La consommation des ménages au Japon a rechuté en août, selon des données officielles publiées mardi par le ministère des Affaires intérieures, alors que les hausses de salaires restent modérées par l’inflation.
Les foyers japonais ont réduit leurs dépenses de 1,9% sur un an en août, après une stagnation en juillet à la suite de deux mois de net repli, en mai (-1,8%) et juin (-1,4%).
Ils continuent ainsi à restreindre leur consommation après deux ans d’une hausse des prix à la consommation quasi-systématiquement égale ou supérieure à 2% en rythme annuel, à même d’effriter leur pouvoir d’achat.
Même si le consensus d’économistes sondés par l’agence Bloomberg tablait sur un repli plus sévère (-2,6%), l’indicateur est de nature à renforcer les inquiétudes sur la faiblesse de la croissance nippone, mise à mal depuis début 2022 par un retour de l’inflation et par la faiblesse continue du yen.
Dans le même temps, le salaire de base nominal par travailleur à temps plein au Japon en moyenne a gonflé de 3% en août sur un an -mais signe d’une conjoncture encore précaire, le salaire réel (c’est-à-dire ajustés en fonction de l’inflation) s’affiche en repli de 0,6%.
Ces statistiques sont publiées peu après la prise de fonction du nouveau Premier ministre conservateur, Shigeru Ishiba, qui a fait du renforcement du pouvoir d’achat et de la consommation l’une de ses priorités.
Dans son discours de politique générale vendredi devant le Parlement, à trois semaines d’élections législatives anticipées, il a affirmé viser «des revalorisations salariales qui surpassent les hausses de prix», pour soutenir une croissance économique à la peine.
L’évolution des salaires est très surveillée par la Banque du Japon (BoJ), qui tente depuis longtemps d’instaurer un cycle économique vertueux dans lequel la hausse des salaires stimulerait la consommation, afin de tourner durablement la page de décennies d’inflation quasi-inexistante, voire de déflation.
Or, «nous n’anticipons pas que ce renforcement (des salaires) perdure: les syndicats fondent leurs revendications salariales sur l’inflation de l’année précédente. Or l’inflation devrait atteindre en moyenne 2,6% cette année, très en-deçà des 3,2% de 2023», explique cependant Toh Au Yu, analyste de Capital Economics.
«Cela devrait résulter l’an prochain en de bien moindres revalorisations de salaires, et le cercle vertueux entre prix à la consommation et salaires pourrait s’inverser à nouveau», avertit-il.