Début août, les investisseurs ont vécu une période de forte volatilité sur les marchés mondiaux. Les craintes de récession aux Etats-Unis et le renforcement du yen ont contribué à propager l’aversion au risque. Ce dernier a entraîné une liquidation rapide des opérations de «carry trades» sur le yen. Ces stratégies consistent, pour des investisseurs étrangers, à s'endetter en monnaie japonaise, échanger le yen contre une autre monnaie et investir à un taux d'intérêt plus élevé. Auparavant, des risques géopolitiques accrus et des préoccupations concernant la rentabilité des investissements dans l'intelligence artificielle avaient déjà affecté le moral des investisseurs.
Le marché mondial des actions évolue de nouveau à des niveaux comparables à ceux observés au début de l’été, bien que les rendements obligataires aient baissé. Cela signifie-t-il que rien ne s'est passé pendant l’été? Nous estimons que les craintes de récession sont exagérées. Elles ont été déclenchées lorsque le rapport sur l'emploi américain de juillet a montré une hausse du taux de chômage de 4,1% à 4,3% et une création d'emplois nettement plus faible que prévu.
Pourtant, le rapport correspond plutôt à un ralentissement de la conjoncture. Le taux de chômage augmente - mais contrairement aux récessions précédentes, ce ne sont pas les licenciements qui sont le moteur principal, mais une augmentation de l'offre de travail due à l'immigration. Bien que la croissance de l'emploi ralentisse, elle a atteint en moyenne un niveau solide de 170’000 créations d’emplois au cours des trois derniers mois. La consommation perd de son élan, mais reste robuste, et les bénéfices des entreprises au deuxième trimestre ont jusqu'à présent dépassé les attentes. Selon les données de LSEG, le S&P 500 affiche une augmentation des bénéfices d'environ 13%.
L'inflation devrait s’atténuer
Les attentes en matière de baisse des taux d'intérêt nous semblent tout aussi exagérées que les craintes de récession. Les marchés s'attendent à un assouplissement de la Fed d'environ 100 points de base cette année et à un taux directeur de 3% d'ici fin 2025. Lors de la dernière conférence de la banque centrale à Jackson Hole, le président de la Fed, Jerome Powell, avait évoqué une baisse en septembre et signalé une plus grande attention portée à l'affaiblissement du marché du travail. Le rapport sur l'emploi du mois d'août publié vendredi sera déterminant pour savoir si la Fed envisagera une baisse de 50 points de base lors de ses prochaines réunions.
Il est remarquable que le taux directeur neutre - le niveau auquel la politique monétaire ne stimule ni ne freine l'économie - n'ait guère été discuté à Jackson Hole. Ce taux est important pour déterminer jusqu'où la Fed pourrait baisser les taux si l'inflation aux Etats-Unis revenait à l'objectif de 2%. Le taux neutre pourrait bien être plus élevé que l'estimation de la Fed, ce qui suggère que les espoirs de baisse des taux semblent actuellement exagérés.
Malgré la prudence qui s'impose, nous considérons que le contexte général est tactiquement constructif pour les actifs risqués : l'inflation devrait continuer à s'affaiblir, la croissance se maintenir et le retournement des taux de la Fed est imminent.