Le 3e pilier gagne en popularité chez les 18 à 30 ans

Yves Hulmann

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Le Baromètre de la prévoyance 2024 de Raiffeisen constate aussi une hausse de la confiance dans l’AVS, mais surtout chez les plus de 51 ans.

©Keystone

 

Les votations successives sur des sujets en lien avec prévoyance, comme la 13e rente AVS acceptée ce printemps ainsi que la réforme de la LPP rejeté dimanche dernier, semblent avoir contribué à sensibiliser davantage la population suisse à propos de cette thématique. Le degré de connaissance de la population suisse en matière de prévoyance est en hausse même s’il demeure faible, jugent les auteurs du Baromètre de la prévoyance Raiffeisen 2024 publié jeudi.

Par rapport au premier sondage de ce type réalisé en 2018, le baromètre de la prévoyance, publié chaque année par Raiffeisen et réalisé en collaboration avec la Haute école des Sciences appliquées de Zurich (ZHAW), affiche en 2024 une valeur située à 660 points (sur un total de 1000), comparé à 614 points en 2023 et par rapport à 587 points en 2018. Cette enquête met l’accent sur le degré de connaissance des personnes sondées en se basant sur quatre indicateurs. A savoir l’engagement (qui a recueilli 673 points sur 1000 cette année), les connaissances proprement dites (369 points), la confiance (679 points) ainsi que les chiffres clés économiques (783 points) relatifs au système de prévoyance suisse. Parmi ces quatre indicateurs, la valeur qui a le plus augmenté est celle de la confiance, en nette hausse comparé à l’an précédent (624 points).

La réforme AVS 21 a renforcé la confiance dans le 1er pilier

Comment l’expliquer? Les auteurs de l’étude émettent deux hypothèses à ce sujet: la réforme AVS 21, entrée en vigueur le 1er janvier de cette année, ainsi que la perspective du versement d’une 13e rente AVS à partir de 2026 ont notamment renforcé la confiance des personnes âgées en l’assurance-vieillesse et survivants (AVS).

Les 18 à 30 ans sont les plus méfiants quant à la pérennité de l’AVS

Reste que d’importants écarts sont constatés en fonction des catégories d’âge. Ainsi, à la question de savoir quel est le degré de confiance des personnes sondées au sujet de la pérennité et la capacité financière du 1er pilier (AVS) au sein du système de prévoyance, celui-ci s’est légèrement amélioré entre 2022 et 2024 avec des notes respectives de 4,3 à 4,4 attribuée par l’ensemble de la population (18 à 79 ans) sur une échelle allant de 1 à 7 points. Chez les 18 à 30 ans, cette note n’a atteint que 3,8 points en 2024 (3,6 points en 2022), tandis qu’elle se situe à 4,9 points chez les 51 à 65 ans (4,6 points en 2022).

A relever encore au sujet de la confiance accordée par les sondés à la pérennité et à l’assise financière de l’AVS, la part des personnes qui indiquent avoir une confiance «élevée» ou «très élevée» a atteint 22% en 2024 (17% en 2023), soit de loin le niveau le plus élevé de ces six dernières années.

Le 3e pilier bénéficie de la confiance la plus élevée

Si l’on compare maintenant la confiance accordée par les personnes interrogées aux différentes formes de prévoyance des premier, deuxième et troisième pilier, l’AVS (1er pilier) et la prévoyance professionnelle LPP (2e pilier) recueillent tout deux 22% de réponses indiquant que les sondées affichent une «confiance très élevée», comparé à une proportion qui grimpe à 51% pour le pilier 3a et 3b (3e pilier). C’est le cas aussi chez le jeunes: une personne sur deux âgée de 18 à 30 ans indique aussi avoir une confiance très élevée ou élevée dans le 3e pilier.

Une confiance qui s’observe aussi dans le comportement: en effet, 34% des sondés âgés entre 18 et 30 ans indiquent avoir un pilier 3a auprès d’une ou plusieurs banques (27% en 2023), 11% auprès d’une ou plusieurs assurances et 16% à la fois auprès d’une banque et d’une assurance. En tout, 61% des 18 à 30 ans ont donc cotisé au pilier 3a. A l’inverse, 35% indiquaient ne pas avoir de pilier 3a en 2024, une part moins élevée qu’en 2022 (40%).

Le coût de la vie, un facteur décisif pour l’acceptation de la 13e rente

A propos des votations qui ont eu lieu cette année en lien avec le 1er et 2e pilier, les auteurs de l’étude observent que chez les personnes qui ont dit «oui» à la 13e rente de l’AVS ce printemps, c’est l’argument du coût de la vie (loyers, assruance-maladie, électricité, alimentation) qui a été le plus cité avec 68%, suivi par le fait que l’AVS ne suffisait plus à couvrir les besoins vitaux (50%) alors que plus du tiers des personnes interrogées ont mentionné le fait que l’initiative soutenait en particulier les femmes (36%). L’argument du coût de la vie mis en avant par les initiants, qui s’inscrivait dans un contexte encore très inflationniste, a bénéficié d’un «timing parfait», a estimé Roland Altwegg, membre de la direction de Raiffeisen Suisse.

5 conseils à suivre suite au «non» à la réforme de la LPP

Du fait que le sondage, réalisé auprès de 1000 personnes, a été effectué entre le 11 et le 24 avril, le Baromètre de la prévoyance 2024 ne peut pas fournir encore d’indications sur les préférences des personnes sondées au sujet de la réforme LPP largement rejetée par le peuple suisse dimanche dernier. Malgré tout, Roland Altwegg a esquissé cinq pistes susceptibles d’aider les gens « à tirer le meilleur parti de la prévoyance professionnelle. Premièrement, il s’agit d’avoir une vue d’ensemble de tous les éléments qui entrent lien avec la prévoyance. Deuxièmement, il s’agit de vérifier la déduction de coordination qui s’applique dans son cas personnel. Troisièmement, pour les personnes qui ont des emplois multiples, il recommande de s’affilier volontairement à une caisse de pension. Quatrièmement, il faut utiliser les possibilités de choisir les cotisations d’épargne et, cinquièmement, envisager des rachats facultatifs dans la caisse de pension dès 50 ans. 

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