 36% en 2024), ce qui équivaut à 3,5 millions de nouveaux investisseurs. L'Allemagne et la Suisse demeurent des marchés d'investissement établis clés en Europe, avec plus d'une personne sur trois investissant en Allemagne. Ce pays a également connu une croissance significative depuis 2022, avec 3,2 millions de nouveaux investisseurs (soit une augmentation de 14%). En Europe du Sud, il reste encore du chemin à parcourir, avec une pénétration de l'investissement de 28% en Espagne et au Portugal, et de 29% en France et en Italie.
La Suisse continue d'être un bastion de l'investissement, avec 45% des personnes interrogées détenant au moins un produit d'investissement, ce qui représente le pourcentage le plus élevé d'investisseurs après les marchés nordiques. Le nombre d'investisseurs a également augmenté depuis la dernière enquête menée en 2022, avec une hausse de 11% d'une année sur l'autre.
Les plateformes en ligne favorisent l'accès
La majorité des membres de la génération Z et des Millennials qui détiennent des ETF investissent par le biais de plateformes numériques, telles que des plateformes d’investissement en ligne, des courtiers en ligne, ou des robo-advisors. En effet, 80% des 18-34 ans utilisent ces moyens pour investir. En analysant la répartition des options d’investissement numérique dans les ETF, il apparaît que les jeunes de 18 à 34 ans privilégient nettement les plateformes d’investissement ou les courtiers en ligne par rapport à leurs aînés (56% contre 37% chez les plus de 35 ans). Les investisseurs de plus de 35 ans se tournent également vers le numérique, mais ils sont plus enclins à utiliser la plateforme d’investissement de leur banque que les jeunes propriétaires d’ETF (40% contre 32% chez les 18-34 ans).
Indépendamment de l’âge, les plateformes d’investissement en ligne dominent en Europe, avec 44% des Européens détenant des ETF qui préfèrent y accéder par ce biais. En revanche, 37% choisissent la plateforme d’investissement en ligne de leur banque, tandis que 13% optent pour un robo-advisor. Seuls 21% des investisseurs indiquent qu’ils préfèrent s’adresser à un conseiller bancaire, et 13% à un conseiller financier indépendant.
Des tendances géographiques sont également évidentes. La préférence pour les plateformes numériques est particulièrement marquée sur certains marchés d'Europe du Nord : 70% des investisseurs en ETF au Royaume-Uni les utilisent, 62% aux Pays-Bas et 69% au Danemark. Dans des pays comme l’Allemagne et la Suisse, où la pénétration des ETF est plus forte, les investisseurs sont plus susceptibles d’utiliser la plateforme d’investissement en ligne de leur banque (43% en Allemagne et 45% en Suisse).
Dans les marchés où le taux de participation aux ETF est plus faible, comme en France (8%), en Italie (15%) et en Espagne (13%), une proportion significative d’investisseurs en ETF préfère consulter un conseiller bancaire (48%, 36% et 31% respectivement).
En réalité, lorsque l'on considère toute méthode de négociation «en personne» pour traiter des ETF (rencontre avec un conseiller bancaire ou un conseiller financier indépendant), la France se distingue, avec 60% des personnes exprimant une préférence pour cette méthode, contre 31% en moyenne dans le reste de l'Europe.
Investir par le biais de fonds
Une majorité d'investisseurs (51%) utilise des fonds, y compris des fonds communs de placement et des ETF, pour accéder aux investissements en Europe. Les actions demeurent l'option d'investissement la plus prisée par les investisseurs européens (55%), avec une augmentation de 6% du nombre d'investisseurs entre 2022 et 2024. Actuellement, un investisseur européen sur cinq (20%) possède un ETF, ce qui représente une croissance de 3,7 millions de nouveaux investisseurs par rapport à 2022. En fait, les ETF ont connu la plus forte croissance, avec une augmentation de 19% depuis la dernière enquête. Cette hausse est principalement attribuée aux femmes, qui représentent 37% de cette croissance, contre 13% pour les hommes. Les jeunes investisseurs (âgés de 18 à 34 ans) sont également plus enclins à détenir un ETF (24%) que les plus de 35 ans (19%).
Des taux intéressants
La détention d'obligations est l'une des catégories d'investissement ayant enregistré la plus forte croissance (8%) par rapport à 2022. Près d'un investisseur sur cinq en Europe détient des obligations d'État ou d'entreprise (17%). Cela reflète l'environnement de rendements élevés de l'année précédente. Pour la première fois depuis 2007, plus de 80% des secteurs à revenu fixe offrent un rendement supérieur à 4%. Cette demande d'obligations indique également que les investisseurs individuels prennent conscience de l'impact des taux d'intérêt et savent comment accéder aux investissements obligataires.
Les cryptomonnaies se généralisent
Nous observons une tendance à la hausse concernant les cryptomonnaies en Europe, car un peu plus d'un investisseur sur cinq a signalé un investissement dans ce domaine (22%). La croissance de la détention de cryptomonnaies est particulièrement marquée chez les femmes, avec une augmentation de 18% par rapport à l'année précédente (contre 4% chez les hommes). Les principaux marchés pour la détention de cryptomonnaies incluent le Portugal, où 43% des répondants investissant détiennent des cryptomonnaies (deuxième investissement le plus populaire après les actions), ainsi que les Pays-Bas (40%) et la Suisse (34%).